Un exercice de sûreté à la centrale nucléaire de Cattenom
Les gouvernements et les exploitants du monde entier portent une attention particulière au renforcement des procédures de sûreté nucléaire face aux catastrophes naturelles ou tout autre incident pouvant remettre en cause l’intégrité des équipements électronucléaires. En France, EDF réalise régulièrement des simulations d’incident afin d’éprouver l’efficacité de ses dispositifs de gestion de crise et la capacité de réaction de ses équipes. Les collaborateurs d’EDF qui œuvrent tous les jours au bon fonctionnement de la centrale nucléaire de Cattenom, en Lorraine, ont eu l’occasion de participer à un exercice de simulation d’incident le mardi 17 octobre.
Éprouver le plan d’urgence interne…
Mardi 17 octobre 2017. L’horloge n’indique pas encore 8h. Les équipes d’EDF en poste à la centrale nucléaire de Cattenom vaquent à leurs occupations habituelles. L’activité du site tourne comme à son habitude. Tout à coup, les écrans du poste de contrôle indiquent une panne : l’alimentation électrique des 4 réacteurs nucléaires vient d’être perdue.
Cet incident fictif est le point de départ d’un scénario catastrophe servant de base à un exercice de sûreté grandeur nature. Organisé par le groupe EDF et la Préfecture de la Moselle, cet exercice a pour objectif de mettre à l’épreuve le « plan d’urgence interne ». Ce dispositif, défini par l’exploitant, est propre à chaque centrale nucléaire. Il s’agit d’une série de mesures déclenchées en cas d’événement important affectant la centrale et qui vise à ramener l’installation dans un état sûr, à limiter les conséquences de l’incident et à protéger les personnes présentes sur le site.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les équipes d’EDF et ses partenaires ont eu droit au grand jeu. Les 70 personnes d’astreinte ce jour-là, qui ignoraient quand et comment se déroulerait l’exercice, ont eu à faire face à « des accumulations de désagréments » tout au long de la journée.
… avec un scénario catastrophe fictif
« Cela commence avec la perte d’alimentation électrique sur la tranche, puis il y a la rupture d’un tube sur le générateur de vapeur, et des gaines dégradées sur le circuit primaire (…). Le plus intéressant pour nous, c’est le cumul de problèmes », explique Didier Tiberi, formateur en sûreté nucléaire et responsable du scenario de l’exercice.
Les salariés et la direction de la centrale comprennent rapidement qu’ils vont devoir gérer un risque de dégagement de vapeurs toxiques. C’est la raison pour laquelle, tout au long de la matinée, leur objectif principal est de faire baisser la pression du réacteur pour éviter des émissions toxiques par la cheminée.
Soucieux d’identifier les mesures qui font leur preuve et celles qui sont perfectibles, les organisateurs de cet exercice de sûreté nucléaire n’hésitent pas à mettre les équipes d’EDF et les autorités publiques sous pression. Même dans le cas d’un exercice. « On veut tester jusqu’où la résistance de l’organisation peut aller. Donc on est obligé d’aller très très loin aujourd’hui, d’aller vraiment chercher des scénarios qui nous emmènent dans des situations compliquées », précise M. Tiberi.
Vérifier l’efficacité des dispositifs de coopération
Prévue depuis plusieurs mois, l’exercice permet également de tester les dispositifs de coopération entre les centres de gestion de crise des pays frontaliers (France, Luxembourg, Belgique et Allemagne) ainsi que les capacités de réponse des pouvoirs publics. L’objectif du scénario est en effet d’éprouver également le « plan particulier d’intervention ». Complémentaire au plan d’urgence interne, il est élaboré par les autorités et vise à protéger les populations environnantes.
C’est la raison pour laquelle, dans une salle de la Préfecture de Moselle, les autorités préfectorales et les représentants de l’Autorité de Sûreté Nucléaire participent au scénario. Ils n’en connaissent pas les détails à l’avance et doivent donc, en lien permanent avec les équipes de la centrale, décider s’ils confinent ou non les milliers de personnes qui se trouvent dans un rayon de 2 kilomètres autour du site à risque.
L’équipe exploitante de Cattenom ne relevant aucune trace de radioactivité aux différents points de contrôle du site, ne préconise pas le confinement des habitants et élèves du périmètre. « Les maires ont été pré-alertés, les centres ont été pré-alertés, les écoles ont été pré-alertées, c’est-à-dire qu’au moindre clic, en moins de quinze minutes nous sommes capables de confiner toute une population », indique cependant Georges Bos, sous-préfet de la Moselle.
L’opération de communication de Greepeace
Hasard du calendrier, cet exercice de simulation grandeur nature intervient quelques jours après l’opération de Greenpeace : des militants de cette ONG se sont introduits sur le site de la centrale de Cattenom pour tirer un feu d’artifice.
« Je ne pense pas que l’on puisse pénétrer sur le site de la centrale nucléaire de Cattenom. D’ailleurs, les militants ont été stoppés par les gendarmes avant la zone nucléaire, ce qui montre bien que le site est bien surveillé », explique Pieyre-Alexandre Anglade, député de la 4e circonscription des Français établis hors de France. « Je pense que Cattenom représente un enjeu suffisamment sérieux pour éviter de tomber dans un coup de communication comme vient de le faire Greenpeace. Je condamne leur action sur le site car cela n’apporte rien ».