Le rejet du charbon, un engagement à géométrie variable ?
Le charbon, symbole de la révolution industrielle au XIXe, est devenu une ressource énergétique décriée en raison des quantités astronomiques de gaz à effet de serre que sa combustion contribue à relâcher dans l’atmosphère.
Au fur et à mesure que la lutte contre le réchauffement climatique s’est intensifiée, avec comme point d’orgue la signature de l’Accord de Paris pour le climat, les États du monde entier ont annoncé leur intention de tourner définitivement le dos au charbon.
C’est ainsi que le nombre de centrales à charbon en construction n’a cessé de diminuer ces trois dernières années.
Une nouvelle des plus positives qui cache cependant une triste réalité : si l’on se fie aux résultats d’un rapport publié début avril par trois organisations non gouvernementales de protection de l’environnement, le nombre de centrales thermiques à charbon encore en activité ne rend pas encore possible l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris.
Les centrales thermiques au charbon perdent du terrain
Le Sierra Club, Greenpeace et le Global Energy Monitor ont publié un rapport centré sur le développement des centrales à charbon à travers le monde en 2018.
Selon les chiffres du document, les nouvelles capacités de production au charbon mises en service l’année dernière dans le monde s’élève à 50,2 GW. Soit un recul de 20% par rapport à 2017 et de 53% par rapport à 2015.
Même tendance du côté des projets de centrales thermiques au charbon. Le nombre de centrales en construction a reculé de 39% par rapport à 2017 ; alors que le nombre de projets en phase de pré-construction a reculé de 24% par rapport à 2017 et de 69% par rapport à 2015.
« Depuis 2015, le nombre de centrales à charbon en cours de développement a diminué de 60%. Mais le nombre de centrales à charbon en activité est incompatible avec le maintien du réchauffement climatique nettement en dessous de 2°C. Nous devons donc réduire radicalement l’utilisation des centrales à charbon en activité au cours de la prochaine décennie pour respecter l’accord de Paris », explique Christine Shearer, chercheuse au Global Energy Monitor
La Chine freine la lutte mondiale contre le réchauffement climatique
Le parc de centrales thermiques au charbon de la Chine affiche une puissance de près de 1.000 GW. Un chiffre qui, contrairement à la tendance mondiale, ne devrait pas diminuer au cours des prochaines années. Bien au contraire.
En effet le China Electricity Council, qui chapeaute les services publics d’électricité de l’Empire du Milieu, a préconisé de reprendre la construction des projets de centrales charbon suspendus.
L’objectif est frappant d’irresponsabilité écologique : la Chine compte pousser ses capacités charbon jusqu’à 1.300 GW d’ici 2030.
« Une nouvelle vague de construction de centrales au charbon serait presque impossible à concilier avec les réductions d’émissions nécessaires pour éviter les pires effets du réchauffement planétaire. Les objectifs énergétiques de la Chine ont une incidence plus importante sur les émissions mondiales que toute autre décision de politique nationale », déplore Lauri Myllyvirta de Greenpeace.
La France maintient le cap
En France, le gouvernement semble bien décidé à ne plus avoir recours au charbon dans un futur proche. Le ministre français de la Transition écologique et solidaire a en effet réaffirmé l’objectif de neutralité carbone d’ici l’horizon 2050.
Interrogé sur le projet de loi relatif à la programmation pluriannuelle de l’énergie, François de Rugy a en effet confirmé la volonté du gouvernement de diviser par 8 les émissions de CO2 de l’Hexagone d’ici la moitié du siècle. Une des conditions sine-qua-none à l’atteinte de cet objectif est la fermeture des centrales à charbon.
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, l’arrêt de la production des quatre dernières centrales thermiques encore en activité a pendant un temps été envisagé au plus tard en 2022.
Avant de s’engager définitivement dans cette voie, François de Rugy a demandé au gestionnaire du réseau électrique français, d’évaluer quel impact aurait la fermeture des centrales à charbon sur la sécurité d’approvisionnement électrique des Français. La réponse de la société RTE conforte le gouvernement dans cette échéance de 2022.
RTE estime en effet qu’il est tout à fait possible d’assurer la fourniture d’électricité aux Français sans avoir recours aux centrales à charbon, à condition de prendre quelques précautions.
Parmi elles, la mise en place d’actions concrètes pour favoriser la maîtrise de la consommation d’électricité ainsi que l’optimisation du calendrier des visites décennales du parc nucléaire.
RTE préconise également de maintenir « quelques dizaines d’heures par an » la disponibilité des deux tranches de Cordemais, centrale thermique située dans l’Ouest de la France, où l’approvisionnement est particulièrement tendu en raison d’un manque de moyens de production.
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