Décarboner et relocaliser l’industrie grâce au nucléaire (Tribune)
Inspiré par l’étude de Fondapol « Relocaliser en décarbonant grâce à l’énergie nucléaire »
En septembre 2020, le gouvernement a présenté un plan de relance intégrant 34 milliards d’euros en deux ans pour accroitre la compétitivité industrielle, et 600 millions d’euros pour financer des projets de relocalisations de l’industrie.
En France, la filière nucléaire est un outil de souveraineté énergétique. Elle constitue le cœur d’une réindustrialisation des territoires grâce à une production massive d’électricité décarbonée, bon marché, facteur de compétitivité et de décarbonation pour l’industrie, favorisant ainsi l’attractivité internationale.
Un outil de souveraineté
Le nucléaire représente plus de 70% de la production d’électricité actuellement en France avec seulement moins d’un milliard d’euros d’achat d’uranium, et permet d’économiser environ 25 milliards d’euros par an d’importations de gaz. Et ce « combustible », dont l’approvisionnement est diversifié et le prix est stable, représente seulement 5% du coût de production (moins de 2% du prix de vente aux particuliers).
De plus, EDF dispose d’un stock d’uranium permettant 2 ans de production d’électricité auquel il convient d’ajouter 8 ans de réserve en enrichissant le stock d’uranium appauvri d’Orano (ex Areva). Ce stock stratégique ne doit pas, bien sûr, être qualifié en « déchets ».
Par comparaison, la facture d’importation des combustibles fossiles de la France, essentiellement pour les transports et l’habitat s’est élevée à environ 45 milliards d’euros en 2019. Cette somme représente les deux tiers du déficit commercial total de la France. Par ailleurs, les réserves d’hydrocarbures ne sont que d’environ 6 mois de la consommation annuelle française.
Moins de 10% de la production d’électricité dépend en France des combustibles fossiles.
Vive le gaz !?
La consommation européenne de gaz est stable depuis plusieurs années, mais des pays souhaitant sortir du nucléaire, comme l’Allemagne et la Belgique, s’engagent dans une dépendance accrue au gaz pour la production d’électricité. Ce virage constitue une régression dans les domaines de la sécurité d’approvisionnement et de la décarbonation de l’économie.
Afin de diminuer sa dépendance au gaz importé principalement de Norvège, de Russie, des pays de l’est et d’Afrique, et pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone, la France doit, autant que possible, remplacer principalement le gaz et le pétrole dans les transports et l’habitat par de l’électricité décarbonée.
Dans cette optique, la « Stratégie nationale bas carbone » adoptée en avril 2020 prévoit une augmentation de la consommation électrique nationale de 30% d’ici à 2050, liée à l’électrification des usages.
Il devient donc nécessaire de renouveler et d’accroitre le parc nucléaire dès 2030 pour faire face à cette demande croissante à la fois d’électricité et de décarbonation.
Un facteur de compétitivité
Une électricité bon marché et de qualité, c’est-à-dire une continuité d’alimentation ainsi qu’une stabilité de la tension et de la fréquence, sont des critères primordiaux pour attirer des industriels et des investisseurs.
Aujourd’hui, les Français ont oublié les coupures d’électricité des années 1960, comme ils avaient oublié les grandes pandémies.
En France, environ 650 sites industriels électro-intensifs (sidérurgie, chimie, papier, automobile, transport ferroviaires,…) sont raccordés directement au réseau de transport d’électricité.
En 15 ans, la consommation d’électricité de la grande industrie (17% de la consommation nationale en 2019) a diminué de 14%.
Emplois et économie nationale
Derrière l’aéronautique et l’automobile, le nucléaire est la troisième filière industrielle française. Elle comprend plus de 3000 entreprises et 220.000 emplois directs et indirects (avec un niveau de qualification deux fois plus élevé que la moyenne industrielle française) représentant près de 7% de l’emploi industriel en France.
La filière nucléaire française maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur depuis l’extraction du combustible jusqu’à la gestion des déchets. Elle exporte 10% de sa production d’électricité pour 2 milliards d’euros par an, ainsi que des biens et des services pour 4 milliards d’euros supplémentaires par an.
