André Borschberg, pilote de Solar Impulse, veut révolutionner le transport aérien
En 2016, une équipe d’aviateurs suisses marque à jamais l’histoire de l’aviation avec un projet audacieux marqué du sceau de l’énergie renouvelable : les pilotes André Borschberg et Bertrand Piccard bouclent en effet avec succès un tour du monde à bord d’un avion uniquement alimenté grâce à l’énergie solaire.
Ce projet, baptisé Solar Impulse, prouve notamment la fiabilité des technologies renouvelables dans le transport, un des secteurs les plus polluants de nos économies. Soucieux de capitaliser sur la réussite de cet ambitieux projet, André Borschberg décide en 2017 de se lancer dans une nouvelle aventure en fondant la start-up H55.
Son objectif : favoriser la démocratisation de la propulsion électrique dans le domaine de l’aviation. Cette jeune pousse vient d’annoncer avoir terminé sa première levée de fonds d’un montant de 5 millions de francs suisses (4,3 millions d’euros).
La propulsion électrique, prochaine révolution de l’aviation…
En plus d’être un pilote aguerri, André Borschberg est un ingénieur ambitieux et un homme d’affaires tenace. Galvanisé par le défi technologique relevé avec succès lors de son tour du monde en avion électrique, il décide de lancer en avril 2017 sa propre start-up dans les locaux de l’Ecole polytechnique de Lausanne, avec deux anciens collaborateurs de l’équipe Solar Impulse (l’ingénieur électricien Sébastien Demont et l’économiste Gregory Blatt).
Baptisée H55, cette nouvelle structure va lui permettre de poursuivre un objectif précis : révolutionner le secteur de l’aviation en le faisant passer dans l’ère de l’électrique.
« Avec Solar Impulse, le message était celui de l’énergie perpétuelle, la capacité de faire un tour du monde en avion avec seulement de l’énergie solaire renouvelable. H55, qui hérite du savoir-faire acquis avec Solar Impulse, va se concentrer sur l’électrification des avions, quelle que soit l’origine de l’électricité« , explique André Borschberg.
En s’appuyant sur l’héritage technologique de Solar Impulse, André Borschberg compte se spécialiser dans le développement de technologies électriques spécialement adaptées à l’aéronautique.
La start-up H55 travaille donc sur toute la chaîne de propulsion d’un avion, de la source d’énergie aux batteries en passant par les hélices. La start-up n’a donc pas pour ambition de se positionner sur le segment de la création d’aéroplane, mais sur celui de la conception de moteurs, de batteries et de systèmes de contrôle.
… et des transports urbains ?
André Borschberg estime aujourd’hui que la stabilité des moteurs électriques apporte la possibilité du décollage vertical. C’est la raison pour laquelle H55 s’est notamment positionnée dans la niche aéronefs à décollage et atterrissage verticaux, à l’instar du géant de l’aéronautique Airbus (et son prototype Vahana A3).
La start-up suisse planche notamment à la création d’un véhicule urbain volant totalement électrique, capable d’assurer des trajets courts correspondant à l’autonomie limitée des batteries.
« Le transport aérien électrique améliorera radicalement la façon dont nous vivons et nous déplaçons. De nouveaux concepts qui ne sont possibles qu’avec la propulsion électrique, permettront bientôt aux avions de décoller et atterrir verticalement et tranquillement. Imaginez monter à bord d’un avion électrique sur le toit d’un bâtiment, et que celui-ci peut vous amener de l’autre côté de la ville en moins de 10 minutes, sans impact sur l’environnement« , précise le pilote suisse.
Mieux, les ingénieurs de H55 estiment que cette idée révolutionnaire sera une réalité d’ici trois ans. Les principaux obstacles à la démocratisation de tels appareils ne sont pas tant d’ordres technologiques qu’administratifs. « Le principal défi consiste à passer de modèles expérimentaux à des engins qui soient certifiés, sur lesquels on puisse garantir qu’il n’y aura pas de panne, par exemple, pour obtenir toutes les autorisations« .
La motivation sans faille et le savoir-faire acquis lors du projet Solar Impulse semblent donner un certain crédit à André Borschberg. Le fonds de capital-risque NanoDimenison de la Silicon Valley vient en effet de prendre part à la première levée de fonds ouverte par H55.
Avec le support de l’Office Fédéral de l’Aviation Civil et de la Fondation The Ark en Valais, ce ne sont pas moins de 5 millions de francs suisses qui ont été mobilisés pour ce projet.
« Ces fonds, qui en appelleront d’autres, vont nous aider à rentrer dans le marché, en déposant des brevets et en développant des solutions qui vont révolutionner le monde de l’aviation« , se félicite le créateur de H55.