Bientôt une autonomie illimitée pour les voitures électriques ?
Réduire les émissions mondiales de CO2 est aujourd’hui devenu un axe de travail majeur de la communauté internationale dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. À ce titre, de nombreux secteurs cherchent de nouveaux modèles économiques afin d’améliorer leur empreinte carbone et ainsi participer à l’effort global. Le secteur des transports est au cœur de ces nouveaux enjeux : fortement dépendant des hydrocarbures polluants, il est en effet responsable de près de 40% des émissions mondiales de CO2. Pour remédier à ce bilan catastrophique, constructeurs automobiles et gouvernements œuvrent à la démocratisation des voitures électriques, 100% respectueuses de l’environnement. Pourtant, la généralisation de l’électromobilité fait encore face à de nombreux freins, comme par exemple l’autonomie encore trop limitée des batteries. La société américaine Qualcomm, en partenariat avec le constructeur automobile français Renault et l’institut Vedecom, travaille à la réduction de cette contrainte. Et fait espérer qu’un jour, les voitures électriques auront une autonomie illimitée. Zoom sur une technologie qui pourrait bien révolutionner l’électromobilité.
Recharger la batterie d’une voiture électrique par induction
Voilà plusieurs années que la société américaine Qualcomm Technologies travaille au perfectionnement d’une technologie de recharge par induction pour voitures électriques. Baptisé Halo, ce dispositif de recharge permet de faire le plein de la batterie d’un véhicule à motorisation électrique ou hydride sans aucun raccordement filaire : la voiture équipée de la technologie Halo stationne au-dessus d’une plaque intégrée dans le sol, la recharge de la batterie se fait sans fil via un champ électromagnétique.
Partenaire du Championnat du monde de Formule-E (voitures monoplaces électriques), Qualcomm a eu l’occasion de déployer sa technologie Halo lors de la précédente épreuve française. En 2016, lors de la course aux Invalides à Paris, la voiture de sécurité était en effet une BMW i8 équipée du dispositif Halo. De quoi recharger l’intégralité de la batterie de cette « safety car » en une heure environ.
« La Formula E s’attache à appliquer ses principes de respect de l’environnement et d’amélioration de la qualité de vie dans l’organisation même du championnat », explique le comité d’organisation du championnat de Formule-e qui s’attache à promouvoir dans sa globalité les pratiques respectueuses de l’environnement.
L’avènement de la recharge dynamique
Le dispositif de recharge par induction de Qualcomm a évolué depuis cette expérimentation au championnat du monde de voitures électriques. La société américaine s’est en effet affranchie d’une des contraintes majeures de sa technologie : l’immobilisation du véhicule pendant la phase de recharge. Halo est désormais capable de recharger une voiture en train de rouler.
Concrètement, il s’agit d’intégrer dans le bitume, et sur toute la longueur d’une route, des cellules à induction. Chaque « section » de recharge, longue de 25 mètres, se met en marche uniquement à l’approche d’un véhicule équipé d’un récepteur Halo. Si le véhicule est à haute vitesse, le dispatcheur alimente directement le système de motorisation. Si le véhicule est à l’arrêt, lors d’un embouteillage par exemple, ce sont les batteries du véhicule qui sont rechargées.
Cette évolution est le fruit d’un travail mené en partenariat avec l’institut Vedecom et le constructeur Renault, dans le cadre du projet européen Fabric (qui a pour objectif d’interroger la faisabilité technique des innovations du secteur de l’électromobilité). Les trois partenaires ont d’ailleurs dévoilé fin mai un prototype de « route électrique » de 100 mètres de long dans la zone industrielle de Satory, à Versailles. Deux Renault Kangoo équipées de récepteurs Halo ont permis de présenter le dispositif de recharge dynamique de Qualcomm.
Les résultats des essais effectués sur ce prototype de route électrique sont prometteurs : grâce à une puissance de charge de 20 kW (équivalent à de la recharge accélérée), deux véhicules roulant à 100 kilomètres heure peuvent être rechargés.
Les défis que pose le déploiement de la technologie Halo
Il ne fait aucun doute que la technologie Halo va encore s’améliorer au cours des mois et des années à venir, contribuant ainsi à relayer au stade de souvenir les problèmes d’autonomie des véhicules électriques. Cela pourrait bien évidemment contribuer à renforcer la démocratisation de l’électromobilité, un des axes majeurs de la transition énergétique.
Reste le problème du déploiement de la recharge dynamique de Halo. En effet, le coût et l’importance des travaux nécessaires à la généralisation de cette technologie semblent aujourd’hui colossaux. Concepteurs et partenaires s’accordent d’ailleurs à dire qu’au-delà du développement technologique, il est également important de trouver les modèles économiques adéquats au développement de ces nouveaux dispositifs.
Se pose enfin la question de la facturation de l’électricité. « La recharge pour voiture électrique est assez comparable à la répartition du wifi dans les cafés. Au début, seuls certains le proposaient, avec une durée limitée. Maintenant que c’est totalement répandu, il est gratuit et illimité, simplement parce que les gens veulent que vous continuiez à aller boire votre café chez eux. C’est la même chose pour la charge statique, qui impose de rester plusieurs heures au même endroit : les hôtels et centres commerciaux seront intéressés par votre venue, pour vous vendre quelque chose et ne factureront donc pas l’électricité. Pour la charge dynamique, qu’il s’agisse de notre projet ou de la charge statique ultra rapide, il faudra payer. En France, aucun problème pour la route électrique, puisque la majorité des autoroutes sont à péage, et le prix du service pourra être inclus dans le tarif », analyse Graeme Davidson, responsable du développement business et marketing chez Qualcomm.