Cette activité a un effet d’entrainement important sur toute l’économie nationale.
Décarbonation et relocalisation de l’économie
L’électricité est faiblement carbonée en France (50 gCO2/kWh) alors qu’elle l’est 8 fois plus en Allemagne (400 gCO2/kWh).
Cette faible empreinte carbone permet d’attirer des investisseurs comme le fabricant chinois de batteries Envision en raison « d’une électricité décarbonée très compétitive et stable grâce au nucléaire, ce qui est essentiel pour nos activités » selon un dirigeant du groupe.
En effet, la fabrication de la batterie électrique d’une voiture consomme autant d’électricité que la fabrication du reste de la voiture.
Cette électricité nucléaire décarbonée française permet aussi, par exemple, de produire une tonne d’aluminium en émettant seulement 2 tonnes de CO2 en France contre 15 tonnes de CO2 en Chine (7 fois plus !)…
Le Haut conseil pour le climat préconise d’inclure dans les émissions de gaz à effet de serre de la France, celles associées à ses échanges internationaux.
En effet, si les émissions diminuent sur le territoire national, celles « importées » sont en augmentation ce qui maintient l’empreinte carbone de la France autour de 11 tonnes équivalent CO2 par habitant.
Ainsi, la perte d’industrie dans l’acier, le ciment, le papier, le sucre, le verre,…s’est traduit par une double peine : perte de 130.000 emplois en 20 ans (1995 – 2015) et augmentation de 50% de l’empreinte carbone par les importations.
La (re)localisation industrielle est donc à la fois une action économique et environnementale.
Le PDG de Google et Alphabet (Sundar Pinchai) a déclaré que son entreprise s’engage à « fonctionner en permanence avec une énergie sans carbone », c’est-à-dire essentiellement nucléaire et hydraulique, ce qui établit un nouveau critère des politiques climatiques des grands acteurs.
La France, avec son nucléaire et son hydroélectricité décarbonées, peut accueillir cette volonté et mettre en œuvre cette stratégie dès à présent !
De plus, la localisation des données informatiques en France par de grands hébergeurs constitue un des éléments de souveraineté européenne.
Le nucléaire produisant massivement une électricité bon marché et de qualité constitue donc un atout maître dans la (re) localisation et l’industrialisation de la France.
Le lancement d’une première série de 6 réacteurs nucléaires EPR actuellement en gestation établira une première base pour maintenir et accroitre l’avantage compétitif de la France dans sa stratégie de réindustrialisation et de décarbonation.
COMMENTAIRES
Tromperie habituelle de nucléocrate sur une illusoire indépendance énergétique ! ! Des chiffres ? 100% du combustible nucléaire est importé !
L’auteur s’étale longuement sur les importations des ressources fossiles pour magnifier le nucléaire importé à 100% et double honteusement les disponibilités du stock à traiter avant de pouvoir l’utiliser à 8 ans alors que ce n’est que la moitié.
Il passe sous silence les renouvelables que l’on importe pas : On ne devra à personne notre Soleil, notre vent, notre géothermie, nos marées, nos courants marins et notre houle, pas plus que nos ressources agricoles de bioénergie. Toutes choses oubliés dans cet article mensonger qui n’a qu’une peur …. les renouvelables la seule façon de retrouver notre indépendance énergétique perdu depuis l’arrivée du nucléaire. La France à certainement plus de 6 ans à vivre que ce que permettrait ce fameux stock d’uranium a traiter pour être utilisable, et 6 ans ne seront pas suffisant pour passer à une solution renouvelable qui nous rendra enfin notre indépendance. C’est donc maintenant qu’il faut la choisir comme unique solution d’indépendance.
Mais personne non plus ne voudra nous prendre notre risque nucléaire ni les déchets radioactifs qui s’entassent et s’entasseront tant que nous n’aura pas abandonné cette filière d’énergie empoisonnée, la fausse bonne idée du XXe siècle
Serge Rochain
Un jour les français demanderont des comptes à ces propagateurs de fakes news comme Michel Gay, Jancovici, et autres prophètes du nucléaire.
