L’Ademe réactualise son scénario énergie-climat
Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a présenté en juillet dernier les grandes orientations de son Plan Climat qui vise à accélérer la transition énergétique française et à atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Ce Plan doit notamment permettre d’ici l’horizon 2050 de diviser par quatre nos émissions de dioxyde de carbone et de réduire de moitié notre consommation énergétique. Pour atteindre ces objectifs et honorer ses engagements, le gouvernement dispose de deux outils : la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Alors que les travaux de révision de ces deux feuilles de route ont débuté, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) compte bien peser dans les débats en présentant une actualisation de son scénario pour le volet énergie-climat sur la période 2035-2050. Explications.
Peser dans les débats sur la révision de la SNBC et de la PPE
C’est en 2013, en plein débat sur la transition énergétique, que les économistes de l’Ademe publient Vision 2030-2050, un dossier qui présente le profil énergétique et climatique de la France sur les prochaines décennies. Cette étude scientifique à caractère prospectif et exploratoire vise à identifier les champs de compétence (maîtrise de la consommation d’énergie, démocratisation des énergies renouvelables…) sur lesquels travailler pour atteindre les objectifs de la transition énergétique.
Alors que le gouvernement vient de débuter le travail de révision de la SNBC et de la PPE, l’Ademe semble bien décidée à enrichir une fois de plus les débats en proposant une première réactualisation de ses « visions ». Selon le nouveau scénario de l’Ademe, et en accord avec la loi sur la transition énergétique, il est tout à fait envisageable d’ici 2050 de réduire de 70% les émissions de gaz à effet de serre de la France tout en réduisant de 49% sa consommation d’énergie finale.
« Il s’agit d’une approche énergie et climat considérant l’intégralité des besoins énergétiques de la France (chaleur, électricité, carburant, combustible) pour couvrir tous ses besoins en évaluant les émissions de gaz à effet de serre, y compris celles non énergétiques. Cet exercice d’actualisation (…) a notamment permis de prendre en compte un nouveau cadrage économique et démographique et les résultats d’études récentes approfondissant certains leviers concourant à la transition énergétique », explique l’Ademe.
Réduire drastiquement nos consommations énergétiques
La mise en œuvre d’une stratégie de rénovation du parc de bâtiments existant fait partie des chantiers considérés comme prioritaires par l’Ademe. L’objectif est aussi simple qu’ambitieux : d’ici 2030, il s’agira de rénover l’ensemble du parc de logements sociaux construit avant 2005 ainsi que 5 millions de maisons individuelles. À partir de 2030, le rythme de rénovation du parc privé devra atteindre les 750.000 logements par an.
L’Ademe plaide également pour une transformation rapide et profonde du secteur des transports. L’objectif doit être de favoriser la démocratisation des véhicules à motorisation électrique afin de réduire drastiquement les émissions françaises de CO2. Si le gouvernement met en place les préconisations de l’agence, les ventes de véhicules hybrides devraient décoller dès 2035, au détriment des véhicules thermiques qui auront perdu 60% de part de marché d’ici là.
De manière générale, l’Ademe estime qu’il est possible de réduire fortement les besoins énergétiques de la France. Il s’agira dans un premier temps de passer à une consommation annuelle de 148 Millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) en 2010 à 105 Mtep (-29%) en 2035 puis, dans un second temps, à 82 Mtep en 2050 (-45%).
Des efforts insuffisants au niveau des émissions de CO2
« L’analyse des potentiels de production a été effectuée pour chacune des énergies renouvelables, séparément. Il s’agit de potentiels avérés, mobilisables dans des conditions technico-économiques favorables. L’Ademe propose des trajectoires de déploiement réalistes, régulières et compatibles avec le développement industriel des filières de production d’énergies renouvelables », expliquent les auteurs de l’étude.
D’ici l’horizon 2035 et 2050, ce sont donc les énergies renouvelables éolienne, photovoltaïque et biomasse qui semblent les plus adaptées pour couvrir les besoins énergétiques du pays. Selon les nouvelles prévisions de l’Ademe, trois scénarios sont envisageables au sein desquels la part des énergies propres s’élève à 50%, 80% ou 90% de notre mix énergétique. De fait, les usages directs d’énergies renouvelables se diversifient notamment en raison de changement d’équipements dans les bâtiments, les transports, l’agriculture et l’industrie.
Le seul bémol de l’étude prospective de l’Ademe concerne les émissions françaises de gaz à effet de serre. L’évolution profonde de nos habitudes et de nos infrastructures permettra de réduire nos émissions de CO2 de 52% d’ici 2035 et de 70% d’ici 2050. Les objectifs de la loi de la transition énergétique (baisser de 40% nos émissions de CO2 en 2030 par rapport à 1990 et les diviser par 4 d’ici 2050) ne seront donc pas tout à fait atteints.