A Pékin, le nuage gris de pollution cloue les avions au sol
Plus de 200 vols annulés, des feux rouges noyés dans un opaque brouillard toxique, des habitants inquiets sur les réseaux sociaux: Pékin suffoquait encore mardi au cinquième jour d’une alerte rouge à la pollution.
Au total, 217 vols avaient déjà été annulés en raison de la visibilité, réduite à 1.000 mètres sur les pistes, a indiqué en fin de matinée l’aéroport international de la capitale chinoise.
Le brouillard grisâtre était si dense que les autorités pékinoises ont fermé plusieurs autoroutes par mesure de sécurité.
Plus de 20 villes du nord-est de la Chine sont en alerte rouge depuis vendredi. Ce statut déclenche des mesures d’urgence destinées à réduire les émissions: des chantiers ont été stoppés, une circulation alternée mise en place et des écoles fermées.
La concentration de particules de 2,5 microns de diamètre (PM 2,5), particulièrement dangereuses car elles pénètrent profondément dans les poumons, atteignait mardi jusqu’à 844 microgrammes par m3 dans la région, selon le site internet aqicn.org. Un taux très au-dessus du seuil maximal de 25 recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour une exposition de 24 heures.
Les niveaux de PM 2.5 s’élevaient à Pékin à 500 par endroits, selon les données du ministère chinois de l’Environnement. Signe d’une transparence améliorée, les taux officiels dépassent désormais souvent les mesures réalisées par l’ambassade des Etats-Unis à Pékin, considérées comme une référence.
Les Pékinois, jadis peu sensibilisés au danger, sont désormais nombreux à porter des masques anti-pollution, du modèle de base à celui, très élaboré, relié par tuyau à un mini-purificateur d’air porté à l’épaule — une nouveauté de cette année.
Une « alerte rouge » est décrétée lorsqu’un grave épisode de brouillard polluant est susceptible de durer plus de 72 heures. C’est le niveau d’alarme le plus élevé.
Ce « smog » provient principalement de la combustion du charbon utilisé pour l’électricité et le chauffage, dont la demande augmente durant l’hiver. C’est une source récurrente de mécontentement en Chine, encore matérialisée mardi sur les réseaux sociaux.
« J’avais l’impression qu’une bombe nucléaire avait explosé ce matin à Pékin », confiait un internaute sur le réseau Weibo.
« J’ai la gorge qui pique et qui fait mal. J’ai mal à la tête », pestait un autre, avant d’ajouter: « Tout ce que les Pékinois peuvent faire, c’est subir, mais pas manifester, car le Parti communiste nous a tellement bien dressés. »
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