Serge Rochain
tjrs le même bla bla et des menaces, ce mec prend ses désirs pour des réalités?
le même bla bla c’est ce Gay qui le pratique un bla bla fakes news qui plus est :
Indépendance énergétique quand on importe 100% de cette énergie
La seule solution c’est le nucléaire mais, il feint d’ignorer que l’on importe pas le vent ni le Soleil, ni la mer, ni l’agriculture, n’est ce pas de la tromperie ? De l’escroquerie ?
Qui prends ses désirs pour des réalités sinon ce Gay et les zozos comme vous dont les arguments sont totalement absents si ce n’est de contester ceux qui rétablissent la vérité que tout le monde peut voir sauf ceux qui se mettent la têtes dans le sable et se réfugient dans l’attaque des hommes pour ne pas avoir à affronter la réalité. ?
Un jour ROCHAIN, ce sont les victimes des nuisances éoliennes, et celle du réchauffement inéluctable si on abandonne le nucléaire, QUI VOUS DEMANDERONT DES COMPTES A VOUS !!!
Ce n’est pas avec les renouvelables que l’on va participer au réchauffement climatique maumis c’est assurément avec le nucléaire que l’on a le risque nucléaire qui devient une certitude avec le temps
@Michel Desplanches
Laissez à d’autres les appels à faire rendre des comptes à ceux…. qui ne sont pas de l’avis de leur procureur !!
Mais qui donc sont ces blogueurs ?
Des fonctionnaires ?
Des salariés d’edf ?
La nucléophilie est une maladie grave, mais elle se soigne, avec une médecine naturelle et peu de bonne foi 🤭
Stéphane Bian, vous vous demandez qui sont les malades qui soutiennent le nucléaire, puisqu’il faut les soigner.
Personnellement je suis un simple quidam sans lien présent ni passé avec la production d’électricité. Seulement, je ne supporte pas l’affront à l’esprit qui consiste à promouvoir des politiques à coup de crétineries injurieuses pour qui sait un peu quelque chose. Alors, à la lumière de la physique, de la technique et de la radioprotection, j’examine qui paraît me mentir le plus.
Remarquez que je ne perds pas mon temps ici puisque M. Rochain répond, à mes critiques sur sa vision de la production d’électricité, par un cours de nucléosynthèse supernovesque.
Quand on ne comprend rien à un sujet on s’attache à vouloir le tourner en ridicule pour paraitre maitriser la question.
Toujours la propagande. On oublie vite que l’industrie nucléaire utilise des quantités importantes de charbon : 300 millions de tonnes en 50 ans à Arlit au Niger pour faire de l ‘électricité pour pomper des millions de tonnes d’eau à grande profondeur pour produire le yellow coke, broyé la roche et passer un acide ( Pétrole encore pour arriver en France). 750 000 transports de nucléaire en France en un an. Des gaz à effet de serre très puissant comme le SF6 (hexafluorure de souffre utilisé comme isolant dont 1 kg egale 22 800 kg de CO2.Oubloins les tonnes de ciment (fabrication trés énergivore et polluante en CO2) et de feraille. Gaz et produits pétroliers, acides pour faire fonctionner les réacteurs. ETC
Oublions les millions de tonnes de déchets, les canalisations (11 à Dunkerque ) d’effluants à la mer. Oublions le désastre des centres d’enfouissements souterrains comme le WIPP par AREVA entreprise dont tous les chantiers internationaux ont été une catastrophe. ETC….Et la liste est longue des mensonges et des incompétences
Et oublions tous ces anti-nucléaires qui n’ont pas compris que le contenu carbone sur l’ACV du nucléaire (autour de 6 g/KWh) (et un nombre de victimes par TWh produit insignifiant par rapport à toutes les autres sources utilisées en cycle dynamique avec back up fossile) inclus toutes les émissions en amont et en aval !
66 Cochelin pas 6… Qui ne sort d’aucune étude mais d’un petit arrangement politique entre Gérard Longuet et de Rugie
Le chiffre de 6g/CO² Kwh a été validé par l’ ADEME et RTE, pour la France (grâce à l’ efficacité de l’ usine Georges BESSE), au plan international l’ AIE donne 12g/kwh !!! Alors vos 66 sortis de nulle part (bel et bien un fake) carrez les vous en suppositoire, ROCHELAIN !!!
