Chypre: Total veut élargir ses prospections malgré les menaces de la Turquie
Le groupe français Total a affirmé lundi sa volonté d’élargir ses prospections gazières et pétrolières au large de Chypre malgré les mises en garde de la Turquie qui réclame la suspension des explorations tant qu’une solution à la division de l’île n’aura pas été trouvée.
L’île méditerranéenne de Chypre est divisée depuis 1974. La République de Chypre, seule reconnue internationalement, n’exerce son autorité que sur la partie sud de l’île, le nord étant de facto sous contrôle de l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord, soutenue par Ankara qui y a basé des milliers de militaires.
Les explorations gazières menées dans la ZEE par la République du Chypre ont déclenché des tensions avec Ankara, qui réclame leur suspension dans l’attente d’une solution à la division de l’île.
Le processus pour la réunification est en suspens depuis l’échec l’an dernier des dernières négociations parrainées par l’ONU.
Total s’est associé avec l’Italien Eni dans deux zones au large de l’île. Le directeur régional du groupe français, Stephane Michel, a exprimé lundi le souhait de Total d’élargir son partenariat.
« Nous avons fait une demande pour entrer dans le bloc 8 dont dispose Eni et venons soutenir cette demande », a-t-il déclaré devant les journalistes à l’issue de discussions avec le président de la République de Chypre, Nicos Anastasiades.
Le ministre chypriote de l’Energie, George Lakkotrypis, a déclaré que « les discussions avaient été constructives concernant les prochaines étapes » pour que Total puisse opérer dans la Zone économique exclusive (ZEE) de Chypre.
Il a salué l’engagement de Total comme un « développement extrêmement important » qui renforcera le consortium énergétique.
En février, la marine turque avait empêché un navire affrété par Eni de se rendre sur le bloc numéro 3 pour réaliser des forages d’exploration. Le bateau avait dû quitter les eaux chypriotes.
Le mois dernier le PDG d’Eni, Claudio Descalzi, avait insisté sur le fait que sa compagnie comptait mener à bien ses explorations de gaz naturel dans tous les blocs qui lui ont été attribués par les autorités chypriotes reconnues au large de l’île.
« Jusqu’à présent, nous avons investi 700 millions d’euros à Chypre, ce qui veut dire que nous sommes engagés très solidement dans et envers ce pays », avait-il déclaré après une rencontre avec le président Anastasiades.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde les compagnies internationales comptant prospecter dans les eaux chypriotes, arguant défendre les « droits inaliénables » de la communauté chypriote-turque sur les ressources naturelles de l’île.
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