Des patrons lancent un signal d’alarme pour « décarboner l’Europe »
Près de 80 patrons d’entreprises ainsi qu’une quarantaine d’autres personnalités ont appelé mardi le futur président français et les Etats européens à se « réveiller » et agir « au plus vite » pour « décarboner l’Europe » afin de « garantir la paix ».
Quinze mois après la signature de l’Accord de Paris sur le climat, ces personnalités du monde économique, académique et politique ont lancé un « appel à se réveiller » en signant un « manifeste pour décarboner l’Europe » d’ici à 2050.
Dans ce texte, ils appellent à « bâtir au plus vite un plan d’actions » à la mesure de l’enjeu du climat, pour « aboutir en 2050 à des émissions de gaz à effet de serre aussi proches que possible de zéro ».
Ils préviennent que » l’accord de Paris sur le climat engage l’Europe à réinventer la totalité de son économie. Tout ou presque reste à faire ».
Parmi ses 1.900 signataires, figurent notamment les patrons d’EDF, Bouygues, Vinci, Michelin, SNCF, ADP, Areva, Vallourec, l’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg et des économistes.
Gauthier Louette, PDG du groupe de services multitechniques aux entreprises Spie, a expliqué avoir signé « parce que j’ai des enfants ».
A l’origine du manifeste, le groupe de réflexion sur la transition énergétique Shift Project estime que « les solutions techniques et organisationnelles sont là » et qu’il ne tient qu’à la volonté des Européens », d' »inventer l’Europe post-carbone ».
Il faut « bousculer » avec une « révolution douce » et cesser de prendre des mesures « anecdotiques » face au défi climatique, a déclaré Jean-Marc Jancovici, président du think tank, au cours d’une conférence de presse.
Pour l’instant, la politique menée par les Etats européens ne permet, selon lui, « en rien d’espérer limiter le réchauffement à 2°C » et donc « ne permet pas de garantir la paix ».
Le problème du réchauffement climatique est « mal traité dans les débats politiques », a-t-il déploré, observant qu' »une seule question sur l’environnement » a été posée aux candidats à l’élection présidentielle lors du débat télévisé de lundi.
Il a jugé « un peu futile de se préoccuper de nos retraites ou de savoir si l’école primaire sera capable de correctement remplir sa fonction », sans s’occuper en même temps des conditions de stabilité et de l’espérance de vie sur Terre.
« Tout ce qui peut faire comprendre qu’on est entré dans cette révolution est important », a souligné la directrice des marques de Michelin, Claire Dorland-Clauzel, en promettant que chacune de ses 69 usines seraient « propres d’ici à 2030 ».
Fin 2015, 195 nations ont adopté l’accord de Paris pour limiter le réchauffement sous le seuil de 2°C par rapport à la Révolution industrielle, et ainsi atténuer un dérèglement généré largement par la combustion des énergies fossiles.
Mais pour les scientifiques, cette limite reste encore très élevée, et les engagements nationaux pris à ce stade insuffisants.
The Shift Project a élaboré, en parallèle du manifeste, neuf propositions, non endossées par les signataires. Parmi elles : fermer toutes les centrales à charbon, généraliser la voiture consommant moins de 2 litres aux 100 km, révolutionner le transport en ville, redonner l’avantage au train, rénover les logements anciens et les bâtiments publics, ou encore réussir le passage à l’agriculture durable.
pan/ef