La prochaine généralisation de compteurs intelligents (électricité et gaz), capables de fournir à chacun d’entre nous et en temps réel des informations sur notre niveau de consommation, devrait faire baisser la consommation énergétique des Français. Encore fallait-il le vérifier. C’est ce qu’on fait les chercheurs de l’Université de Nice Sophia Antipolis, en charge du projet TicElec centré sur l’électricité. Leurs résultats,  publiés le 22 août 2015 dans la revue Journal of Strategy and Management, sont formels : plus on est informé sur sa consommation, moins on utilise d’énergie.

L’expérience, menée à Biot (Alpes-Maritimes) pendant plus d’un an, a consisté à sélectionner  une centaine de foyers volontaires, répartis en trois groupes. Deux groupes munis de différents outils techniques (compteurs intelligents ou capteurs nomades de type TIC) et possédant des informations plus ou moins détaillées (consommation au jour le jour, par types d’équipement …), et un troisième groupe témoin ne bénéficiant d’aucun équipement, ni d’informations particulières.

Les résultats sont probants. Les chercheurs ont constaté des différences très marquées au niveau des habitudes et des pratiques de consommation de l’électricité (comme l’extinction des lumières ou la plus grande utilisation d’ampoules basse consommation, par exemple). Ils ont clairement fait le lien entre ces différences de consommation et la présence ou l’absence d’informations.

La consommation électrique des groupes équipés de TIC a baissé de 23 % par rapport au niveau initial. Parmi les deux groupes équipés, il apparaît que celui ayant reçu une information plus complète a moins consommé que l’autre, ce qui prouve qu’une information fine, neutre (sans comparaison avec celle des autres) et n’apparaissant pas comme une contrainte ou une obligation,  est plus efficace.

La consommation électrique reste toutefois dure à matérialiser pour bon nombre de ménages qui ne se rendent pas compte de l’impact concret de leur effort individuel sur leur facture, et montrent parfois peu de motivation pour réduire leur consommation énergétique.

Ces résultats restent très encourageants, et répondent à certaines questions concernant notre aptitude et notre capacité à changer nos habitudes de manière profonde et durable. De bon augure avant le déploiement massif des compteurs électriques Linky et des compteurs gaz Gazpar.

Crédit photo : Audebert Jean-Baptiste