Comment les inspecteurs nucléaires garantissent-ils la sécurité des vieux réacteurs ?
Le New York Times révèle aujourd’hui que les autorités japonaises de contrôle nucléaire ont prolongé de dix ans la vie d’un réacteur nucléaire âgé de la centrale de Fukushima Daiichi en dépit de composants endommagés. Les inspecteurs n’auraient eu que trois jours afin de procéder aux vérifications. Sur quels éléments fondent-ils leurs conclusions concernant un réacteur qui se fait vieux?
Les inspecteurs font tout d’abord la chasse aux signes d’usure : traces de rouille, fissures et enfoncements, par exemple. Les réacteurs nucléaires sont composés de milliers de pièces: vannes, pompes, turbines, etc. Les inspecteurs surveillent chacune de ces parties. Mais ce qui suscite les plus grandes inquiétudes dans les centrales anciennes, ce sont les caissons de réacteur, qui abritent le cœur ainsi que l’enceinte de confinement. Les radiations ainsi que les phénomènes météorologiques normaux érodent ces éléments. Les inspecteurs doivent donc procéder régulièrement à des mesures sur les parois du caisson pour vérifier qu’il n’y a pas de signes de corrosion ou de fêlures et garantir une totale étanchéité.
Les inspecteurs vérifient également l’état des caissons. Leurs murs en acier de 15 à 20 centimètres d’épaisseur reçoivent une multitude de radiations et subissent des cycles de réchauffement et de refroidissement extrêmes à chaque fois que le réacteur est redémarré – tous les 18 ou 24 mois durant son ravitaillement en combustible. Pour tester la sécurité des caissons dans le temps, les ingénieurs nucléaires conservent des échantillons de métal identique (type et épaisseur) à celui de la paroi du caisson dans le réacteur en fonctionnement. Ils les récupèrent périodiquement pour vérifier leur état d’usure. On part du principe que ces échantillons subissent les mêmes effets que le caisson du réacteur. Actuellement, les spécialistes s’accordent à dire que, dans des conditions normales de fonctionnement, un caisson est efficace au moins 60 ans.
La surveillance des enceintes de confinement est également très importante. Plus d’un quart des systèmes de confinement des 104 réacteurs nucléaires en service aux Etats-Unis présentent aujourd’hui certaines formes de dégradation. Des dégradations éventuellement dues aux cycles chaud-froid, à l’érosion ou encore à des matières organiques qui se sont formées dans le béton. Contrairement aux caissons de réacteur, les enceintes de confinement endommagées peuvent être réparées.
Il existe plusieurs méthodes de contrôle d’une enceinte de confinement. D’abord, les inspecteurs scrutent ces structures, à l’œil nu ou la loupe, pour détecter d’éventuelles traces de rouille ou des craquelures. Ils peuvent appliquer un liquide sur le mur, essuyer le liquide en surface, et voir si le liquide en question pénètre dans le mur. Parfois, les ingénieurs créent un champ magnétique dans le mur, puis ils l’enduisent d’une fine couche de particules de fer. Si les caractéristiques du champ magnétique sont perturbées, cela indique la présence de craquelures. Les défauts peuvent également être révélés au moyen d’ondes sonores, de radios, de résistances électriques et de tests de compression.
Voici donc les priorités des inspecteurs lors de leurs contrôles des centrales nucléaires. Chaque prolongation de durée de vie est décidée lorsque ce « contrôle technique » a été passé avec succès.