Côte d’Ivoire : bientôt 100% du territoire aura accès à l’électricité
Lors de ses vœux de fin d’année à la nation, le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé que 94% des localités du pays avaient d’ores et déjà accès à l’électricité et que la totalité du territoire devrait être couverte par le réseau d’ici à la fin de l’année 2025. Fort de ce premier succès, la Côte d’Ivoire mise désormais sur le renforcement des énergies vertes dans son mix énergétique afin d’atteindre ses objectifs de développement durable.
Un système énergétique compétitif
L’économie, c’est de l’énergie transformée. Aussi une électricité bon marché et abondante est-elle la condition préalable à tout chemin de développement et surtout à l’industrialisation. C’est ce qu’a bien compris l’administration d’Alassane Ouattara qui a multiplié les plans directeurs pour électrifier la Côte d’Ivoire depuis 2011, avec un objectif central au bout du viseur : une couverture totale du territoire – en particulier les zones rurales isolées au centre du pays – et un taux d’électrification de la population de 100% à l’horizon 2025. Une quinzaine d’années plus tard, les résultats sont spectaculaires.
Chute des temps de coupure, montée en flèche des capacités de production brute, taux d’accès presque total en 2024, c’est sur la voie d’une révolution électrique que s’est engagée la Côte d’Ivoire. Ce succès s’appuie notamment sur l’implantation du « Programme National d’Electrification Rurale » (PRONER) qui a fait passer le nombre de communes électrifiées de 2 847 en 2011 à plus de 8 000 en 2024, soit à 94% des localités ivoiriennes. L’accent a été mis sur la construction d’infrastructures de transport et de distribution d’électricité compétitives via l’installation de dizaines de milliers de kilomètres de lignes basses, moyenne et haute tension. Sur le plan social, les réformes publiques ont déployé le « Programme Électricité Pour Tous » (PEPT), qui vise à assouplir financièrement et faciliter techniquement le raccordement, et qui a déjà permis à plus de 2 millions de ménages de se brancher au réseau électrique.
Le pari du président Ouattara a si bien payé que le pays est passé d’une situation critique à celui de hub énergétique de la sous-région. Cela grâce à une augmentation significative des capacités de production nationale qui ont bondi de 1 391 mégawatts en 2011 à 2 907 mégawatts en 2023, soit une croissance d’environ 90% sur la période. Non seulement cette hausse de la production d’électricité est suffisante pour alimenter la croissance ivoirienne (6,5% entre 2021 et 2023) et les besoins grandissants de la population, mais elle est déjà assez abondante pour se tourner vers l’export dans des pays de la sous-région comme le Ghana, le Burkina Faso ou le Mali.
Des objectifs ambitieux de transition verte
Les engagements climatiques pris par l’État lors de l’accord de Paris sur le climat en 2021 sont clairs et ambitieux : accroître la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique de 31% à 45% d’ici 2030. Aujourd’hui, le mix énergétique ivoirien repose encore essentiellement sur les centrales thermiques à gaz (73 % du mix) comme celle d’Azito, dont les capacités ont été étendues pour atteindre près de 30% de la puissance totale installée en Côte d’Ivoire, ou encore celle de Karpower, une centrale flottante mise en exploitation au large d’Abidjan en 2022. Les perspectives sont d’autant plus encourageantes que les découvertes récentes des gisements « Baleine » en 2021 et « Calao » en 2024 laissent présager un allègement des importations de gaz naturel et une alimentation facilitée du marché national. Moins polluant que le charbon et le pétrole, le gaz est d’abord considéré comme une énergie de transition sur laquelle l’économie peut se reposer avant de puiser davantage dans les énergies renouvelables.
Toutefois, le parc de production se diversifie déjà en Côte d’Ivoire et mobilise notamment les ressources hydriques du pays grâce à la dizaine de barrages hydroélectriques actuellement en exploitation. L’aménagement emblématique des dernières années est celui de Soubré : inauguré en octobre 2017 sur le fleuve Sassandra, il s’agit de la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique de l’Ouest avec une capacité de 275 MW. Mieux encore, l’important potentiel hydroélectrique de la Côte d’Ivoire continue à être valorisé avec la mise en eau du barrage de Gribo-Popoli en 2024 et les autres projets en gestation à Singrobo-Ahouaty, Boutoubré et Louga par exemple.
Si l’hydroélectrique occupe la première place, toutes sortes de projets « verts » fleurissent à travers le pays. Une première centrale photovoltaïque de 80 MW a été lancée à Boundiali en 2024 et devrait fournir de l’électricité à quelque 430 000 personnes dans la région, tandis qu’une dizaine d’autres centrales solaires devraient voir le jour dans les deux prochaines années dont celle de Korhogo (112 MW). Le pays commence aussi à miser sur sa biomasse, estimée à 16,7 millions de tonnes par an, essentiellement issue des déchets du cacao. Finalement, si les efforts de transition à fournir restent conséquents – comme l’ont signalé les coupures d’avril 2024 liées à des avaries dans les centrales d’Azito et de Ciprel –, la Côte d’Ivoire fait déjà figure de modèle à suivre en Afrique de l’Ouest.