La Chine sabre ses subventions aux voitures électriques pour encourager « la concurrence »
La Chine va sabrer de moitié la forte subvention qu’elle accordait pour l’achat d’un véhicule électrique, a annoncé le gouvernement, dans l’objectif d’obliger les constructeurs à se montrer plus innovants et concurrentiels sur ce segment en plein boom.
Les primes à l’achat concernant les voitures « à énergie nouvelle » seront réduites de 50% cette année par rapport au niveau de 2018, dans la perspective de leur suppression totale en 2020, a expliqué le ministère des Finances dans plusieurs notices diffusées mardi et mercredi.
Ainsi, la subvention pour l’acquisition d’une voiture entièrement électrique d’une autonomie supérieure à 400 km sera ramenée à 25.000 yuans (3.300 euros) contre 50.000 yuans auparavant.
Par ailleurs, les conditions ont été durcies: pour ouvrir le droit à cette prime à l’achat, un véhicule devra afficher une autonomie d’au moins 250 km, contre seulement 150 km auparavant.
De même, les autorités régionales et provinciales ont été enjointes de cesser également leurs propres subventions aux véhicules électriques, pour se concentrer plutôt sur le financement des infrastructures de rechargement.
Le système de très généreuses primes à l’achat mis en place par Pékin à partir de 2016 a favorisé un essor rapide des ventes de voitures électriques et hybrides: elle se sont encore envolées de 62% en 2018, bien qu’elles pèsent seulement 4% du marché chinois.
En janvier, ces ventes ont plus que doublé sur un an — le bond étant même de 180% pour les voitures purement électriques, qui forment l’essentiel du segment.
Mais, revers de la médaille, les constructeurs sont accusés d’être devenus trop dépendants de ces subventions, tendant à engranger les profits sans nécessairement sentir la nécessité d’améliorer leurs technologies.
Après avoir engagé une dynamique de vente des « voitures propres », le gouvernement veut désormais encourager l’innovation et une concurrence plus aiguisée entre les constructeurs.
« L’instauration de primes a entraîné certaines entreprises dans la dépendance et la concurrence n’est pas très prononcée (…) En tenant compte des économies d’échelles (dues au boom des ventes) et de la réduction des coûts (…) l’abaissement des subventions vise à promouvoir le principe de +la survie du plus fort+ », observe un communiqué du ministère.
Pourtant largement attendue, cette annonce a fait dégringoler mercredi les actions en Bourse des constructeurs automobiles chinois positionnés fortement sur l’électrique. Le groupe BYD a ainsi lâché 2,38% à Hong Kong et la filiale « véhicules verts » du géant BAIC a lâché 2,51% à Shanghai.
Pour autant, les autorités devraient continuer de soutenir le développement de l’automobile électrique — en imposant de stricts quotas de production de véhicules « verts » aux constructeurs, tout en maintenant des avantages (obtention largement facilitée d’une plaque d’immatriculation, par exemple) pour les acheteurs.
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