Validé ? Sur ordre ministériel ! Par aucune étude une suspicion de faute de frappe de ce 66 complétement bidon car la source origine de l’étude qui l’a produite est bien notée 66. Mais je n’insisterai pas car les dogmatiques qui se contentent d’un « validé » Hugh j’ai dit ! ne comprendront jamais ce qu’est une étude scientifique
La bataille des antinucléaires européens est perdue sur le long terme.
Si les éléments de langage éculés sur le « propre » le « gratuit » et le « local » font illusion aujourd’hui, c’est en cachant sous le tapis la totale démesure des moyens requis pour collecter des énergies diffuses ainsi que la dévastation environnementale imposée dans le tiers monde aux miséreux de la terre.
Ce qui se joue en ce moment dans le nucléaire, c’est la capacité à industrialiser la Gen4 des réacteurs à sel fondus: de ce point de vue, nos fanatiques verts sont les plus fidèles alliés de Poutine et Xi Jinping.
Ignorant à tous point de vue.
1) Le sens de l’histoire avec un nucléaire mondial qui part en décrépitude et un renouvelable qui prend une part de plus en plus importante.
2) La démesure pour collecter les ressources renouvelables ? La seule couverture du bâtie exposé Sud produira le double de ce que produit tout le parc nucléaire.
3) La chimère à sel fondu et autre phénix a échoué durant plus de 60 ans de tentatives infructueuses malgré, rien qu’en France, 8 réacteurs dédiés à cette technologie qui à tout de même réussi à faire un mort, bien qu’arrêtée depuis plusieurs années. Ajoutez les tentatives américaines, italiennes, Anglaises qui ont abandonnés la poursuite. Restent les russes qui s’amusent avec la série B-600-800 qui survie sans répondre au besoin. Mais ils feront comme les autres, là bas la réaction est moins rapide.
Merci d’avoir choisi vous-même un bel exemple de cette folie « verte ». Vous disiez donc plus haut:
« La seule couverture du bâtie exposé Sud produira le double de ce que produit tout le parc nucléaire. »
Si entre 2 invectives il vous reste un peu de temps pour faire le calcul, vous constaterez que cela représente à minima 2 milliards de PV …..
Pour lecture :
États électriques contre États pétroliers
transitionsenergies.com/etats-electriques-contre-etats-petroliers/
La rédactionJanuary 25, 2021
Le 20ème siècle aura été celui du pétrole. L’or noir a alimenté les économies, les guerres, la société de consommation, les voitures, les avions, les navires et bâti les rapports de force géopolitiques. Le 21ème siècle changera tout cela. L’accélération de l’histoire créée par la pandémie permet d’ores et déjà de voir s’amenuiser ce qui faisait la puissance des États pétroliers. Il ne s’agit évidemment pas d’évolutions rapides, plutôt de tectonique des plaques. Les énergies fossiles représentent encore près de 85% de la consommation d’énergie primaire dans le monde, mais leur déclin semble maintenant inéluctable. Un nouvel ordre énergétique mondial commence à prendre forme sous nos yeux. Cela lui prendra des décennies pour se mettre en place et autant de temps pour distinguer avec certitude les gagnants et les perdants. L’échelle des transitions énergétiques est le demi-siècle. Mais la machine est lancée. Elle a pour nom solaire, éolien, hydrogène, biocarburants, carburants de synthèse, géothermie, hydraulique, nucléaire, capture du CO2… Le gaz naturel fera encore longtemps parti de l’équation tandis que le déclin d’abord du charbon et ensuite du pétrole semble écrit.
Nouvel ordre énergétique mondial
Bien sûr, le fameux peak oil ou pic pétrolier n’a rien à voir avec ce que nous ont annoncé à plusieurs reprises les prophètes de malheur depuis le Club de Rome et les années 1970. Les collapsologues d’alors nous promettait un monde qui allait subitement manquer de pétrole et plonger dans le chaos. L’annonce de la fin du monde a toujours irrésistiblement marqué les imaginations et fasciné les opinions. Ce scénario de peak oil est même redevenu à la mode il y a une dizaine d’années. Mais la rupture technologique créée par le pétrole de schiste et le retour totalement inattendu des États-Unis à la place de premier producteur mondial l’ont balayé. Un nouveau scénario de fin du pétrole a vu le jour. Cette fois, il ne viendrait pas d’une insuffisance de l’offre mais d’un déclin progressif de la demande.
