Consultation citoyenne : vers la fin du changement d’heure ?
Une grande majorité de pays occidentaux se sont engagés à réduire leur consommation énergétique afin de baisser leurs émissions de gaz à effet de serre. Cette démarche tend à donner une importance particulière à la moindre économie d’électricité.
Le changement d’heure fait partie de ces petits gestes qui peuvent avoir un impact non négligeable sur notre empreinte carbone.
Ce rituel vise en effet à réduire notre recours au réseau électrique (lumière, chauffage…) en faisant concorder nos heures d’activité avec les heures d’ensoleillement.
Cependant, il s’agit également d’une mesure controversée.
Invités à se prononcer sur la question du changement d’heure, les Français ont définitivement acté leur souhait d’en finir avec le changement d’heure. Explications.
Un bref rappel historique
C’est l’inventeur américain Benjamin Franklin qui évoque pour la première fois, en 1784, l’idée de changer d’heure en fonction de la saison pour profiter au maximum des heures d’ensoleillement.
Cette proposition vise principalement à répondre au contexte de l’époque : celui d’une société encore largement agricole où le soleil est très utile aux activités humaines. Mais Franklin a également en tête l’objectif d’économiser des ressources : le changement d’heure serait selon lui propice aux économies de chandelle.
Mais il faudra attendre le début du 20ème siècle pour que le changement d’heure s’applique. En 1916, alors que la Première Guerre Mondiale bat son plein, les dirigeants des Empires Centraux se demandent comment réduire leur consommation de charbon.
L’Allemagne instaure à cet effet le changement d’heure le 30 avril. Elle est rapidement imitée par des nations Alliées comme l’Angleterre et la France.
Le changement d’heure est supprimé à la Libération, puis rétabli de nouveau au moment de la Seconde Guerre Mondiale. Mais la mesure ne sera définitivement entérinée en France qu’à la suite du choc pétrolier de 1973-1974, au moment où le gouvernement de Jacques Chirac souhaite réduire les importations françaises d’hydrocarbures.
De l’objectif d’économiser l’énergie
Le changement d’heure est une mesure qui a souvent eu pour objectif de rationaliser la consommation énergétique d’un territoire.
L’idée principale est en effet de faire correspondre les heures d’activités humaines aux heures d’ensoleillement afin de limiter le recours à l’éclairage artificiel et au chauffage. Et ainsi réduire les pics de consommation d’énergie et donc les émissions de gaz à effet de serre.
En 2010, dans sa dernière étude sur le sujet, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) a chiffré à 440 GWh d’électricité les économies réalisées grâce au changement d’heure en France.
Un volume qui correspond à la consommation de 800.000 foyers de l’Hexagone et qui permettrait d’éviter le rejet de près de 44.000 tonnes de dioxyde de carbone. Le tout pour « un coût quasi-nul à mettre en œuvre », insiste l’Ademe.
Reste que des voix se sont toujours élevées contre le changement d’heure. La mesure est contestée en raison de ses effets négatifs sur notre cycle circadien (rythme du sommeil).
Selon certaines études scientifiques, le changement d’heure augmenterait les risques d’AVC et d’infarctus, mais également le nombre d’accidents de la circulation.
De plus, à l’heure de la démocratisation des technologies LED et des énergies renouvelables, les détracteurs du changement d’heure estiment que les gains d’énergie et la réduction des émissions de CO2 ne sont plus suffisamment importants pour justifier du maintien de la mesure.
Les Français favorables à la suppression du changement d’heure
En septembre 2018, la Commission européenne a ainsi proposé une nouvelle directive visant à mettre fin au changement d’heure. En France, la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale s’est saisie de la question et a décidé d’organiser une vaste opération de consultation citoyenne.
Plus de 2 millions de citoyens français ont répondu, un véritable record en matière de consultation citoyenne.
Les résultats annoncés sont largement favorables à la suppression de ce rituel quarantenaire : 83,71% des sondés souhaitent en effet l’abandon du changement d’heure.
Également interrogés sur leur préférence, 59,17% des Français préfèreraient conserver l’heure d’été (UTC+2) tout au long de l’année.
Un résultat qui coïncide avec celui obtenu par la Commission européenne lors de sa consultation de l’été 2018 (56% des sondés souhaitent conserver l’heure d’été).
« On ne pourra pas acter l’heure d’été en France parce qu’il faut attendre l’harmonisation européenne. Il faut faire attention, ce n’est qu’une consultation (…). Les États-membres vont devoir décider d’ici avril 2020 de leur fuseau horaire. Le dernier changement d’heure n’aura pas lieu en avril 2019 parce qu’il faut une coordination. Il aura lieu en mars 2021″, a expliqué aux journalistes de RTL Karima Delli, députée européenne Europe Écologie-Les Verts.
Les détracteurs du changement d’heure devront donc prendre encore leur mal en patience et, surtout, ne pas oublier de changer l’heure à la fin du mois. Dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 mars, il s’agira en effet d’avancer nos montres d’une heure… et donc de perdre une heure de sommeil.
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