Allemagne : une chaîne humaine contre les mines de charbon
Plusieurs milliers de manifestants venus de toute l’Europe s’étaient donnés rendez-vous ce samedi 23 août à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne pour dénoncer l’exploitation croissante du charbon dans la région et l’extension prévue de plusieurs mines exploitées à ciel ouvert. Un nouvel élan du mouvement anti-charbon justifié par la politique allemande de développement de la production d’énergie fossile, destinée à suppléer les insuffisances des énergies renouvelables.
Initiée par des collectifs d’habitants à proximité des mines et soutenue par les Verts et de nombreuses associations écologistes telles que Greenpeace, cette chaîne humaine a rassemblé près de 7500 personnes et s’est étendue sur plus de huit kilomètres entre Kerkwitz dans l’est de l’Allemagne et Grabice, à la frontière polonaise.
Une chaîne de solidarité destinée avant tout à exprimer le mécontentement de la population face au projet d’agrandissement des mines de lignite à ciel ouvert en activité des deux côtés de la frontière. Ce projet, validé au mois de juin dernier par l’Etat régional allemand de Brandebourg, prévoit l’extension sur près de 1900 hectares de la mine de Welzow-Sud, exploitée par le groupe énergétique suédois Vattenfall. Une extension très fortement contestée et critiquée pour la pollution supplémentaire qu’elle engendrera dans la région et le déplacement des populations résidant actuellement sur ce territoire.
Des inquiétudes qui paraissent légitimes quand on sait que l ‘exploitation de cette mine en cours depuis les années 70, a déjà provoqué la délocalisation ou la disparition pure et simple d’une quinzaine de villages de la région. La nouvelle tranche, qui doit entrer en activité en 2026, entraînera quant à elle, le déplacement de 800 personnes supplémentaires.
Comme le précise Meri Pukarien, à la tête de la section climat de Greenpeace Pologne, « si ce projet se réalise, ces terres deviendront la plus grande fosse à charbon avec les plus importantes émissions d’oxyde de carbone d’Europe ». Un point noir dans le programme de transition énergétique allemand qui bien que très ambitieux ne pourra pas se défaire si facilement de sa dépendance au charbon.
Le charbon et plus particulièrement le lignite, considéré comme un des combustibles les plus polluants, jouent un rôle important dans la production d’énergie en Allemagne et en Pologne. Cette dernière produit environ 90 % de son électricité dans des centrales au charbon, tandis que le charbon représente environ 45 % du mix électrique allemand.
Crédits photo : Jules70120
COMMENTAIRES
Il n’y a pas de développement des énergies fossiles en Allemagne pour soi-disant suppléer aux prétendues déficiences des énergies renouvelables.
La récente augmentation du charbon, en bonne partie importé, dans la production d’électricité est simplement due au remplacement du gaz pour des questions de coût.
Car si entre 2010 et 2013, la production d’électricité nucléaire a diminué de 43 TWh elle a été remplacée par une augmentation de 47 TWh de l’électricité renouvelable.
L’électricité provenant du charbon et du lignite a augmenté de 23 TWh car celle du gaz et pétrole a diminué de 25 TWh.
http://energeia.voila.net/electri2/allemagne_nucle_charbon.htm
Voir aussi ce qu’il es est des centrales thermiques.
Cela n’empêche pas qu’il faut s’opposer à l’extension des mines de lignites, d’autant plus que l’utilisation du lignite et du charbon est amenée à disparaître en Allemagne une fois le nucléaire éliminé.
Malgré tout, l’Allemagne a utilisé moins de charbon et de lignite pour produire son électricité en 2013 qu’en 2000, non seulement en valeur absolue mais surtout en pourcentage.
Et moins de charbon et lignite en 2014.
http://www.ise.fraunhofer.de/en/renewable-energy-data
Voir page 6 de l’étude « Electricity production from solar and wind in Germany in 2014 ».