Cette hypothèse, notamment développée par Michael Liebreich, le fondateur du très influent Bloomberg NEF (New Energy Foundation), semble se mettre en place sous nos yeux. Même la première compagnie pétrolière mondiale, la saoudienne Armaco et le géant américain Exxon Mobil s’y préparent.
Le nouvel ordre énergétique mondial sera porteur, comme toujours, de promesses et de risques. Il devrait per- mettre, d’abord, de stabiliser et ensuite de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les prophètes de malheur affirment qu’il sera trop tard pour éviter de trop grands dérèglements climatiques, mais l’ampleur des transformations à effectuer et l’inertie de l’économie mondiale rendent quasiment impossible la possibilité d’aller plus vite. On ne remplace pas dix milliards de tonnes d’énergies fossiles consommées par an dans le monde par des leçons de morale.
Ne pas passer d’une dépendance à l’autre
L’affaiblissement progressif d’une grande partie des États pétroliers sera à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Il s’agit la plupart du temps de régimes autoritaires, corrompus et corrupteurs. La malédiction de la rente pétrolière est une sombre réalité. Mais la déstabilisation de pays et même de régions du monde ne sera pas sans risques.
L’autre péril est celui qui peut naître du fait de passer d’une dépendance à une autre. La bascule du pouvoir énergétique des États pétroliers vers les États électriques. Or, l’État électrique par excellence est la Chine. Sa stratégie consiste à dominer toutes les industries de l’électrification (solaire, éolien, batteries et bientôt nucléaire).
La Chine produit aujourd’hui 72% des panneaux solaires, 69 % des batteries lithium-ion, 60 % des terres rares et 45% des turbines d’éoliennes. Elle est le premier marché mondial des véhicules électriques. Elle va devenir, de loin, la première puissance nucléaire civile et projette de construire plus de 100 réacteurs nucléaires au cours des quinze prochaines années. Les deux seuls réacteurs EPR de dernière génération fonctionnant aujourd’hui au monde sont en Chine, pas en France qui les a pourtant conçus. À chaque fois ou presque, la recette chinoise est la même. Apprendre la technologie étrangère, investir ensuite massivement et imposer avec toute la force d’un régime autoritaire le déploiement sur son sol à une très large échelle. Après, plus aucun concurrent ne peut résister à la guerre des prix menée par son industrie.
Le démantèlement d’EDF serait une calamité
La France pourrait pourtant, si elle en manifestait encore l’ambition et la volonté, être l’un des gagnants de cette redistribution de la puissance énergétique. Elle est aussi un État électrique. Mais il faudrait commencer par ne pas abandonner, au plus mauvais moment, un instrument unique de puissance et de souveraineté, sa technologique nucléaire et l’instrument qui la met en œuvre… EDF. Il est temps que l’État stratège, dont on ne cesse de nous annoncer le retour, se réveille. Pour l’instant, il semble incapable de définir la moindre stratégie d’indépendance énergétique et technique et même de sauver EDF qu’il a lui-même étouffé sous les contraintes, les injonctions contradictoires et les calculs politiciens.
L’affaiblissement continu du groupe public, qui jusqu’en 2017 était le premier électricien mondial, est une calamité pour la transition comme pour la capacité de la France à maîtriser son avenir énergétique. Il se traduira tôt ou tard par un appauvrissement du pays.
EDF est écartelé depuis vingt ans entre l’État régulateur, l’État actionnaire et l’État stratège. L’entreprise publique doit maintenir des ventes d’électricité à des tarifs règlementés tout en se voyant imposer le dispositif ahurissant de l’Arenh (Accès régulé àl’électricité nucléaire historique) pour permettre une concurrence artificielle exigée par Bruxelles. EDF doit ainsi offrir son électricité nucléaire amortie à ses concurrents mais doit investir à grands frais dans le nouveau nucléaire et la rénovation de l’existant à des coûts amplifiés par une surenchère permanente en matière de sûreté de l’autorité la plus sévère au monde. Le gouvernement comme les autorités de contrôle ont tellement peur d’être un jour responsables d’un incident qu’ils ont contribué, au moins en partie, à rendre presque impossible le chantier du nouvel EPR de Flamanville.
