Les objectifs climatiques de Pékin menacés par le succès des mines de bitcoins chinoises, selon une étude
Les mines de bitcoins chinoises, gourmandes en électricité, qui alimentent près de 80% du commerce mondial de crypto-monnaies, risquent de compromettre les objectifs climatiques du pays, selon une étude publiée mardi dans la revue scientifique Nature.
Une mine de bitcoins n’est pas un trou dans le sol dont on extrairait des bitcoins mais un site plein de microprocesseurs qui tournent pour effectuer des calculs mathématiques pour le réseau de la monnaie virtuelle appelée bitcoin.
Ces ordinateurs, à l’origine donc de la création de bitcoins, consomment d’énormes quantité d’électricité, tirée en partie de centrales au charbon.
Selon l’étude de Nature, si rien n’est fait, les mines de bitcoins chinoises produiront 130,50 millions de tonnes métriques d’émissions de dioxyde de carbone d’ici 2024, soit près du total des émissions annuelles de gaz à effet de serre de l’Italie ou de l’Arabie saoudite.
En avril 2020, les entreprises chinoises qui ont accès à de l’électricité et à du matériel bon marché géraient 78,89% des opérations mondiales de bitcoins, affirme Nature.
Environ 40% des mines de bitcoins chinoises sont alimentées par de l’électrcité tirée du charbon, tandis que le reste utilise des énergies renouvelables, selon l’étude.
Mais ces installations gourmandes en charbon sont si grandes qu’elles pourraient finir par compromettre l’engagement environnemental de Pékin d’atteindre le pic des émissions de carbone avant 2030 et de devenir neutre en carbone d’ici 2060, prévient l’étude.
« L’exploitation intensive du bitcoin en Chine peut rapidement devenir une menace qui pourrait potentiellement saper l’effort de réduction des émissions », a déclaré à l’AFP l’un des coauteurs de l’étude, Wang Shouyang, qui appartient à l’Académie chinoise des sciences.
Pour ce dernier, le gouvernement chinois devrait se concentrer sur la modernisation du réseau électrique pour assurer un approvisionnement stable à partir de sources renouvelables.
« Comme les prix de l’énergie dans les régions chinoises à énergie propre sont plus bas que ceux des régions alimentées en charbon, les ‘mineurs’ –qui font tourner leur matériel informatique pour effectuer des calculs mathématiques et participer au réseau, dans le but de recevoir une récompense en bitcoin, ndlr– devraient être davantage incités à s’installer dans les régions à énergie propre », a-t-il ajouté.
Cette année, l’industrie des mines de bitcoins devrait consommer 0,6 % de la production totale d’électricité dans le monde, soit plus que ce dont a besoin annuellement la Norvège, selon l’indice de consommation d’électricité des bitcoins de l’Université de Cambridge.
Le prix du bitcoin a quintuplé au cours de l’année écoulée, atteignant un record de plus de 61.000 dollars en mars, et oscille désormais juste en dessous de la barre des 60.000 dollars.
Compte tenu des profits qu’il est possible de faire, M. Wang estime que l’imposition de taxes sur le carbone ne suffit pas à dissuader les mineurs.
En 2019, la Chine a interdit le commerce des crypto-monnaies pour lutter contre le blanchiment d’argent. Mais le « minage » de bitcoins y reste autorisé.
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A lire cet article on pourrait croire qu’un milliard de chinois tripatouillent dans les bitcoins