Aides aux pompes à chaleur et à la rénovation énergétique : le parcours du combattant

En dépit du volontarisme affiché par les pouvoirs publics en matière environnementale, le gouvernement tenterait-il, en multipliant les annonces contradictoires et les obstacles, de dissuader les Français d’avoir recours aux différents dispositifs d’aides permettant de s’équiper en pompes à chaleur ou d’entamer une rénovation énergétique complète ? Provocatrice à première vue, la question se pose pourtant, tant l’accès aux aides, MaPrimeRénov’ en particulier, s’est transformé au fil des années en véritable parcours du combattant.

Alors que l’hiver s’installe, de nombreux ménages pourraient être tentés d’adopter la fameuse pompe à chaleur (PAC). Promue par un véritable matraquage publicitaire sur Internet et vantée par les pouvoirs publics, l’installation d’une PAC bénéficie, en outre, d’importantes subventions promettant de réduire considérablement l’acquisition d’un tel dispositif.

Pourtant, en dépit de ces aides, « le marché de la pompe à chaleur a diminué de moitié » au cours des derniers mois, constate un constructeur français de PAC. En cause, l’effondrement des constructions de logements neufs, traditionnellement associées à des travaux de chauffage. Mais aussi la baisse des tarifs du gaz, qui conduit les Français à y réfléchir à deux fois avant d’opter pour une PAC, dont le prix oscille entre 12 000 et 18 000 euros, soit trois à quatre fois celui d’une chaudière à gaz classique. Enfin, il n’est pas impossible que le flou artistique entretenu autour de la question des aides publiques ait achevé de dissuader les plus disposés des ménages français.

C’est qu’avec, en moyenne, deux changements de procédure chaque année, il y a de quoi s’y perdre. Un temps conditionnées à une rénovation globale du logement, les aides publiques sont ainsi, depuis mai 2024, à nouveau accordées en cas de « mono-gestes » comme le seul changement des fenêtres ou l’acquisition d’une PAC. « Là-dessus vient s’ajouter la complexité des démarches administratives », déplore auprès de TF1 François Deroche, président de l’Association française pour la pompe à chaleur (AFPAC), qui appelle de ses vœux la fin du « yo-yo avec les dispositifs d’accompagnement ».

Principale aide financière, MaPrimeRénov’ concentre les critiques, tant et si bien que sur Facebook, un groupe a été lancé en septembre 2020, réunissant à ce jour plus de 25 000 mécontents, dont le récit des mésaventures a de quoi laisser songeur. Que Choisir consacrait en février 2024 un papier à ces aspirants à MaPrimeRénov’, dont un grand nombre se sont vu refuser leur dossier sans raison valable, alors même que l’Anah (Agence nationale de l’habitat) avait dans un premier temps accepté le versement d’une aide : un détail sur un RIB, une demande de consentement demandée via numéro masqué (auquel le taux de réponse est faible) ou tombée directement dans les spams, un contrôleur des travaux qui ne se présente pas aux rendez-vous…

L’illisibilité des aides publiques à la PAC est telle qu’aujourd’hui il est pratiquement impossible d’espérer les obtenir sans l’expertise d’un professionnel du secteur. Résultat : le nombre de rénovations d’ampleur a chuté de 43 % au terme du premier trimestre, selon l’Agence nationale de l’habitat, et celui des mono-gestes de 44 %. « On constate au quotidien que les propriétaires sont complètement perdus », regrette dans Le Figaro Romain Villain, patron de Heero, un spécialiste de la rénovation énergétique. Selon lui, les Français « ne savent pas à quoi ils sont éligibles et à quoi ils doivent s’attendre. Les chauffagistes ou les spécialistes de l’isolation qui les conseillaient dans leurs démarches sont eux-mêmes déboussolés».

Une complexité entretenue à dessein par les pouvoirs publics ?

Annonces fracassantes suivies de rétropédalages en série, retour aux règles précédemment abolies, maquis des subventions, illisibilité de MaPrimeRénov’… : et si le caractère kafkaïen des aides publiques à la PAC était intentionnel ? Tout à sa recherche d’économies, le gouvernement tenterait-il, en multipliant les volte-face, de dissuader les Français de prétendre aux subventions auxquelles ils ont le droit ? Officiellement, bien sûr, rien de tel : Emmanuel Macron n’a jamais renié sa promesse de faire produire, d’ici 2027, un million de PAC en France – un objectif pourtant de plus en plus irréaliste ; et le gouvernement table toujours sur le chiffre, clairement inatteignable, de 700 000 rénovations en 2024.

Mais ce volontarisme écologiste de façade a-t-il encore un quelconque rapport avec la réalité – et la réalité budgétaire, notamment ? Alors que le marché français de la PAC ne tient que parce qu’il est lourdement subventionné, les signaux contraires et inquiétants se multiplient. Ainsi, par exemple, de l’idée avancée par le député (Horizons et Indépendants) François Jolivet, pendant l’examen du budget par l’Assemblée nationale : un amendement en vertu duquel les propriétaires seraient tenus de rembourser les aides perçues pour la rénovation de leur logement en cas de revente de celui-ci dans les dix années suivant les travaux. De quoi finir d’en décourager plus d’un.

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COMMENTAIRES

  • Une machine thermodynamique permet de transférer la chaleur (ou le froid) de l’extérieur, vers le volume à réchauffer (ou à refroidir), augmentant, ainsi, les désordres climatiques (refroidissement de l’air -ou de l’eau- lorsque la température est basse, réchauffement de l’atmosphère lorsqu’il fait chaud).
    Alors que nous subissons un véritable matraquage publicitaire, le marché s’effondre, si nous observons les résultats (avec les conséquences graves, pour certains fabricants, comme le Groupe Atlantic). Au delà de l’investissement, qu’il serait préférable d’amortir, avec des économies réalisées quantifiables (sans doute un gros mot !), le Coefficient de performance peut être faible (j’ai pu constater un COP de 1, pour une PAC eau/eau, avec géothermie, dans le cadre d’une expertise !)
    « toute erreur est fondée sur quelques vérités dont on abuse » disait Bossuet, au 18ème siècle.
    Investissement important, économies non prouvées, augmentation des désordres climatiques…
    La sagesse populaire serait-elle en train de gagner ? (vox populi, vox dei).

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