La centrale thermique du Havre entame sa transformation industrielle
Persona non grata dans le mix énergétique des pays ayant signé l’Accord de Paris pour le climat, le charbon a mauvaise presse. En France, le gouvernement s’est engagé à l’abandonner complètement d’ici 2022. Alors qu’il était lancé dans la course à l’Élysée, Emmanuel Macron s’était en effet engagé à fermer les quatre dernières centrales à charbon françaises s’il était élu. Une promesse qui est désormais inscrite dans la loi énergie climat.
Clap de fin pour la centrale thermique du Havre
C’est guidé par cette volonté de verdir le mix énergétique en abandonnant la production d’énergie à base de combustible fossile, que l’État et l’électricien EDF ont décidé de stopper définitivement la production de la centrale à charbon du Havre à partir du 1er avril 2021.
Située sur un site de 33 hectares au cœur du Grand Port Maritime, en bordure du bassin René Coty, la centrale thermique normande a été mise en service en avril 1968. Composée de 4 tranches, cette unité de production a permis de répondre pendant longtemps aux besoins en électricité des foyers de Haute-Normandie. Mais son empreinte carbone rend désormais son activité incompatible avec les objectifs écologiques de la France.
« Nous n’avons plus besoin de charbon pour produire de l’électricité. Je rappelle que quatre centrales à charbon équivalent, en termes d’émission de CO2, à 4 millions de voitures par an », estime Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique.
La fermeture de la centrale thermique du Havre ne devrait en effet pas poser de problème pour l’équilibre de notre réseau électrique. Le gestionnaire du réseau français annonçait en avril dernier que la mise en service de l’EPR de Flamanville dans la Manche permettrait de maintenir l’approvisionnement électrique des foyers et des industries du Grand Ouest.
Maintenir l’activité économique de la cité portuaire
L’autre préoccupation du gouvernement est l’accompagnement des salariés de la centrale du Havre et le maintien de l’activité économique de la cité portuaire : l’État souhaite en effet conserver le dynamisme industriel du territoire mais que ce dernier soit mis au service d’une activité plus respectueuse de l’environnement.
Le 13 janvier dernier a donc été adopté par les élus de la ville et de la communauté urbaine du Havre Seine Métropole un Pacte territorial de transition écologique et industrielle.
Co-construit depuis fin 2018 avec les acteurs politiques et économiques locaux ainsi que l’État, ce pacte est composé de 5 axes stratégiques et de 58 actions ainsi que d’une enveloppe budgétaire de 420 millions d’euros.
Ce Pacte prévoit en premier lieu l’accompagnement des salariés de la centrale. EDF s’est engagé dès le début des discussions à accompagner ses salariés et leur conjoint. Sont ainsi proposés des reclassements et des redéploiements sur d’autres sites (et notamment au sein des centrales nucléaires de Penly et Paluel, également en Seine-Maritime) ainsi qu’une aide à la recherche d’un nouvel emploi.
« Le contrat des 160 personnes travaillant à la centrale ne s’arrête pas. Il est maintenu. Soit ils seront reclassés au sein du groupe EDF, soit, ils changeront d’entreprises s’ils souhaitent rester au Havre pour des raisons personnelles. Dans le deuxième cas, on les aidera pour être certains qu’ils retrouvent un emploi. Engagement très fort aussi de l’État, des collectivités locales, de la CCI et des entreprises portuaires pour accompagner les sous-traitants et les personnels du port dans le but de leur trouver de nouvelles opportunités. Donc, exemplarité et solution pour tout le monde », estime Mme Wargon.
Le Pacte territorial de transition écologique et industrielle devrait également permettre à certains collaborateurs d’EDF de retrouver du travail : plus de 1.000 emplois devraient voir le jour au cours des prochaines années grâce à l’implantation de deux nouveaux sites industriels.
L’avenir se verdit pour le Grand Port du Havre
L’axe stratégique le plus important concerne en effet l’encadrement de la transformation du paysage industrialo-portuaire du Havre. Le Pacte territorial entérine la reconversion du site de la centrale thermique et la structuration d’une activité industrielle forte autour de l’énergie éolienne.
Selon les annonces du gouvernement, deux nouveaux sites industriels autour des énergies renouvelables vont s’implanter au Grand Port Maritime du Havre. Le premier est une usine de fabrication des fondations gravitaires pour éolienne, portée par la société Éoliennes offshore des hautes falaises et dont l’activité devrait débuter dès cette année. Les fondations sont notamment destinées au futur parc éolien du Fécamp.
Le second projet est porté par Siemens Gamesa, acteur industriel d’envergure internationale. Il s’agit d’une usine de fabrication de pales et d’assemblage de nacelles pour éolienne qui devrait voir le jour sur un terrain adjacent à la centrale du Havre d’ici fin 2021.
Les autres axes stratégiques du Pacte territorial prévoient des actions de valorisation et de protection des espaces naturels de la région, le développement d’une production maraîchère innovante en zone urbaine, le déploiement de deux réseaux de chaleur ainsi que le lancement d’une usine de fabrication de batteries pour véhicules électriques.
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