Comment l'ONG Oxfam veut éclairer des WC grâce à l'urine ?
En partenariat avec l’ONG Oxfam, l’université de Bristol en Angleterre (University of the West of England) expérimente depuis jeudi 5 mars l‘éclairage de toilettes grâce à de l’urine. Grâce à ce nouveau procédé reposant sur l’usage d’une pile à combustible microbienne, l’objectif de l’ONG est de fournir de la lumière dans les sanitaires des camps de réfugiés, afin de rendre ces endroits plus sûrs.
Un WC prototype a été installé près du bar des étudiants de l’université anglaise. Concrètement, la matière organique de l’urine est utilisée pour booster la production électrique des piles à combustible microbienne, qui produisent de l’énergie grâce à l’action de microbes dit « électrogènes ». A savoir des microbes qui génèrent des électrons lorsqu’ils « digèrent » la matière organique. L’apport organique de l’urine renforce ce phénomène, et in fine, l’efficacité de la pile.
En 2013, l’un des chercheurs de l’université, le docteur Ioannis Ieropoulos, était déjà parvenu à recharger un téléphone portable avec ce même procédé, mais l’apport de l’urine permet d’utiliser les piles à combustible microbienne pour alimenter des dispositifs qui nécessitent plus d’énergie.
Cette expérimentation écologique s’avère très économique. En effet, comme le souligne le professeur Loannis Leropoulos, «une pile à combustible microbienne coûte environ 1 livre à produire, et notre prototype, aux alentours de 600 livres (environ 830 euros). Cela représente un atout significatif, d’autant que la technologie a une durée de vie en théorie inépuisable »
L’université anglaise s’est associée à l’ONG Oxfam afin que cette innovation puisse être développé dans les camps de réfugiés. En effet, grâce à ce procédé, les sanitaires pourront être éclairés ce qui permettra de rendre moins dangereux leurs accès, notamment pour les femmes qui sont régulièrement victimes d’agressions dans ces camps.
Comme le souligne Andy Bastable, responsable de l’eau et des installations sanitaires à Oxfam « cette technologie représente un grand pas en avant. C’est toujours un défi d’éclairer des zones loin de toute source d’énergie. Vivre dans un camp de réfugiés est suffisamment difficile pour ne pas y ajouter la menace d’être agressé dans des endroits mal-éclairés la nuit. Le potentiel de cette invention est énorme »
Crédit photo : Lionel Allorge