Congo : des hydroliennes pour alimenter les frigos des paysans ?
Organisé par l’Agence Française de Développement (AFD) et le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), le « Challenge Climat Agriculture et Forêts » est un concours international qui encourage les projets innovants dans le secteur agricole et forestier, afin de faire face aux effets du changement climatique. Dans le cadre de la première édition de ce concours, 12 projets lauréats ont été sélectionnés par un jury de professionnels. C’est notamment le cas du projet de Maguelonne Loubelo, une jeune ingénieure et ancienne travailleuse humanitaire, qui ambitionne de développer l’énergie hydrolienne sur le fleuve Congo.
Le Congo est le cinquième fleuve du monde et le deuxième du continent africain de par sa longueur (4.700 kilomètres). Les paysans de la République du Congo le considèrent comme une ressource primordiale à leur activité. Toutefois, le manque d’infrastructures de transport et de lieux de stockage réfrigérés fiables pour les produits issus des activités agricoles entraine, chaque année, le gaspillage de plusieurs tonnes de fruits et légumes. Une situation d’autant plus préjudiciable dans un pays en situation d’insécurité alimentaire.
« Il n’y a pas d’hydroliennes dans cette zone[alors que le Congo est] le deuxième fleuve le plus puissant du monde. On peut penser que c’est un bon endroit pour mettre des hydroliennes », estime Maguelonne Loubelo. Cette ancienne de Polytechnique compte en effet installer des hydroliennes sur le Congo d’ici la fin de l’année. Son objectif : produire l’énergie électrique nécessaire à l’alimentation de centres de stockage et de transformations pour les produits issus des activités agricoles et de la pêche.
Le projet de Mme Loubelo prévoit tout d’abord une phase test qui consistera à installer une hydrolienne flottante afin d’alimenter en électricité le centre de stockage et de transformation du village de Loubassa. Une technique qui sera ensuite normalement déployée à plus grande échelle le long des rives du Congo et des rivières navigables afin de fournir de l’électricité aux villages plus éloignés.
En leur permettant de stocker en toute sécurité leur production, le projet de Mme Loubelo permettrait aux agriculteurs congolais de développer leur activité et d’augmenter leurs revenus. De plus, il offrirait également la possibilité de remplacer les groupes électrogènes, fonctionnant à l’énergie fossile polluante, qui alimentent aujourd’hui (mais de manière intermittente en raison des pénuries de carburant) les chambres froides des villages du Congo.
Le premier défi auquel doit faire face le projet n’est pas d’ordre technologique, installer une hydrolienne « c’est pas compliqué » affirme Maguelonne Loubelo, mais d’ordre financier : le coût total du projet-pilote de Loubassa est estimé entre 100.000 et 150.000 euros. Mme Loubelo espère toutefois pouvoir trouver toute ou partie de cette somme auprès d’entreprises et d’ONG. Le projet pourrait également bénéficier du soutien financier de l’AFD et du CIRAD… en dehors du cadre du Challenge Climat Agriculture et Forêts.
Crédit photo : CIFOR