Le charbon : source d’énergie bannie !
Source d’énergie principale au XIXe siècle, le charbon a perdu de l’importance dans le mix mondial mais sa production a continué à croître jusqu’en 2014 avant de quasi-stagner ces deux dernières années.
Les premiers pays producteurs de charbon sont par ordre décroissant : la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, l’Australie, l’Indonésie, la Russie, l’Afrique du Sud, l’Allemagne et la Pologne.
Cette liste explique déjà la position de ces pays quand il s’agit de bannir à court terme le charbon pour des questions environnementales : pour eux, c’est toute une filière industrielle dont il faut accompagner la reconversion.
La liste est encore plus significative quand on s’intéresse à la part prise par le charbon dans le mix énergétique. Il représente 92% en Afrique du Sud, 76% en Inde, 76% en Pologne, 73% en Australie, 57% en Chine, 49% en Indonésie, 39% en Allemagne, 30% aux Etats-Unis et 16% en Russie. A la reconversion potentielle d’une filière industrielle, s’ajoute des investissements proportionnellement colossaux pour les pays où le charbon pèse plus d’un tiers dans le mix énergétique.
Les détracteurs du charbon et la lutte contre le réchauffement climatique posent des défis colossaux
- Comment la Chine et de l’Inde pourront-elles trouver dans un temps raisonnable, les moyens financiers et les capacités de production de sources alternatives d’électricité ?
- Comment reconvertir en peu de temps la filière du charbon en Afrique du Sud, en Inde, en Chine et en Pologne ?
- Comment assurer aux grands pays producteurs et consommateurs de charbon une transition leur garantissant le même niveau d’indépendance énergétique ?
Le charbon est la source d’énergie primaire la plus émettrice de CO2, 30% plus émettrice que le pétrole et 70% plus émettrice que le gaz. C’est ce qui fait du charbon le symbole de l’impact des énergies fossiles sur le réchauffement climatique.
Compte tenu de cet impact, certains pays ont déjà annoncé, de manière symbolique, leur volonté de fermer leurs centrales à charbon : la France, par exemple, s’est engagée pour 2022. Ces pays sont ceux pour lesquels cette fermeture a l’impact le plus faible : ce ne sont donc pas les plus gros consommateurs.
Une question de coûts ?
Le charbon fournit une électricité de bandeau c’est à dire en production continue, prévisible et ajustable donc, à ce titre, probablement moins génératrice de coûts induits que les énergies intermittentes. Lazard l’évalue en 2016 aux Etats-Unis comme une énergie économique (au minimum 60$/MWh), dépassé néanmoins par les centrales gaz à cycle combiné (au minimum 48$/MWh) et par l’éolien et le solaire dans certaines conditions.
Ces données brutes excluent les coûts induits qui défavorisent les énergies intermittentes, et le coût des émissions de CO2 qui pénalise l’électricité d’origine thermique.
Une approche globale montre que le charbon n’est plus toujours la source de production d’électricité la moins chère : un mix se reposant largement sur lui n’a désormais plus de sens. Mais les pays producteurs conservant une part de production d’électricité à base de charbon pousse à trouver des moyens de réduire son impact environnemental.
Des projets de captage et de stockage du CO2 sont lancés en Allemagne et aux Etats-Unis. Ces solutions ne seront pérennisées que si le prix du CO2 leur confère encore et durablement une rentabilité acceptable.
En attendant, le charbon pourrait bien être la source d’énergie bannie conduisant à son déclin dans quelques années !