EDF a par ailleurs cessé d’investir dans l’hydraulique, du fait d’un différend entre l’État français et Bruxelles sur l’ouverture à la concurrence, et subit le développement hors marché des énergies renouvelables intermittentes qui laminent ses marges. Enfin, l’entreprise publique doit préserver les avantages sociaux et la cogestion avec les syndicats tout en subissant la concurrence d’entreprises qui n’ont pas les mêmes contraintes.
Nucléaire, tabou et désinformation
Le résultat quasi mécanique de cette accumulation invraisemblable est l’alourdissement de sa dette, des pertes continues de parts de marché et la disqualification d’EDF sur les marchés financiers. Le projet Hercule de nationalisation-scission- reprivatisation (pages 26-30), risque, sous la pression de Bruxelles, de faire disparaître complètement l’entreprise EDF. La Commission européenne exige qu’elle devienne une simple holding et qu’en contrepartie d’un financement public indispensable, elle perde tout contrôle opérationnel sur ses filiales nucléaire, hydraulique, renouvelable et commerciale. Un invraisemblable gâchis!
Le point clé est évidemment celui du nucléaire, essentiel pour trois raisons. D’abord, le risque grandissant d’un manque de capacité de production d’électricité en France illustré par les possibilités de coupures de courant dès cet hiver. Un comble pour un pays qui a été longtemps le principal exportateur d’électricité au monde et en Europe. Ensuite, l’atout qu’il représente pour assurer une production d’électricité décarbonée. Enfin, le fait qu’il s’agit d’un des rares domaines ou, en dépit de déboires récents, notamment avec l’EPR de Flamanville, la technologie française assure l’indépendance du pays.
Mais il s’agit d’un sujet devenu tabou pour les gouvernements. Leur principale préoccupation est de ne pas s’attirer les foudresdes écologistes et des moralisateurs recyclés en dé- fenseurs de la planète. La Convention citoyenne en a été un superbe exemple. Ellea donné l’illusion de la démocratie di- recte, a débouché sur des conclusions et des recommanda- tions au choix anecdotiques, inefficaces ou punitives et a réussi à ignorer les sujets essentiels que sont le nucléaire, la taxe carbone et la politique européenne.
Quant à l’opinion, elle est victime d’une désinformation massive sur le nucléaire dont les médias sont en grande partie responsables. Selon un sondage BVA de 2019, dans l’esprit de la grande majorité des Français (69%) les centrales nucléaires contribuent au réchauffement de la planète… Plus préoccupant, les plus mal informés sont les plus jeunes. Toujours selon le même sondage, 86%des 18-34 ans interrogés jugent le nucléaire néfaste pour le climat.
Pas de transitions sans nucléaire pour le GIEC, l’AIE et l’AIEA
Et pourtant, les institutions internationales de l’énergie et du climat, y compris le GIEC, ne cessent d’affirmer que l’énergie nucléaire est indispensable à la transition énergétique. Fatih Birol, le directeur exécutif del’Agence internationale de l’énergie, et Rafael ftariano Grossi, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, ont même publié en octobre une tribune commune demandant aux décideurs politiques de prendre leurs responsabilités et de faire preuve de courage. Une initiative sans précédent. On pourrait croire que ce texte est directement adressé au gouvernement français.
«La forte croissance dans l’énergie solaire et éolienne et dans l’utilisation des voitures électriques nous donne des arguments pour espérer, tout comme les promesses de technologies émergentes comme l’hydrogène et la capture du carbone. Mais l’échelle du défi signifie que nous n’avons pas lesmoyens d’exclure toutes les technologies disponibles, y compris l’énergie nucléaire. C’est la deuxième source mondiale d’électricité bas carbone après l’hydraulique», écrivent-ils.
