Dans le cadre du Smart Buildings Territories and Summit, nous avons voulu en savoir plus sur l’avenir de la blockchain dans le monde de l’énergie. Interview de Pierre Paperon, CEO Exploit Digital, Expert en technologies blockchain. 

En quoi la technologie blockchain est-elle prometteuse dans le monde de l’énergie ?

Le monde de l’énergie est très consommatrice de certifications, de traçabilité, de partages de données. La blockchain, avec sa philosophie décentralisée et sans tiers de confiance, permet de s’affranchir de beaucoup de lourdeurs et de mettre en place aisément des protocoles ou systèmes commun à beaucoup d’acteurs.

La naissance de la blockchain de l’énergie s’est faite en 2015 à Brooklyn où des producteurs d’électricité photovoltaïque ont commencé à partager leur consommation.

Cela se faisait en off grid, c’est à dire en dehors de tout système habituel de distribution de l’électricité. La blockchain a permis à ce moment là de tracer et certifier les productions et les consommations en jouant ce rôle de tiers de confiance numérique.

Y-a-t-il des freins ?

Oui, quelques uns. Par exemple, il existe une centaine de technologies blockchains, il n’est pas facile de choisir la bonne tant pour une mise en production facile que pour une pérennité de la solution ou encore une empreinte carbone qui ne soit pas catastrophique.

La blockchain est-elle utile pour se constituer un « portefeuille » énergétique ?

Non. Pas pour l’instant. Il est prévisible que les comptes des entreprises seront blockchainés ou tokénisés à un moment ou un autre pour permettre des clôtures de compte à la demande plutôt que de le faire une fois par an.

À ce moment là seulement la constitution et la gestion d’un portefeuille énergétique sera possible mais non spécifique au secteur de l’énergie sauf à suivre avec une attention particulière les scopes 1 et 2 des entreprises …

La prochaine étape de la blockchain dans le monde énergétique n’est-elle pas de s’affranchir de l’agrégateur dans l’autoconsommation collective ?

Exactement cela, le tiers de confiance constitué par l’agrégateur avec les frais afférents à ce service peut être facilement remplacé par la blockchain qui organise une nouvelle gouvernance des flux de données énergétiques et financières.

En allant plus loin, elle peut permettre de créer une base d’échange et de conversion des énergies, de l’activité humaine et des actifs mis en circulation. Comme dans un SEL (système d’échange local), mais autrement plus large et puissant.

Les SolarCoins, monnaie de conversion de l’énergie solaire, ont-elles réellement un avenir ?

Non, l’idée était belle mais n’a pas résisté à la bulle de 2018, et les volumes de transaction hier était de … 648 euros.

C’est un peu comme faire un moteur de recherche spécialisé en 2000 … alors que AltaVista ou Google étaient là avec une puissance de crawling et indexation qui dépassait largement les tentatives de verticalisation, c’était le terme, des résultats de recherche.

SolarCoin a été victime de cela : toutes les autres technologies permettent de faire ce qu’il proposait.

Par exemple le traçage de la fabrication des megawattheures produits par une centrale mais en plus en ajoutant le lieu et la date de fabrication … ce que ne permettait pas SolarCoin.