Climat: les gestionnaires de fonds assoiffés de pétrole malgré leurs promesses, dénonce une ONG
Des gestionnaires d’actifs du monde entier, dont l’américain BlackRock, détiennent plus de 400 milliards de dollars (plus de 360 milliards d’euros) d’investissements dans des producteurs d’hydrocarbures, en contradiction avec leurs engagements climatiques affichés, dénonce l’ONG Carbon Tracker dans une étude parue vendredi.
Les auteurs ont analysé les investissements de firmes financières qui comptent parmi les actionnaires de 15 grandes entreprises privées du secteur des hydrocarbures comme le britannique BP, l’américain ExxonMobil ou le français TotalEnergies.
Aucun de ces géants des énergies fossiles n’est « aligné » avec un objectif de limiter le réchauffement mondial à 1,5°C par rapport à la période préindustrielle, selon Carbon Tracker, qui prend comme référence l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015.
Parmi les gestionnaires, un certain nombre de groupes américains se distinguent par leurs importants investissements dans les entreprises pétrolières et gazières, comme le géant BlackRock (avec une valeur des actifs dans le pétrole et gaz de 116 milliards en 2022).
D’autres comme le français Amundi (12 milliards) sont également épinglés.
Les auteurs remarquent que bon nombre d’entre eux se sont pourtant officiellement engagés sur le front climatique, notamment en rejoignant la « Net Zero Asset Managers Initiative » (NZAM).
Cette dernière se donne pour objectif de « soutenir l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050 ou avant, en ligne avec les efforts pour limiter le réchauffement à 1,5°C ». On y retrouve BlackRock, JPMorgan, UBS, Amundi, BNP Paribas ou encore Lazard.
Selon Carbon tracker, les 25 groupes financiers membres de la NZAM les plus exposés au secteur des hydrocarbures totalisent près de 417 milliards de dollars d’investissements dans le secteur pétrolier et gazier.
Carbon Tracker note que nombre d’entre eux ont même augmenté entre 2021 et 2022 leur exposition au secteur fossile, dont les bénéfices ont été gonflés depuis plus d’un an par la guerre en Ukraine.
Les gestionnaires membres de l’initiative NZAM « signalent au marché qu’ils vont investir en ligne avec l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5°C », remarque Maeve O’Connor, autrice du rapport.
Mais « s’ils investissent dans des entreprises du secteur pétrolier et gazier qui ne sont pas alignées avec cet objectif, ils risquent leur réputation auprès des propriétaires des actifs qui se soucient de la question climatique », met-elle en garde.
« D’autres investisseurs peuvent aussi s’inquiéter de leur exposition aux risques liés à la transition énergétique », ajoute-t-elle, car certains actifs fossiles risquent de perdre leur valeur avec l’essor d’autres formes d’énergies plus propres.
Contactée par l’AFP, l’initiative NZAM dit « partager la vision de Carbon Tracker sur le fait que le secteur du pétrole et du gaz doit rapidement se décarboner pour faire face à l’urgence de la crise climatique ».
COMMENTAIRES
Ce n’est pas en couvrant terre et mer avec des éoliennes que l’on va diminuer les émissions de CO2 dans la mesure ou les investissements en « stockage de masse » ne sont pas faits en parallèle et que les centrales à gaz (et à charbon) fleurissent pour palier l’intermittence de production de ces moulins à vent.
Si l’électricité était achetée aux éoliennes au prix du marché, ces entreprises investiraient (peut être) dans les moyens de stockage, mais avec des prix garantis et des livraisons prioritaires, nous ne cesserons pas de développer ces moyens de production variable, non prévisible adossés à des moyens variables pilotables (centrales thermiques).