Carburants en France: l’industrie pétrolière alerte contre la hausse de la fiscalité
L’Union française des industries pétrolières (Ufip) a alerté mardi le gouvernement sur l’impact de l’augmentation de la fiscalité sur les carburants en France pour le pouvoir d’achat des consommateurs et l’activité industrielle.
Elle s’inquiète en outre de l’effet d’une telle progression conjuguée à une possible hausse des prix du pétrole.
« Il faut réaliser quand même que 85% des Français ont besoin de leur voiture pour aller travailler en zone rurale. (…) Et cela ne va pas changer du jour au lendemain », a insisté le président de l’Ufip, Francis Duseux, lors d’une conférence de presse.
Du fait de la montée en puissance de la contribution climat-énergie (CCE), sorte de taxe carbone, et de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), l’augmentation de la fiscalité sur le gazole représente une hausse cumulée de 12,3 centimes (TVA comprise) par litre en 2017 depuis l’année 2015 incluse, selon l’Ufip.
– Pouvoir d’achat –
Et la trajectoire envisagée pour la CCE d’ici à 2030, mais qui doit être confirmée chaque année dans la loi de finances, conduit à une hausse cumulée de 34,4 centimes d’euros par litre.
Pour les supercarburants, ces hausses cumulées sont de 5,2 centimes en 2017 et de 24,3 centimes en 2030.
« Attention, si vous continuez vraiment à augmenter de façon significative cette taxe carbone, plus l’augmentation probable des prix (…), vous arrivez quand même à des niveaux de prix très, très élevés », a prévenu M. Duseux à l’adresse du gouvernement.
« On dit +faites attention quand même à l’impact sur le pouvoir d’achat des Français+. Et puis peut-être encore plus grave, vous renchérissez les coûts du transport pour les industriels français », alors que l’énergie représente 10% des coûts de l’industrie, a-t-il ajouté.
L’alourdissement de la fiscalité sur le gazole traduit notamment la volonté du gouvernement français de réduire, par rapport à l’essence, les avantages fiscaux de ce carburant décrié pour ses émissions polluantes de particules fines et son caractère cancérigène. Un tournant majeur après des années de soutien au gazole qui a induit une diésélisation massive du parc automobile.
Or, « le diesel d’aujourd’hui n’est pas plus polluant que l’essence avec les normes Euro 6. Le seul problème qui reste à résoudre, et les constructeurs automobiles ont une solution, c’est les oxydes d’azote », a affirmé Francis Duseux.
Il n’existe « aucune base scientifique » pour justifier un bannissement du diesel à partir de 2025 – comme souhaite le faire la maire de Paris, Anne Hidalgo -, a-t-il ajouté.
– Catastrophique –
Ce rapprochement des fiscalités essence-gazole ne devrait « a priori pas beaucoup » affecter l’activité des raffineries françaises, la baisse de consommation du gazole qu’elle induit devant toucher en premier lieu les importations de ce carburant, selon M. Duseux.
Il a toutefois dénoncé le cumul des réglementations en France, qui pénalise selon lui la compétitivité de l’industrie française du raffinage: 14 euros en plus par tonne de brut traitée par rapport à une raffinerie américaine, soit 700 millions d’euros pour 50 millions de tonnes traitées annuellement.
Par ailleurs, le président de l’Ufip a déploré une « situation catastrophique » pour l’activité d’exploration-production de pétrole conventionnel en France, le gouvernement bloquant l’attribution de permis.
Il a également plaidé pour l’instauration d’un prix du carbone autour de 30 euros la tonne au niveau mondial.
« Cela ne peut pas être franco-français. (…) Ca ne peut pas non plus être européen. Il faut que ce soit mondial parce qu’on est dans une compétition mondiale », a-t-il dit.