Pour atteindre les objectifs climatiques, il faut que la production d’électricité bas carbone dans le monde triple d’ici 2040. «Cela revient à ajouter l’ensemble du système électrique du Japon au réseau mondial chaque année. Il est très difficile de voir comment cela peut se faire sans une contribution majeure de l’électricité nucléaire» concluent Fatih Birol et Rafael ftariano Grossi.
Surtout en France. Le parc nucléaire français fournit aujourd’hui plus de 70% de la production électrique. Mais les centrales vieillissent. Ainsi, 52 des 56 réacteurs en service après la fermeture de ceux de Fessenheim, ont été construits dans les années 1970-1980. Tous arriveront en fin de vie d’ici 2040. Même dans l’hypothèse où la loi de transition énergétique serait appliquée, qui prévoit la réduction de la part du nucléaire dans la production électrique à 50%, il faudra construire de nouvelles centrales nucléaires pour remplacer une partie du parc existant. Mais qui aura le courage politique de le reconnaître? Le gouvernement refuse même que le sujet soit abordé. Cela a déjà des conséquences fâcheuses. Pour maintenir en 2035 la production électrique de la France à son niveau et son coût actuels, EDF table, a minima, sur la construction rapide de trois paires de deux réacteurs de type EPR.
Nous sommes déjà en retard. Car la stratégie de transition énergétique en France est affectée d’une forme de pensée magique. Le gouvernement se raccroche à des scénarios à la fois techniquement et économiquement fantaisistes. Concoctés notamment par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ils sont construits sur une couverture intensive du territoire par des éoliennes et des panneaux solaires et une baisse sensible de la consommation d’électricité des entreprises comme des particuliers. La question clé et techniquement aujourd’hui non maîtrisée du stockage de l’électricité intermittente produite par les renouvelables doit se résoudre… par miracle. Quant à la baisse de la consommation d’électricité, il s’agit d’un vœu pieux en contradiction même avec le scénario de la transition qui nécessite, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’électrification des transports et du chauffage des bâtiments… Il est plus que temps que la haute administration et le gouvernement se ressaisissent et retrouvent enfin un peu de rationalité en matière énergétique.
Belles sornettes de copier-coller quand on lit dans les journaux économiques que la Chine investit fois plus dans le renouvelable que dans le nucléaire.
Et même dans ce nucléaire il y a de quoi rire quand on lit que les deux seuls EPR qui fonctionnent sont chinois….car ce sont les premiers EPR de la Chine et aussi les deux derniers.
Les chinois ont rapidement compris que ces machines françaises ne correspondaient pas à ce qu’on leur avait vendu. Ce sont des bides qui ont doublé leur délai de construction (c’est quand même nettement mieux qu’une multiplication par 4 du délai de construction pour Olkiluoto et par 3 pour Flamanville) et ont dépassé leur budget de 60%. Quand ils ont sablé le champagne à la mise à feu tout le monde riait jaune, mais surtout le représentant d’EDF, les chinois ne pardonnent pas d’avoir perdu la face en ayant fait confiance et s’être fait abusés, ce ne sont pas des Finlandais.
Les quelques réacteurs chinois du futur seront chinois et pas des copies d’EPR.
Très bien Mr Boureille, il y a encore des gens qui ont du bon sens. Merci pour votre sens de l’analyse qui fait tant défaut !
La chine investit 14 fois plus dans le renouvelable que dans le nucléaire.
La réalité a la vie dure, d’abord le capitalisme qui est à l’origine des dégâts sociaux et sociétaux considérables, incapable d’apporter des réponses à sa propre crise et ensuite le risque révélé et bien réel de connaître un blackout électrique du à un manque d’électricité si l’hiver devenait plus rigoureux comme cela semble s’annoncer en février.
Dans la France du 21ème siècle on ne produit plus assez d’électricité suite à la politique suicidaire menée par les gouvernements successifs qui ont suivi aveuglément à la fois le lobby Vert (chasse à la production d’énergie nucléaire civil et fermetures de plusieurs centrales indispensables à la société et notre souveraineté, et chasse à la croissance y compris vertueuse), le néolibéralisme de l’Europe obsédée par la force et l’efficacité du service public EDF à fournir une énergie propre, décarbonée et peu chère, qui faisait de l’ombre au privé qui voit dans le démantèlement d’EDF une nouvelle source de profits et une intense bataille idéologique pour faire croire qu’il serait possible de compenser avec les Energies Renouvelables (ENR) la production électrique fournie par le nucléaire civil.
