La démocratisation du smart home est en marche !
Article proposé par Emmanuel François, président de la SBA (Smart buildings alliance for smart cities)
Ce que l’on imaginait, pendant longtemps, être de l’ordre de la science-fiction est en train de devenir réalité. Les objets connectés et les services innovants basés sur l’analyse des données et l’intelligence artificielle font plus que jamais partie de notre quotidien.
Le Smart Home devient abordable et se démocratise. Surtout, cette massification du numérique est entrée dans une logique de frugalité et de respect de l’environnement. Ces messages ont été partagés par les nombreux participants de la Convention virtuelle Smart Home 2021.
La crise actuelle liée à l’épidémie de Covid-19 a bousculé le numérique, accéléré le développement de nouvelles technologies et favorisé l’acceptation des publics. La dernière édition du salon international dédié à l’univers du numérique, le CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas, pour la première fois uniquement en ligne avec des live vidéos, confirme cette tendance.
Une démocratisation liée à la crise
Non seulement le nombre d’objets connectés pour rendre notre environnement plus sain explose (masque doté d’une ventilation active et d’un dispositif d’auto-stérilisation, lumière UVC aux propriétés désinfectantes, vide-poches pour nettoyer son smartphone, dispositif intelligent de distanciation sociale), mais en plus on a assisté à une véritable révolution des interfaces. « Cette révolution est directement liée à l’explosion du télétravail. Il a mis en évidence les difficultés rencontrées avec des écrans trop petits, peu maniables et limités à une configuration 2D, mais aussi avec des réseaux pas assez performants…, déplore François-Xavier Jeuland, Vice-Président Smart Home de la SBA.
Face à cela, Samsung a par exemple annoncé l’arrivée d’ordinateurs équipés d’une dalle OLED qui multiplie les atouts en termes de luminosité et de contrastes, pour le confort des yeux. TCL a de son côté présenté un nouveau concept d’écran enroulable de 17 pouces OLED, d’une épaisseur de 0,18 mm seulement. Nous sommes à l’avènement de l’espace de travail dans la poche ! La réalité augmentée était aussi très présente, transformant les écrans 2D en volumes. Sans compter le réseau 5G qui se standardise… »
Une nouvelle génération de robots a également été annoncée au CES : le Care Bot qui s’occupe de vous et anticipe vos besoins, le Smart Trainer qui vous entraîne au sport chez vous et corrige vos mouvements, le Handy Bot capable de mettre la table, de la débarrasser et de mettre vos assiettes et couverts dans le lave-vaisselle…
Cela semble simple et pourtant cela demande une infime précision, qui n’était pas possible jusqu’à présent.
Se préparer à cette démocratisation
« Cette massification a plusieurs origines, affirme François Xavier Jeuland. L’impact de la crise sanitaire, d’abord, que nous venons d’évoquer. La prise de conscience sur le plan politique, ensuite, avec des initiatives comme le plan France Relance, la formation de ″4 000 conseillers numériques″, qui seront autant d’intermédiaires auprès des citoyens, pour réduire la fracture numérique, ou encore la loi Grand âge. Le changement de génération, enfin. On ne peut plus vendre un appartement sans objets connectés à des jeunes qui sont nés avec le numérique. »
Alors que les citoyens, les promoteurs, les bailleurs sociaux et les autres acteurs de l’immobilier sont de plus en plus convaincus des bénéfices du numérique, il faut donc continuer de les préparer à la démocratisation du Smart Home.
Il convient notamment de gagner la confiance des citoyens, organiser une gouvernance de la donnée et désigner le tiers de confiance qualifié autour de la donnée. Dans cet objectif, la ville de Montpellier par exemple lance non seulement un programme d’écoquartiers numériques mais en plus elle entend garder la main sur les data de ses habitants et protéger leurs données, pour garder son autonomie par rapport aux géants du numérique.
« Car pour faire réellement bouger les lignes de la transition numérique, il ne suffit pas de penser au numérique à l’échelle du logement ou du bâtiment, mais bien du quartier, voire du territoire, souligne François-Xavier Jeuland. Il faut agir à grande échelle pour une acception plus naturelle et plus rapide des citoyens. La ville de Nevers par exemple s’est engagée dans la numérisation de son centre-ville et a décidé que ce serait une priorité stratégique. »
Le smart home oui, mais un smart home frugal
Maintenant qu’il existe une vraie prise de conscience des bénéfices du numérique dans le cadre de chaque activité humaine, il reste à s’interroger sur quel type de numérique nous voulons.
« La tendance va désormais dans le sens d’un numérique frugal, qui consomme peu d’énergie et respecte la planète, rapporte François-Xavier Jeuland. Rien qu’au CES, 10 % des exposants se sont engagés sur cette voie et c’est loin d’être négligeable. On y a vu beaucoup d’appareils autonomes sans batterie, le recyclage de vieux smartphones pour piloter la maison, un pommeau de douche qui assure l’alimentation d’une enceinte connectée ou encore une télécommande fonctionnant à l’énergie solaire. Imaginez : 99 millions de piles économisées sur les sept prochaines années ! » Mieux : un tableau électrique intelligent nouvelle génération a été présenté.
Il embarque un véritable ″energy center″ capable d’arbitrer entre les différents besoins d’énergie (pour le chauffage, la machine à laver le linge, la recharge des véhicules électriques…), en considérant l’énergie disponible, celle qui est par exemple stockée localement ou produite par les cellules photovoltaïques sur le toit. L’énergie devient pilotable à l’échelle du logement et c’est une réelle rupture technologique.
« La massification du numérique à la maison est donc clairement en phase d’accélération, à condition qu’il soit durable, conclut François-Xavier Jeuland. Mais même si les coûts ont diminué drastiquement, cela reste un frein pour beaucoup d’acteurs. Pour leur répondre, je vais paraphraser François Pellegrin, Président d’honneur de l’Union des architectes, qui nous a fait l’honneur de clôturer la convention Smart Home : j’invite ceux qui se demandent quel est le surcoût du Smart Home, à se demander plutôt ce que coûte l’absence de Smart Home ! »
Concernant le financement toujours, le secteur des assurances est celui qui a le plus d’intérêt à équiper les bâtiments avec le numérique pour garantir la sécurité des personnes, la détection des incendies ou des fuites d’eau, l’accompagnement des personnes fragiles ou encore la prévention en matière de santé. Pourrait-il contribuer à inventer un nouveau modèle économique de l’habitat connecté de demain ? C’est une autre piste à explorer.
COMMENTAIRES
Pas de vrai habitat de demain sans un assistant vocal qui ne se borne pas à allumer la télé sur demande orale, mais est assisté lui-même par une intelligence artificielle qui surveille dans notre intérêt tout ce qui se dit à la maison. Ainsi saurons-nous, ainsi que les autorités bienveillantes, que même sans nous en être aperçus nous broyons du noir et sommes en danger de dépression ; ou que des violences physiques et même verbales menacent insidieusement notre foyer alors même que nous nous pensions en bon état psychique. Enfin, n’est-il pas indispensable d’entendre ce qui laisserait présumer une déviance antisociale ?