Belgique : l’arrêt d’un troisième réacteur fait craindre le blackout hivernal
La filière nucléaire belge, déjà fragilisée par l’arrêt de deux réacteurs pour cause de vérification de sécurité, vient de subir un nouveau revers suite à la découverte d’une fuite d’huile sur le réacteur Doel 4. Un troisième réacteur hors service donc et qui pose désormais la question de l’approvisionnement électrique du pays et fait peser la menace d’un blackout hivernal.
Comme l’a annoncé l’opérateur belge Electrabel le jeudi 7 août dernier, le réacteur Doel 4 a bien dû être mis à l’arrêt après la découverte d’une fuite résultant à première vue « d’une intervention manuelle volontaire sur la vanne de décharge du réservoir d’huile ». Accident ou sabotage, l’enquête menée par l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) le dira.
Mais quoiqu’il en soit, cette situation qui fait suite à l’arrêt des réacteurs Doel 3 et Tihange 2 depuis 2012 en raison de microfissures constatées dans les cuves, porte désormais le nombre de réacteurs en incapacité de fonctionner à plus de la moitié du parc de production nucléaire belge. Electrabel, filiale du groupe GDF Suez, exploite en effet sept réacteurs en Belgique, trois sur le site de Tihange et quatre dans la centrale de Doel, pour une capacité de production totale de 5,7 GW. Suite à l’arrêt soudain de Doel 4, cette capacité de production est aujourd’hui amputée de plus de 3 GW.
Un constat alarmant qui pourrait obliger le gouvernement à revoir à la hausse ses importations d’hydrocarbures afin de combler ce déficit de production électrique. Le pays importe déjà environ un tiers de son gaz à la Norvège et un quart auprès des Pays-Bas et cette nouvelle perte de production nucléaire pourrait l’inciter à augmenter ces quantités pour l’hiver à venir afin d’éviter tout risque de blackout. Si toutefois l’offre peut répondre à la demande…
Car en effet, comme l’a expliqué Willy De Roovere, ancien directeur de l’AFCN au micro de Matin Première, « tout dépend de l’hiver en question. S’il fait très froid, aussi bien en Belgique que dans les pays environnants, il peut y avoir un problème […] il faut donc aller chercher l’énergie en dehors de notre pays. Mais si les États voisins ont besoin de cette électricité, et ne peuvent pas nous la vendre, je ne suis effectivement pas certain que ce sera une vie facile durant cette période« .
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