Airbus se lance dans une transition énergétique ambitieuse
On estime que le trafic aérien est aujourd’hui responsable de près de 3% des émissions mondiales de dioxyde de carbone. Malgré les innovations technologiques, la hausse du trafic aérien (+3% par an au cours des 20 prochaines années) devrait favoriser l’augmentation des émissions de CO2 de l’aviation civile.
Alors que « la honte de prendre l’avion » se démocratise en Europe du nord, les constructeurs aéronautiques ont décidé de prendre leurs responsabilités et d’œuvrer à la transition énergétique du secteur du transport aérien.
Le nouveau PDG d’Airbus, Guillaume Faury, a annoncé que la transition énergétique du célèbre constructeur européen était une de ses priorités.
Des moteurs électriques opérationnels sous 10 ans ?
Conscient que le transport aérien est de plus en plus pointé du doigt pour son impact négatif sur l’environnement, le nouveau PDG d’Airbus a décidé d’engager le groupe aéronautique européen sur la voie de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique.
Interrogé par le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung quelques semaines après son intronisation, Guillaume Faury a en effet annoncé que la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’Airbus était au cœur de sa stratégie.
Pour le nouveau dirigeant d’Airbus, il est en effet impératif que le secteur de l’aviation civile prenne en compte les impératifs écologiques contemporains. À l’instar d’autres constructeurs, Airbus doit donc prendre ses responsabilités et mettre en place une véritable stratégie de réduction de son empreinte carbone.
Le successeur de Tom Enders ne manque pas d’ambition pour verdir le puissant avionneur européen. Son objectif ? Voler sans aucune émission de CO2 en équipant les avions de moteurs électriques « dès la prochaine décennie ».
« Cela fait longtemps que la filière aéronautique travaille à la réduction des émissions. Mais la marche technologique est plus haute que dans l’automobile. Il s’agit de faire voler des avions d’une centaine de tonnes… Guillaume Faury nous met la pression pour aller plus vite. Il faut désormais une rupture technologique. C’est la grande priorité des motoristes. Nous mettons toutes les forces dans la bataille », confirme Yann Barbaux, président du pôle de compétitivité Aerospace Valley, aux journalistes d’Actu Toulouse.
Des projets 100% électriques pour le transport individuel
Malgré son désengagement du projet E-Fan, un prototype d’avion à propulsion électrique en cours de développement par un consortium industriel européen, Airbus compte s’appuyer sur plusieurs de ses projets internes pour atteindre son nouvel objectif de réduction d’émission de CO2.
Pour l’heure, seuls des petits modèles d’aéronefs électriques sont en cours de développement dans les hangars d’Airbus. Et notamment les appareils de transport individuel City-Airbus et Vahana.
Le premier est un démonstrateur de taxi urbain aérien équipé de quatre batteries de 800 Volt, qui entrainent quatre hélices contrarotatives. Le 3 mai, le City-airbus effectuait avec succès son premier vol d’essai.
Le Vahana est un modèle d’aéronef conçu pour le transport individuel qui se rapproche également du taxi volant.
Équipé de rotors basculants, lui permettant d’alterner décollage vertical et vol horizontal, ce prototype a effectué son premier vol de 53 secondes en autonomie en février 2018.
Guillaume Faury envisage d’ores-et-déjà d’augmenter la taille de ces prototypes 100% électriques lorsqu’ils seront pleinement opérationnels.
Optimiste, il table même sur une exploitation commerciale « à la fin de la prochaine décennie, ou au début de la décennie suivante ».
Une motorisation hybride pour les avions commerciaux
C’est toutefois en équipant des avions de taille plus importante, qui consomment davantage de kérosène que les modèles de transport individuel, que le secteur du transport aérien pourra drastiquement réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Airbus en est bien conscient et travaille de concert avec Rolls-Royce et Siemens pour la mise au point d’un avion commercial de 90 places à motorisation hybride-électrique.
Baptisé E-Fan X, cet appareil démonstrateur est en effet équipé de trois moteurs essence et d’un moteur électrique d’une puissance de 2 MW.
Une hybridation sur laquelle compte s’appuyer Airbus pour assurer la propulsion de son avion : l’énergie électrique sera mise à profit pour le décollage et l’atterrissage de l’appareil, alors que les moteurs classiques au kérosène prendront le relai sur le reste du trajet.
L’objectif d’Airbus et de ses partenaires est dans un premier temps de faire voler son E-Fan X afin de vérifier en altitude le comportement de ses équipements (bloc batterie, le générateur électrique, les systèmes logiciels…) ainsi que la complémentarité et la coordination des différents modes de propulsion.
Si l’arbitrage du degré d’hybridation de l’E-Fan X est encore en cours d’étude, le géant européen de l’aéronautique annonce un premier vol dès 2020.