Plan Biden : des investissements massifs et une refonte du paysage énergétique
Un article signé Think smartgrids, site partenaire.
Le président Biden a proposé le 31 mars d’investir quelque 2 000 milliards de dollars (1 706 milliards d’euros) dans les infrastructures, avec l’objectif affiché de créer des millions d’emplois, de tenir tête à la Chine et de lutter contre le changement climatique. Les investissements dans le programme « Build Back Better » seraient étalés sur huit ans et financés par une hausse de l’impôt sur les sociétés de 21 % à 28 %. Le plan comporte un important volet énergie, décomposé en plusieurs chapitres.
Redynamiser l’infrastructure électrique des États-Unis
« Comme l’ont démontré les récentes pannes d’électricité au Texas, notre réseau électrique vieillissant a besoin d’une modernisation urgente, » a rappelé le Joe Biden. « Une étude du Département de l’Énergie a révélé que les pannes d’électricité coûtent à l’économie américaine jusqu’à 70 milliards de dollars par an ». Pour atteindre l’objectif d’une électricité 100% sans carbone d’ici 2035, le président Biden appelle le Congrès à investir 100 milliards de dollars
Un système de transport de l’électricité plus résilient
Le plan prévoit la création d’un crédit d’impôt à l’investissement ciblé « pour encourager la construction d’au moins 20 gigawatts de lignes électriques à haute tension et mobiliser des dizaines de milliards de dollars de capitaux privés ». Le Président Biden annonce la création d’une Grid Deployment Authority « qui permettra de mieux tirer parti des emprises existantes – le long des routes et des voies ferrées » ainsi que des « outils de financement créatifs pour stimuler les investissements dans les lignes prioritaires de transport haute tension ».
Moderniser la production d’électricité en fournissant une électricité propre
Le plan prévoit la prolongation de 10 ans des crédits d’impôt à l’investissement et à la production pour les technologies d’énergie propre, réduisant ainsi leur coût pour les acheteurs d’énergie.
Il vise à rendre ces crédits remboursables, ce qui signifie que les fournisseurs pourraient les réclamer par le biais d’un processus appelé «paiement direct». Le plan prévoit aussi de soutenir les initiatives des états et des territoires « qui choisissent d’accélérer cette modernisation ». Il s’mobilisera la considérable capacité d’achat du gouvernement fédéral pour favoriser le déploiement d’énergie propre « en achetant de l’énergie propre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour les bâtiments fédéraux ».
Une norme d’efficacité énergétique et d’électricité propre (EECES) sera établie « pour réduire les factures d’électricité et la pollution électrique, accroître la concurrence sur le marché, encourager une utilisation plus efficace des infrastructures existantes, tout en continuant à tirer parti de l’énergie de carbonée fournie le nucléaire et l’hydroélectricité ».
35 milliards de dollars pour des percées technologiques dans les énergies propres
Le plan prévoit la création d’une agence, l’ARPA-C (C pour climat) « pour développer de nouvelles méthodes de réduction des émissions et de renforcement de la résilience climatique » : 15 milliards de dollars seront orientés vers le stockage d’énergie à grande échelle, le captage et le stockage du carbone, l’hydrogène, le nucléaire avancé, les hydroliennes, les biocarburants, le calcul quantique et les véhicules électriques, avec l’objectif affiché de « renforcer le leadership technologique des États-Unis dans ces domaines sur les marchés mondiaux ».
174 milliards de dollars pour conquérir le marché des véhicules électriques
Le plan vise l’émergence d’une filière complète de fabrications des batteries et des véhicules. Il prévoit des rabais et des incitations fiscales pour les consommateurs, la construction d’un réseau de 500 000 chargeurs pour véhicules électriques d’ici 2030 le remplacement de 50 000 véhicules de transport en commun diesel et d’électrifier les autobus scolaires jaunes ainsi que la flotte du service postal.
Accueil favorable des professionnels des EnR
Le plan a été salué par les acteurs du secteur des énergies renouvelables et du stockage. Ceux-ci avaient déjà jugé prometteuses la désignation de Jennifer Granholm au poste de secrétaire à l’énergie, l’arrivée de Jigar Shah (une figure appréciée de la communauté des microgrids) à la tête du Loan Program Office (LPO) du Département de l’énergie (un programme doté d’un budget de 40 milliards de dollars de prêts et de garanties de prêts disponibles pour aider à déployer des projets d’infrastructure énergétique : ce programme avait été suspendu sous la présidence Trump), ainsi que le recrutement de Kelly Speakes-Backman au Bureau de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables du Département de l’Énergie. Kelly Speakes-Backman dirigeait il y a encore quelques semaines, l’Energy Storage Association (ESA).