L’argument ne tient même pas quand il y a du vent (éolien) et quand il y a du soleil (solaire), alors quand les deux viennent à manquer, notamment l’hiver et en automne, patatras, c’est la catastrophe ! Sortez les bougies, les planches à laver, restez chez vous car les usines et les hôpitaux ne peuvent plus fonctionner ! Une grande modernité et dire que nous sommes au 21ème siècle !
Bien évidemment, il ne s’agit pas ni d’un malentendu, ni d’erreur mais tout simplement d’un refus de prendre en compte la réalité et en premier lieu la nature et surtout l’incapacité des hommes à faire du vent, de la pluie et du soleil. Madame nature a la vie dure et tient encore a décider seule quand elle fera du vent, de la pluie et du soleil.
Alors imaginer que ces énergies renouvelables pourraient remplacer 100% de la production actuelle et fournir la même quantité d’électricité qu’aujourd’hui la société consomme, sans plus aucune production nucléaire, il ne s’agit plus d’un malentendu mais d’une grosse ineptie !
Il faut donc revenir sur terre, avec les deux pieds par terre et la tête sur les épaules et non dans les nuages.
Continuer à affirmer cette ineptie des 100%, ne vise qu’une chose, celle d’empêcher que les décisions qui urgent soient prises au plus vite, avant la catastrophe ! Comme par exemple, le lancement immédiat de la construction de nouveaux EPR. Et pour éviter des black out à répétition, nous serons même contraints de construire en urgence des centrales émettrice de CO2 (gaz). Le contraire de l’objectif affiché. Faute d’avoir anticipé et d’avoir suivi des inepties qui peuvent coûter cher à toute la société.
Alors que faire face à ces enjeux considérables ?
1. D’abord résister à cette ineptie et démontrer chiffres à l’appui, la nocivité des arguties portés par quelques-uns obnubilés et aveuglés par leur propre croyance;
2. Faire barrage par la lutte des salariés et des populations aux décisions qui remettent en cause les productions décarbonées d’électricité en France aujourd’hui, cassent le service public, le privatisent, le démantèlent !
3. Partager les enjeux par le débat démocratique et en faisant intervenir tous les acteurs et professionnels compétents qui savent de quoi ils parlent.
4. Faire de la pédagogie auprès du grand public et dans les écoles pour expliquer l’ensemble des productions électriques, leurs transformations, leurs distributions, leur gestion, le rôle du service public pour assurer la régularité, l’égalité, fournir toute la société, y compris à celles et ceux qui en sont aujourd’hui privés faute de moyens, et sécuriser
5. Responsabiliser les élus et les leaders d’opinion afin que les choix politiques, économiques et sociaux soient conformes aux intérêts de la société. Sans se laisser impressionner ni par l’État actionnaire, ni par les lobbyistes, ni par les pseudos écologistes qui marchent sur la tête et ni par les opportunistes qui croient qu’en période électorale il suffirait de parler d’écologie pour reconquérir des voix .
Au fond ce sont toutes ces questions que portent les salariés en lutte contre le projet Hercule. Soutenons les, agissons, manifestons pour qu’ils gagnent !
Vous divaguez. Le risque de la panne c’est l’inconséquence des pouvoirs publiques qui n’ont pas respecté leurs engagements de la cop21, d’un nucléaire vétuste dont la moitié du parc se trouve en panne quand on en a besoin, et de ceux qui comme vous intentent 3 recours judiciaires contre tous les nouveaux projets de renouvelables qui ne se sont donc pas fait et ne sauraient être tenus pour responsable de l’absence de leur production.
C’est extraordinaire la bêtise de ces gogos à qui on susurre à l’oreille que les responsables sont les ENR alors que le système de production électrique du pays repose sur le nucléaire…… défaillant. C’est la faute des éoliennes si la moitié des réacteurs sont en carafe au moment où on en a besoin !!