À quels défis doivent actuellement faire face les énergéticiens?
Le secteur de l’énergie est actuellement en plein bouleversement. De nombreux changements économiques et structurels perturbent en effet le fonctionnement d’une mécanique qui, jusque là, était parfaitement huilée depuis des décennies. Ce phénomène évolutif force aujourd’hui les grands acteurs historiques du secteur énergétique à faire preuve d’une capacité d’adaptabilité à toute épreuve. Les journalistes des Échos ont publié une interview croisée des PDG Jean-Bernard Levy (EDF) et Johannes Teyssen (E.ON), mercredi 3 juin, qui s’attarde sur les choix stratégiques de l’électricien français et de l’énergéticien allemand.
Face à un marché en pleine évolution, l’allemand E.ON et le français EDF sont aujourd’hui confrontés à des choix stratégiques majeurs. Si le groupe d’Outre-Rhin, poussé par la sortie du nucléaire, a fait le choix de séparer ses activités, EDF a opté pour une politique diamétralement opposée, qui repose sur une structuration et un modèle intégré.
Mais avec l’essor massif du renouvelable, les deux groupes ont cependant adopté peu ou prou la même stratégie : participer toujours plus à l’aventure des énergies vertes. « Nous nous préparons à un développement significatif des énergies renouvelables, particulièrement de l’éolien », explique Jean-Bernard Lévy, PDG D’EDF. « En ce qui concerne les renouvelables, l’Agence Internationale de l’Énergie y anticipe la plus forte croissance dans les dix prochaines années », précise pour sa part Johannes Teyssen, PDG de E.ON, qui estime que le secteur devrait devenir à terme créateur de valeur ajoutée.
Autre phénomène à prendre en compte : le monde de l’énergie fait face, ces dernières années, à l’arrivée des nouveaux acteurs comme Tesla et Google, tous plus ambitieux les uns que les autres. Une concurrence accrue qui ne semble pourtant pas effrayer les acteurs historiques que sont EDF et E.ON. Pour M. Lévy, le principal défi sera d’arriver à capitaliser sur l’expertise de son groupe afin de continuer à avancer et innover. « C’est pourquoi nous investissons environ 600 millions d’euros par an dans la R&D et innovons dans les territoires avec des partenaires ».
« Bien sûr, certains acteurs comme Google pourraient avoir un avantage de départ, mais la beauté de notre industrie est aussi sa complexité, et elle n’est pas facile à surmonter », estime pour sa part M. Teyssen, dont le groupe a récemment décidé de consacrer un pan de son activité aux réseaux électriques et aux services aux clients.
Enfin, Jean-Bernard Lévy s’est attardé sur la stratégie de développement du groupe EDF, une stratégie qu’il affirme axée sur deux objectifs : le renouvelable et les régions du monde « prometteuses ». « A ce stade, l’Europe n’est pas une économie de croissance, notamment pour des raisons démographiques. Donc, à terme, au-delà de ses bases européennes, attendez-vous à ce qu’EDF se développe davantage dans les pays émergents, mais de façon sélective ».
Crédit photo : Medef
