CRE : appel à contributions sur le stockage de l’électricité par batteries
Un article de notre partenaire Les Energies de la mer.
La CRE lance un appel à contributions sur le développement du stockage de l’électricité en France.
L’objet de la consultation de la CRE est de s’assurer que le moindre développement constaté du stockage par batteries résulte de facteurs intrinsèques au marché français actuel, et non pas de barrières réglementaires, tarifaires ou dans les conditions d’accès aux réseaux.
Il s’agit d’étudier le potentiel, mais aussi les éventuels freins au développement du stockage, et de comprendre quelles évolutions seraient à même de permettre un développement du stockage à la mesure des bénéfices qu’il peut apporter au système électrique.
Le contexte
L’atteinte des objectifs mondiaux de réduction des émissions de CO2 nécessite de développer massivement la production d’électricité à partir des énergies renouvelables (ENR), tout en réduisant fortement la production à partir de sources d’énergie fossiles, particulièrement le charbon et le fioul.
Les principales ENR à fort potentiel de développement (éolien, solaire) sont intermittentes, alors que les centrales thermiques fossiles sont pilotables (ainsi que les énergies renouvelables de la mer).
Assurer le bon fonctionnement des systèmes électriques comportant une forte proportion d’énergies renouvelables fera donc apparaitre d’importants besoins de flexibilité pour assurer le bon équilibre entre l’offre et la demande.
C’est pourquoi le développement massif des capacités de stockage de l’électricité (entendu ici au sens de conversion d’électricité produite vers une forme d’énergie stockable, et sa reconversion ultérieure sous forme d’électricité) est un élément essentiel de la transition énergétique à l’échelle mondiale.
Du fait de la baisse des coûts de production, les batteries apparaissent aujourd’hui comme une technologie prometteuse pour répondre à ce besoin.
Le stockage par batteries se développe rapidement dans différentes régions du monde : Californie, Royaume-Uni, Allemagne, îles et territoires non interconnectés dont les ZNI françaises, Australie, Afrique, etc.
En France métropolitaine continentale, le développement des batteries reste lent : un projet de 6 MW** vient d’être annoncé pour une mise en service au premier trimestre 2019, et 75 MW pourraient être en service fin 2019.
Les démonstrateurs
Des projets de batteries se développent dans le cadre de démonstrateurs financés par les gestionnaires de réseaux Enedis (Nice Grid, Venteea) et RTE (Ringo).
Il est impossible de quantifier ce que sera le besoin de stockage en France à long terme, tant les différents paramètres (évolution de la production, de la consommation, développement des autres moyens de flexibilité, etc.) sont incertains.
On sait toutefois que ce besoin va augmenter, du fait de la fermeture des centrales au charbon, de la baisse à 50% de la part du nucléaire et du développement des ENR.
Le stockage se développera pour répondre à des besoins physiques du système, mais aussi s’il permet de remplacer des moyens de flexibilité moins compétitifs. Par exemple, l’utilisation de batteries pour la réserve primaire au Royaume-Uni et en Allemagne permet de libérer des capacités de production classiques pour d’autres usages.
Le système électrique français présente des caractéristiques qui peuvent expliquer un développement plus lent du stockage par batteries par rapport à certains de nos voisins.
En effet, en France métropolitaine, l’hydroélectricité est plus développée que chez nos voisins. D’autre part, la proportion d’ENR intermittentes est plus faible et le prix de détail de l’électricité plus bas.
Le développement du stockage s’inscrit dans le cadre plus large du développement des flexibilités d’une manière générale. Le stockage est une source de flexibilité parmi d’autres, dont l’ajustement de la production (centrales dispatchables), le pilotage de la consommation (effacement, offres tarifaires à différenciation temporelle, etc.), ou encore le développement du réseau, notamment les interconnexions.
A ce titre, il ne semble pas pertinent de subventionner durablement le stockage par batteries, ce qui reviendrait à favoriser une filière de flexibilité au détriment des autres.
COMMENTAIRES
bonjour
vous écrivez : » réduction des émissions de CO2 nécessite de développer massivement la production d’électricité à partir des énergies renouvelables (ENR), tout en réduisant fortement la production à partir de sources d’énergie fossiles, particulièrement le charbon et le fioul. » En France 4% de l’électricité produite provient des énergie fossile ( dont 1% du charbon), le développement des EnR s’inscrit plutôt dans le cadre de la diminution de la production nucléaire et pour cela le stockage est indispensable