Biodiesel argentin: Avril annonce des mesures de chômage partiel
Le groupe alimentaire Avril, également producteur de biodiesel, a annoncé vendredi des mesures de chômage partiel pour 2018 dans les usines de sa filiale Saipol, en raison de la « menace » que fait peser la réouverture du marché européen au biodiesel argentin.
La direction de Saipol a présenté « un projet de recours à l’activité partielle en 2018 concernant ses activités de production de biodiesel et de trituration en France », selon son communiqué.
« Ce projet doit permettre à Saipol d’adapter temporairement sa production à une situation de marché fortement dégradée et menacée par l’arrivée massive de biodiesel argentin sur le marché européen, tout en préservant l’emploi », ajoute t-il.
Ce dispositif, qui court sur six mois renouvelables à compter de février 2018, concerne environ 250 des 600 salariés de Saipol, répartis dans l’ensemble des 5 usines d’estérification de la filiale en France: Grand-Couronne (Seine Maritime), Bassens (Gironde), Le Mériot (Aube), Montoir-de-Bretagne (Loire Atlantique) et Sète (Hérault), ainsi que les activités de trituration sur plusieurs de ces sites, a indiqué à l’AFP un représentant de la direction.
Il permet, « le temps que les perspectives se rétablissent », de garantir et l’emploi et le revenu des équipes, indique ce représentant, pour qui il faut « voir la suite qui sera donnée à la plainte déposée au niveau européen ».
L’Association des producteurs de biodiesel européens (EBB) a annoncé en septembre son intention de déposer une plainte auprès de la Commission européenne contre les importations argentines.
L’UE leur avait rouvert ses portes fin septembre, après avoir érigé en 2013 une barrière douanière contre les biocarburants en provenance de ce pays qui a été désavouée par l’Organisation mondiale du Commerce.
« Les subventions permettent aux exportateurs argentins de vendre du biodiesel à un prix inférieur au coût des seules matières premières dans l’UE », avait alors relevé l’EBB.
« En l’absence de contre-mesure efficace de l’UE », estimait Avril vendredi, les conséquences pour sa filiale « seraient sans appel ».
– Contre-attaque –
Parmi ces conséquences, le recul de la production d’ester de colza, qui « pourrait être inférieure à 700.000 tonnes en 2018 contre 1,3 Mt en 2017 », et les unités de trituration « seraient également impactées, avec un volume d’environ 2,5 Mt de graines triturées en 2018 contre 3,5 Mt en 2017, soit un recul de 1 Mt environ, induisant une sous-activité de près de 30% ».
Le marché a immédiatement réagi à cette annonce, avant de corriger la baisse. Certains analystes estiment d’ailleurs que l’estimation d’un million de tonnes est exagérée.
Dans la lignée de la plainte déposée par l’EBB, Yves Delaine, directeur général délégué du groupe Avril et président de Saipol, espère « l’obtention de droits anti-subvention pour contrer cet afflux massif d’ester argentin »: « Le dossier peut être réglé dans le courant du premier semestre 2017, de ce point de vue là », dit-il à l’AFP.
« Les mesures que nous prenons aujourd’hui sont destinées à complètement sauvegarder l’emploi, a-t-il ajouté.
« Aujourd’hui, cinq cargos sont en route pour l’Europe, un est arrivé à Fos-sur-mer », a rappelé un représentant d’Avril.
Ces cinq navires transportent selon lui 240.000 tonnes de biodiesel argentin, soit « en moyenne la capacité d’un an d’une de nos usines », a-t-il affirmé.
Avril craint d’autant plus cette « concurrence déloyale » que « les droits antidumping de l’UE sur le biodiesel indonésien (huile de palme) pourraient eux aussi être réduits, levant tout obstacle à l’importation massive de biodiesel en provenance d’Indonésie ».