La Corse mise sur le gaz naturel pour améliorer son bilan carbone
Tout comme l’ensemble des territoires français d’Outre-Mer, la Corse présente une situation particulière sur le plan énergétique. Région insulaire isolée du réseau électrique continental (à l’exception d’une liaison sous-marine avec l’Italie), l’Île de Beauté doit en effet produire localement son énergie avec ses propres moyens, et notamment des centrales thermiques sources de dioxyde de carbone. Une configuration qui explique pourquoi l’électricité affiche un coût plus important pour un bilan carbone moins respectueux de l’environnement. Ce système énergétique difficile à gérer est cependant en voie de transformation, notamment grâce à des évolutions en matière d’efficacité énergétique. L’État et la Collectivité Territoriale de Corse ont à ce titre décidé, via la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) adoptée en décembre 2015, de remplacer le fioul des centrales thermiques par du gaz naturel.
À la recherche d’un opérateur pour l’infrastructure d’alimentation en gaz naturel
La Corse connaît depuis une dizaine d’années une forte croissance de ses besoins en électricité : tous les ans, la demande en énergie électrique des citoyens augmente en moyenne de 3,6%. Si, pour répondre à cette demande en constante évolution, l’Île de Beauté peut compter sur sa production renouvelable (et notamment l’hydroélectricité) et l’importation de l’électricité italienne, une grande majorité de cette énergie provient de deux centrales thermiques à moteur diesel.
Les centrales thermiques de Vazzio et de Lucciana, qui affichent respectivement une puissance de 132,3 MW et 128 MW, sont une source importante de gaz à effet de serre. C’est la raison pour laquelle, en accord avec la PPE Corse, il a été décidé de convertir ces deux unités de production au gaz naturel.
Dans le cadre de cette conversion, la ministre de l’Énergie et de l’Environnement Ségolène Royal a officiellement lancé le 20 mars une « procédure de dialogue concurrentiel » qui porte sur la sélection d’un opérateur pour la construction et l’exploitation « d’une infrastructure d’alimentation de la Corse en gaz naturel ». Cette infrastructure aura pour mission d’assurer l’acheminement du gaz naturel jusqu’aux deux moyens de production thermique d’électricité, c’est-à-dire les centrales de Vazzio et de Lucciana.
« La PPE retient une infrastructure constituée d’un terminal flottant de stockage et de regazéification ancré au large de Lucciana pouvant être alimenté par des navires méthaniers et d’un réseau de transport permettant d’acheminer le gaz naturel du terminal jusqu’à la centrale électrique de Lucciana et à la nouvelle centrale du Vazzio à Ajaccio », peut-on lire dans le communiqué du ministère de l’Énergie.
Mario Pain, directeur général adjoint de l’énergie, a d’ailleurs apporté quelques précisions sur le calendrier du projet : « nous espérons pouvoir sélectionner des candidats pour l’appel d’offres définitif entre octobre et décembre prochain, et donc choisir celui qui aura à construire l’infrastructure dans le premier semestre 2018. Et là on pourra commencer les véritables travaux et la véritable demande des différentes autorisations pour permettre l’arrivée du gaz en Corse en 2023 ».
Une PPE pour guider la transition énergétique corse
La loi pour la transition énergétique et la croissance verte, signée en août 2015, prévoit que la politique énergétique de la France dite « continentale » soit guidée par un PPE unique. Cette dernière a été adoptée en octobre dernier. Il apparait en revanche que, en raison de leurs spécificités respectives, les zones non interconnectées (les territoires d’Outre-Mer ainsi que la Corse et la Guyane) soient couvertes par une PPE personnelle.
Approuvée par décret du 18 décembre 2015, la PPE de la Corse a été pensée comme l’élément fondateur de sa transition énergétique : elle est en outre destinée à préciser les objectifs de la politique énergétique corse, identifier les enjeux et les risques dans ce domaine, et orienter les travaux des acteurs publics.
À l’heure où une importante partie de la consommation énergétique primaire de l’île est assurée par des importations (87% en 2014), l’objectif principal de la PPE est de réduire la dépendance aux importations et à sécuriser son alimentation en matière d’énergie. Il s’agira notamment d’inscrire l’infrastructure énergétique de la Corse « dans la modernité » (favoriser la démocratisation de l’électromobilité, construction de 700 bornes de recharges…) et à doubler l’efficacité énergétique.
Les autorités corses souhaitent également renforcer la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. L’objectif est d’exploiter davantage le potentiel renouvelable de l’île, que ce soit dans le domaine de la production d’énergie électrique (déploiement de solution photovoltaïque avec système de stockage, éolien, petite hydroélectricité…) et d’énergie thermique (solaire thermique, bois-énergie…). La part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire de l’île doit atteindre 19% d’ici l’horizon 2023.