Pour l’American Clean Power Association (ACP), « il s’agit de construire un système d’infrastructure propre qui fera l’envie du monde. Nous ne pouvons pas nous permettre de rater ce moment. Les approches fragmentaires ont échoué dans le passé. Il faudra des efforts audacieux pour faire évoluer les infrastructures en ruine de notre pays vers la modernité. Les dispositions relatives à l’énergie fournissent une certitude et une prévisibilité pour les technologies les plus propres d’Amérique et les centaines de milliers de travailleurs qui dépendent de ces emplois et des emplois à venir»
L’Energy Storage Association (ESA) applaudit un plan « qui donne la priorité au déploiement et à la fabrication du stockage de l’énergie ainsi qu’aux emplois dans ce secteur », notamment les subventions ciblées pour augmenter la capacité de fabrication de batteries aux États-Unis et « créer une chaîne d’approvisionnement fiable et indépendante ». «Pour atteindre l’objectif présidentiel d’un système électrique sans carbone d’ici 2035 », l’ESA avait plaidé vigoureusement pour l’extension du crédit d’impôt à l’investissement aux systèmes autonomes de stockage d’énergie et pour en faire une subvention à paiement direct plutôt que l’actuel mécanisme fiscal jugé trop complexe .
Pour la Solar Energy Industries Association (SEIA), le plan « est une étape importante dans la réalisation de nos objectifs collectifs d’énergie propre. Le plan crée des emplois, stimule l’économie, fait face à la crise climatique et fait progresser la justice environnementale ».
Même satisfaction pour l’American Council on Renewable Energy (ACORE) qui salue « l’option de paiement direct pour les crédits de production d’énergie renouvelable ». Pour Acore, « l’inclusion d’une norme fédérale sur l’efficacité énergétique et l’électricité propre est essentielle pour nous assurer que nous restons sur la bonne voie avec les réductions d’émissions …La Grid Deployment Authority facilitera la modernisation de l’infrastructure de réseau balkanisée et désuète d’aujourd’hui avec un MacroGrid avancé capable de fournir une énergie propre abondante, bon marché et fiable ».
Un « Smart Grid moment »
Anticipant les principales mesures du plan Biden, IndustryWeek évoquait un « Smart Grid Moment ». « L’effondrement énergétique du Texas est le pivot du plan d’infrastructure massif de Biden. Survenue au cours du premier mois de l’administration Biden, la panne massive du réseau électrique du Texas a peut-être eu un bon résultat. Les effets en cascade de la perte de puissance et de chaleur, les factures scandaleuses pour le petit nombre de ceux qui avaient de l’électricité, l’arrêt économique, les inondations, les incendies, etc., fournissent le meilleur argument possible pour développer rapidement le Smart Grid qui alimenterait au sens propre et figuré le plan d’infrastructure d’un milliard de dollars. Ailleurs, le réseau désuet de Californie a joué un rôle majeur dans les incendies de forêt induits par le réchauffement climatique qui ont frappé l’État. (…) L’interdépendance et les synergies entre les mesures du plan sont calculées à la fois pour construire une coalition politique diversifiée en faveur du plan, tout en maximisant les avantages économiques et environnementaux, plutôt que de simplement dépenser pour réparer l’infrastructure existante et désuète du XXe siècle ».
Le discours prononcé le 31 mars à Pittsburgh n’est que le point de départ d’une âpre bataille au Congrès dont l’issue est incertaine.
COMMENTAIRES
Il est certain que les EU avaient besoin d’une sérieuse mise à niveau de leur réseau de distribution électrique. Cependant les choix effectués de mettre en oeuvre le modèle « smart grids » de police de distribution de l’ électricité couplé avec les EnR aléatoires coûtera des centaines de milliards de $, et au bout du compte ce seront les pauvres et les classes moyennes qui verront leurs factures d’électricité exploser ! Les riches auront les moyens de payer, mais BIDEN a été élu pour prendre les inégalités sociales en compte, non ? Et je regrette que dans ce plan, pas un mot ne soit dit sur la mise à niveau de la sécurité des centrales nucléaires, encore plus vieillissantes qu’en Europe, non plus que sur une relance indispensable d’un nucléaire neuf…
Ils feraient bien de commencer par »gérer » cette première urgence (comme la France l’a fait au début des années 1970!) passer du 110V au 230V dans tout leur réseau de distribution aux clients… rien que ça ferait économiser énormément d’énergie électrique … d’autant plus que les sections des conducteurs en place sont théoriquement prévus pour les fortes intensités du 110V!
Mais ils ont un autre vaste problème, ils ne savent pas construire leurs habitations… des maisons en contre plaqué à climatiser à outance l’été et à chauffer désespérément l’hiver (ils viennentt encore de le constater!).
Monsieur Desplanches cessez de rabâcher vos termes favoris »aléatoire, intermittent, fatale, … » et étudiez une bonne fois tout ce qu’il est possible de faire avec les EnR… MAIS AUTREMENT… ON OUBLIE CE NUCLEAIRE »NEUF » et surtout on commence sérieusement à économiser toutes les formes d’énergies…