Du chemin reste à parcourir pour l’Europe de l’Energie
Le 23 février 2015, un rapport remis au Président de la République est venu dresser le bilan de l’Europe de l’Energie, dans un contexte de préparation de la conférence de Paris, de crise ukrainienne et de débat sur la transition énergétique. Quelles conclusions tirer de ce rapport ? Des constats négatifs, principalement, puisque l’Europe de l’Energie n’existe pas et les échanges entre pays membres en matière d’énergie restent principalement centrés sur la question de l’approvisionnement en gaz.
A quoi ressemble l’Europe de l’Energie ? Selon un rapport remis le lundi 23 février au Président de la République, l’Europe de l’Energie est bien loin d’être une réalité. Au fondement de l’Union Européenne pourtant, il y a la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) qui dès les années 1950 avait réuni les Etats d’Europe de l’Ouest autour de cette question stratégique.
Or, aujourd’hui, force est de constater l’échec de l’Europe de l’Energie.
Tout d’abord, les fonds alloués à l’énergie par l’Union Européenne sont largement insuffisants par rapport à l’enjeu : 6 milliards d’euros pour la période 2014-2020, alors que les besoins ont été évalués à 1 100 milliards d’euros d’ici à 2023 par l’UE pour assurer la transition énergétique.
De plus, la majeure partie de ces fonds a été allouée au financement de nouvelles infrastructures gazières. Un choix qui s’explique par la volonté de sécuriser l’approvisionnement en gaz compte-tenu des tensions géopolitiques en Ukraine et par le besoin d’exporter le gaz de l’Ouest vers l’Est de l’Europe.
Une réflexion à court-terme, donc, qui ne s’inscrit pas suffisamment dans une optique de transition énergétique d’après le rédacteur du rapport (Michel Dervedet, secrétaire général d’ERDF). En effet, la transition énergétique induit un recours croissant aux énergies renouvelables et nécessite des investissements importants dans les réseaux électriques, qui seront de plus en plus sollicités et devront être interconnectés à hauteur de 10% d’ici à 2020 dans l’Union Européenne.
L’Europe de l’Energie n’existe donc pas encore, faute de coopération et de coordination entre les Etats membres qui prennent des décisions unilatérales (comme la sortie du nucléaire en Allemagne), mais aussi entre les gestionnaires de réseaux et les industriels du secteur pour accroître la compétitivité européenne. Le rapport appelle notamment à une plus grande convergence des prix de l’énergie dans l’Union Européenne.
Crédit photo : Nasa