Coronavirus et désaccord au sein de l’OPEP : le cours du pétrole s’effondre
Le 9 mars a été une journée noire pour les marchés mondiaux. À Paris, l’indice du CAC 40 accusait une baisse de 8,3% signant ainsi sa pire séance depuis 2008. À Wall Street, face au recul de 6% du Nasdaq, les échanges ont été suspendus pendant 15 minutes afin d’éviter une véritable panique générale. Même son de cloche du côté de la Bourse de Hong Kong (-4%), de Londres (-7%) et de Francfort (-7,9%).
Aucune place boursière n’a été épargnée par la crise sanitaire du coronavirus. Mais la propagation de l’épidémie de Covid-19 n’est pas la seule cause de cet effondrement des places financières mondiales. L’échec des discussions entre l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) et ses partenaires a également contribué à la plongée de l’activité mondiale et de la demande de brut. Explications.
D’une crise sanitaire liée au coronavirus…
La propagation du coronavirus perturbe fortement l’économie mondiale. Arrêt des chaines de production, ralentissement du trafic aérien, baisse de l’affluence touristique… Le Covid-19 a entraîné en quelques semaines une baisse importante de la consommation de pétrole et, par effet ricochet, une chute de la demande de brut. Résultat : les cours du pétrole s’en ressentent à la baisse.
Soucieux d’enrayer la chute des cours de l’or noir, les 13 pays membres de l’OPEP se sont réunis le 5 mars afin de s’entendre sur un recul supplémentaire de la production : l’Arabie Saoudite et ses alliés ont acté une baisse de la production à hauteur de 1,5 million de barils par jour jusqu’à la fin de l’année.
Il ne restait plus qu’à convaincre la Russie et les 9 autres pays partenaires du bien-fondé de cette nouvelle baisse supplémentaire destinée à maintenir le prix du pétrole à un niveau compétitif pour le cartel pétrolier. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu lors de la rencontre entre les pays membres de l’OPEP et leurs partenaires non-membres.
… à une crise géopolitique liée au marché pétrolier
Lors d’une seconde réunion organisée à Vienne le vendredi 6 mars, l’OPEP et ses partenaires n’ont en effet pas réussi à s’accorder sur une nouvelle réduction de la production. Moscou, deuxième producteur mondial de pétrole, semble tabler sur une crise sanitaire de courte durée : le négociateur russe a catégoriquement refusé une baisse quotidienne de 1,5 million de barils.
« Les autorités russes sont d’accord pour prolonger les accords existants. Mais il n’y a pas de position finale sur une baisse supplémentaire de la production », ont fait savoir les autorités russes pour qui le prix actuel du pétrole ne semble pas être problématique.
Les effets de l’échec de cette réunion n’ont pas tardé à se faire ressentir : le jour-même, le baril de Brent perdait 10% de sa valeur et s’inscrivait à son plus bas niveau depuis juillet 2017.
En réponse au refus russe, l’Arabie Saoudite a décidé de littéralement casser ses prix afin d’écouler son stock de pétrole : il s’agit de la plus importante réduction de ses prix pétroliers de ces 20 dernières années. Aramco a par exemple vendu son baril d’Arabian Light au plus bas prix jamais pratiqué : 10,25 dollars en dessous du baril de Brent de la mer du Nord.
Vers un recul de la demande mondiale de pétrole ?
Depuis janvier dernier, le prix du baril de Brent, qui sert en général de référence sur les marchés mondiaux, a chuté de près de 50%. Une nouvelle particulièrement bonne pour les automobilistes : selon le site carbu.com le sans-plomb 95 a enregistré une baisse de 1,6 centime d’euros le litre en une semaine (pour s’établir aux alentours de 1,46€ le litre). Même chose pour le gazole (baisse de 1,8 centime pour s’inscrire en moyenne à 1,35€ le litre).
Si la baisse des prix à la pompe a un effet bénéfique pour le pouvoir d’achat à court terme, le gouvernement annonce que l’impact du coronavirus sur l’économie français pourrait être « très sévère ». Interrogé à ce sujet par France Inter, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a même envisagé une croissance du PIB inférieure à 1% en 2020.
Perturbée par le coronavirus et freinée par le positionnement de la Russie, la demande mondiale de pétrole devrait accuser le coup en 2020 : cela devrait être la première fois depuis 2000 que la demande s’inscrit à la baisse.
L’Agence Internationale de l’Énergie table sur un recul d’environ 90.000 barils par jour par rapport à 2019. Une nouvelle qui n’est pas forcément mauvaise dans le contexte actuel de lutte contre le réchauffement climatique.