Biocarburants: des producteurs de colza s’inquiètent du frein de Bruxelles
La proposition de la Commission européenne de freiner le recours aux agrocarburants de première génération d’ici 2030 déboucherait sur une réduction de 30% des surfaces plantées en colza en France, et une baisse de 30% du cours de la graine, selon l’Association des producteurs d’oléagineux et protéagineux (FOP).
La Commission a annoncé le 1er décembre qu’elle souhaitait réduire de manière draconienne la part des produits agricoles dans les biocarburants de première génération entre 2021 et 2030, en réduisant le taux d’incorporation à 3,8% en 2030 au lieu de 7% aujourd’hui en France.
« Le prix mondial de la graine pourrait baisser de 30% jusqu’à environ 240 euros la tonne, alors qu’en prenant en compte les coûts de production de cette année, le prix de la graine commencerait à être rémunérateur à partir de 335 euros la tonne » a indiqué le président de la FOP Gérard Tubery lors d’une rencontre avec la presse. Ce qui laisse augurer des difficultés financières supplémentaires pour les exploitants.
La FOP a fait des projections maximalistes, sur l’hypothèse d’une suppression totale du mandat d’incorporation des biocarburants dicté par Bruxelles.
L’association s’inquiète néanmoins pour l’avenir de la filière française du colza, jusqu’à présent très dépendante de ses débouchés dans l’énergie, composée, outre des producteurs, d’une dizaine d’usines de trituration et d’usines d’esthérisation.
« Les investisseurs vont se détourner du secteur car ils ont besoin d’un cadre politique stable et ils n’apprécient pas ce recul » a estimé M. Tubery.
Déjà deux usines d’estherification ont été restructurées, à Compiègne et Dunkerque, a fait valoir la FOP.
« Dans l’immédiat, il n’y a pas de projets de mises en sommeil ou de fermeture d’unités, mais très clairement si les objectifs de la Commission sont maintenus il y en aura », a-t-il ajouté.
En revanche, la FOP s’est félicitée de l’augmentation des surfaces cultivées en soja en France, à 137.000 hectares en 2016 contre 40.000 hectares il y a trois ans.
« C’est une explosion, car nous partions de zéro » a estimé Sebastien Windsor, vice-président de la FOP et président de l’institut technique Terre Innovia.
La France vise 200.000 hectares à terme et s’emploie à construire une filière autour du soja non OGM, dans le cadre d’un plan de relance de la filière protéines.
Côté protéagineux, les surfaces plantées en 2016 s’élevaient à 272.000 hectares. Mais la production devrait diminuer de 26% sur l’année, avec des rendements inférieurs de 32% à la moyenne 2011/2015, durement affectés par les aléas climatiques et les maladies.
La production de pois protéagineux est ainsi en recul de 22%, tandis que celle de féveroles se replie de 26% par rapport à 2015.