Coopération énergétique franco-allemande: un rapport dénonce le manque de réalisme économique
Un rapport français sur la coopération énergétique franco-allemande a été rendu public ce mercredi 29 mai. S’il insiste sur la nécessité pour ces deux partenaires de mieux prendre en compte la dimension économique dans le cadre de la transition énergétique en marche, ce rapport dénonce de manière implicite les « mauvais » choix de notre voisin allemand en matière de politique énergétique.
En effet, comme le précise le sénateur français et auteur de ce rapport Jean Bizet, la transition énergétique, si elle se veut être un succès, devra prendre en compte de manière plus efficace les exigences et enjeux économiques du marché. Alors que les programmes de coopération entre l’Allemagne et la France concernant cette transition n’évoquent à aucun moment les moyens de financement qui seront mis à contribution, le sénateur UMP rappelle toutefois qu’il n’est pas possible dans la conjoncture actuelle « d’occulter la donne économique » et que la réindustrialisation de l’Europe ne pourra avoir lieu qu’avec « une énergie maîtrisée et la moins chère possible ».
Or, si les prix de l’électricité ont augmenté en France ces dernières années, ils restent encore deux fois inférieurs aux tarifs en vigueur en Allemagne où le subventionnent à outrance des énergies renouvelables a provoqué une hausse très importante des prix pour les consommateurs. Les taxes représentent à ce jour près de la moitié de la facture d’électricité outre-Rhin contre seulement un tiers en France.
De plus, ce rapport insiste également sur la nécessité de maintenir un part d’énergie électronucléaire dans le cadre de cette transition énergétique alors que Berlin a justement fait le choix inverse. Privilégiant à tout prix les énergies vertes, l’Allemagne a en effet décidé de l’extinction de sa filière nucléaire au profit temporaire du charbon fortement émetteur en CO2. Un choix unilatéral qui, pour le sénateur français, aurait mérité une concertation à la hauteur de notre partenariat. M. Bizet ajoute de ce fait et non sans ironie, que « grâce à l’énergie électronucléaire française, nos amis allemands pourront disposer d’une électricité plus respectueuse de l’environnement sans avoir sur leur sol des centrales comportant le mot nucléaire ».
En conséquence, si l’Allemagne soutient plus que jamais le développement des énergies renouvelables, le pays est devenu dans le même temps le plus gros pollueur d’Europe avec plus de 736 millions de tonnes de CO2 émis en 2013 contre seulement 350 millions pour la rance. Ajouté à cela, la transition allemande semble butter « sur les effets délétères » des énergies renouvelables dont « l’intermittence non maîtrisée » exerce « des ravages sur les réseaux électriques mais aussi sur les marchés de gros dont le fonctionnement erratique menace la pérennité des producteurs traditionnels ».
Le rapport recommande donc « d’éviter le surinvestissement » dans les énergies renouvelables tant que les grands défis technologiques que constituent le stockage de l’électricité produite en excès et le développement des réseaux intelligents qui permettront de caler au mieux la consommation finale sur la production, n’auront pas été relevés. Jean Bizet conclut dans ce sens que le nucléaire français est aujourd’hui encore « indispensable à la transition énergétique ».
Crédits photo : Armin Kübelbeck
