Des manifestations contre la hausse des tarifs de l'électricité en Arménie
Les manifestations en Arménie contre l’augmentation programmée des tarifs de l’électricité entrent dans leur deuxième semaine. Le pouvoir semble vouloir lâcher un peu de lest même si la volonté du gouvernement arménien est de ne pas revenir globalement sur sa décision. Les manifestants semblent malgré tout décidés à maintenir la pression pour faire annuler cette augmentation.
Le Premier ministre arménien, Hovik Abrahamian, a affirmé qu’il faut d’augmenter de 16 % les tarifs d’électricité à partir du 1er août, ceci afin « d’assurer la sécurité énergétique du pays ». Pour la société qui gère la distribution de l’électricité, les Réseaux d’électricité d’Arménie (ENA), une telle augmentation est due à la grosse dévaluation du dram (monnaie locale), une suspension plus longue que prévue de l’activité de la centrale nucléaire de Metsamor, ainsi qu’à la baisse des niveaux et débit de l’eau des fleuves dans lesquels les centrales hydroélectriques pompent l’eau nécessaire à la production d’électricité.
L’ENA a dû par conséquent acheter d’importants volumes d’électricité produite par les centrales thermiques d’Arménie, plus coûteuse. Pour les protestataires, c’est aussi et surtout une histoire de corruption. En effet, l’ENA est détenue par le groupe russe Inter RAO, donc l’augmentation décidée par le gouvernement arménien profiterait à la compagnie russe. Les manifestants accusent de corruption les dirigeants de la compagnie, qui circulent dans des grosses cylindrées et travaillent dans des bureaux au luxe jugé indécent, et pointent du doigt leur mauvaise gestion.
Les autorités arméniennes ne lâchent rien pour l’instant et ont tenté de calmer les choses en recevant une délégation de plusieurs civils. Le gouvernement tente l’apaisement et l’essoufflement du mouvement. Il vient d’annoncer la prise en charge du surcoût de l’augmentation des tarifs dans l’attente des résultats d’un audit de l’entreprise, qui doit révéler si des violations sont constatées dans le fonctionnement de la société. Il propose une compensation à quelque 105 000 foyers aux revenus modestes.
L’économie arménienne dépend essentiellement de Moscou (23 % des exportations arméniennes) et des mouvements comme le collectif « non au pillage » pensent que ces mesures d’augmentation servent surtout des intérêts russes. De son côté, la Russie s’inquiète de cette situation explosive qu’elle explique par un complot ourdi par Washington. Rappelons que depuis 2014, Moscou est frappé par des sanctions économiques européennes et américaines prises en raison de son rôle présumé dans le conflit ukrainien.
La dernière annonce gouvernementale a été reçue avec joie par les manifestants qui ont commencé à fêter leur victoire, mais le groupe « non au pillage » a annoncé que la manifestation se poursuivra jusqu’à l’annulation finale des tarifs, étant donné que le président arménien Serge Sargsian maintient tout de même dans ses grandes lignes le principe de l’augmentation.
Crédit photo : Adam Jones