Attaques en mer d’Oman: les deux pétroliers sécurisés, Ryad en alerte
Les deux pétroliers endommagés par des attaques dans la région du Golfe ont été mis en sécurité dimanche, l’Arabie saoudite incriminant à son tour l’Iran et affirmant qu’elle réagira à toute menace.
Après Washington et Londres, Ryad, premier exportateur de pétrole au monde, a accusé le « régime iranien » de ces attaques non revendiquées ayant eu lieu jeudi en mer d’Oman.
Le porte-parole du Kremlin a lui mis en garde contre des « accusations gratuites » et dans sa prière de l’Angélus, le pape François a prôné la voie « de la diplomatie ».
Dans une apparente démonstration de force, le ministère saoudien de la Défense a publié dimanche une vidéo montrant des appareils saoudiens et américains F-15 survolant le 2 juin le Golfe en formation, accompagnés d’avions ravitailleurs des deux pays.
Un méthanier japonais, le Kokuka Courageous, et un tanker propriété de la compagnie Frontline cotée à la Bourse d’Oslo, le Front Altair, transportant du naphta, ont été stoppés jeudi en mer d’Oman par des explosions d’origine inconnue alors qu’ils faisaient route vers l’Extrême-Orient.
Dès jeudi, Washington a accusé l’Iran d’être responsable de ces attaques ayant eu lieu pendant la visite à Téhéran du Premier ministre japonais Shinzo Abe, qui ambitionnait de faire baisser les tensions entre Téhéran et Washington.
Grand rival régional de l’Arabie saoudite et ennemi des Etats-Unis, l’Iran a nié toute implication dans ces attaques survenues près du détroit d’Ormuz, par lequel transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde, et qui ont fait bondir le prix du brut.
« Le régime iranien n’a pas respecté la présence du Premier ministre japonais à Téhéran et a répondu à ses efforts en attaquant deux pétroliers, dont l’un était japonais », a déclaré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, dans une interview au quotidien Asharq al-Awsat publiée dimanche.
Le commandement américain au Moyen-Orient (Centcom) a indiqué dimanche qu’un missile iranien avait en vain tenté d’abattre un drone américain en mission de surveillance après l’attaque du méthanier japonais.
En Iran, le président du Parlement Ali Larijani a lui insinué que les Etats-Unis pourraient être responsables des « actions suspectes sur les tankers ».
– Liberté de navigation –
Le navire japonais « est arrivé en toute sécurité au mouillage désigné à Charjah » aux Emirats arabes unis, a indiqué son armateur.
« L’évaluation des avaries et la préparation du transfert de la cargaison commenceront dès que les autorités portuaires auront achevé contrôles et formalités habituels », a-t-il ajouté. L’équipage, secouru par l’US Navy, reste à bord.
Lors de l’attaque, l’équipage a dit avoir vu un « objet volant » se diriger vers le tanker puis une explosion.
L’autre navire touché, le Front Altair, qui transportait du naphta, a été remorqué et se trouve au large de Fujairah aux Emirats, ont annoncé ses propriétaires et opérateurs.
« Les premières inspections sont en cours et aucune anomalie n’a été détectée », ont-ils indiqué. Les 23 membres d’équipage, secourus par l’Iran, se trouvent désormais à Dubaï.
Samedi, Ryad et Abou Dhabi ont appelé à la sécurisation des approvisionnements en énergie venant du Golfe après ces attaques survenues un mois après le sabotage de quatre navires, dont trois pétroliers, au large des Emirats, également attribuées par Washington à Téhéran, qui a démenti.
Accusant de nouveau l’Iran dimanche, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a affirmé que son pays garantirait le passage par le détroit d’Ormuz.
« Ce que vous devez garder en tête c’est que nous allons garantir la liberté de navigation par le détroit », a assuré M. Pompeo sur Fox News, soulignant que « les Etats-Unis allaient s’assurer que toutes les décisions diplomatiques et autres soient prises pour atteindre cet objectif ».
– Attaques de drones –
Les relations entre l’Iran et les Etats-Unis se sont détériorées après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui s’est retiré en 2018 unilatéralement de l’accord international sur le nucléaire iranien et a rétabli des sanctions économiques contre l’Iran.
Début mai, les Etats-Unis ont envoyé des renforts militaires au Moyen-Orient, accusant l’Iran de préparer des attaques « imminentes ».
La tension est également alimentée par la multiplication d’attaques des rebelles yéménites contre l’Arabie saoudite, qui mène une coalition militaire contre ces insurgés au Yémen voisin en guerre.
Le prince héritier saoudien a répété que son pays n’accepterait pas « la présence de milices iraniennes à ses frontières ». Ryad accuse l’Iran d’armer les Houthis, mais Téhéran, tout en disant les soutenir, dément leur fournir des armes.
Le royaume saoudien a annoncé samedi l’interception d’un nouveau drone lancé par les Houthis contre la ville d’Abha (sud), où l’aéroport international avait été visé mercredi par un missile tiré par les rebelles yéménites, faisant 26 blessés.
Dimanche, le Centcom a indiqué qu’un de ses drones avait été abattu au-dessus du Yémen par les Houthis le 6 juin.