Canada: Joe Biden bloque l’oléoduc Keystone XL, Ottawa déçu
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s’est dit « déçu » par la décision du nouveau président américain Joe Biden qui a bloqué un projet d’oléoduc entre les deux pays quelques heures après sa prise de fonction mercredi.
Dès son arrivée à la Maison Blanche, M. Biden a signé plusieurs décrets présidentiels dont l’un s’oppose au projet controversé de construction de l’oléoduc Keystone XL entre le Canada et les Etats-Unis.
Ce projet, soutenu par Ottawa, avait été lancé en 2008, annulé une première fois par Barack Obama pour des raisons environnementales puis remis sur les rails par Donald Trump pour des raisons économiques.
« Nous saluons l’engagement du président à lutter contre les changements climatiques, mais nous sommes déçus par sa décision à l’égard du projet Keystone XL », a réagi M. Trudeau, quelques heures après avoir félicité le nouveau président.
« Nous reconnaissons toutefois la décision du président de tenir la promesse qu’il avait faite en campagne électorale », a-t-il ajouté.
M. Trudeau avait soulevé la question du pipeline lors d’un entretien téléphonique avec M. Biden peu après son élection en novembre dernier. Le dirigeant canadien avait annoncé mardi qu’il comptait appeler le nouveau président américain « dans les prochains jours » à ce sujet.
Le groupe canadien TC Energy, qui construit Keystone, a de son côté annoncé la suspension des travaux quelques heures avant la signature du décret par M. Biden.
Le groupe basé à Calgary, dans l’Ouest canadien, s’est aussi dit « déçu » par la décision du nouveau président américain, qui va entraîner « le licenciement de milliers de travailleurs syndiqués ».
M. Trudeau, sous pression de l’opposition conservatrice et de la province pétrolière de l’Alberta frappée par la chute des cours de l’or noir, a rappelé que le Canada est « le premier fournisseur d’énergie des États-Unis ».
« A ce titre, nous contribuons à la sécurité énergétique et à la compétitivité économique des États-Unis et nous soutenons des milliers d’emplois des deux côtés de la frontière », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre de l’Alberta (ouest) Jason Kenney a immédiatement dénoncé une décision « profondément inquiétante ».
« Ce n’est pas comme ça qu’on traite son ami et allié », a-t-il martelé lors d’un point presse, appelant à Ottawa à une réponse « forte et significative ».
Le Canada possède les troisièmes réserves prouvées du monde, principalement contenues dans des sables bitumineux de l’ouest dont l’exploitation est critiquée pour son impact environnemental.
Le projet, désormais compromis, devait permettre d’acheminer dès 2023 plus de 800.000 barils de pétrole par jour entre la province canadienne d’Alberta et les raffineries américaines du Golfe du Mexique.
TC Energy avait repris l’an dernier les travaux de construction sur la portion nord de l’oléoduc, longue de 1.947 km, entre la frontière canadienne et l’Etat du Nebraska, ceux sur la portion sud vers le Texas étant déjà terminés.
TC Energy estimait les coûts de ces travaux à 9,1 milliards de dollars américains (7,5 milliards d’euros), dans ses plus récents résultats.