Ecocombust : comment donner une seconde vie aux centrales à charbon ?
Depuis 2015 et la ratification de la loi de transition énergétique, la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Pour y parvenir, l’arrêt des centrales à charbon a été acté par le gouvernement.
Mais cette mesure phare, qui était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, questionne à différents niveaux. Malgré un bilan carbone désastreux, les centrales thermiques sont en effet des outils qui permettent d’assurer dans les périodes difficiles (en hiver par exemple) la sécurité d’approvisionnement des Français.
Notamment dans des territoires « électriquement fragiles » comme la Bretagne. C’est cette nécessité de conserver des outils d’équilibrage du réseau qui a amené la création du projet Ecocombust. Explications.
Quel avenir pour les centrales au charbon françaises ?
Depuis novembre dernier, la fermeture des quatre centrales à charbon encore en activité en France est actée de manière ferme et définitive. Si ces installations thermiques ne représentent qu’un faible pourcentage de notre production d’électricité (1,4%), certaines jouent encore un rôle important sur notre territoire.
La centrale de Cordemais, exploitée par l’électricien EDF en bord de Loire, entre Nantes et Saint-Nazaire, a par exemple un rôle primordial dans la sécurité d’approvisionnement de la Bretagne.
Cette région du nord-ouest de la France est en effet un territoire particulièrement fragile en matière d’équilibre réseau : en plus d’être située à l’extrémité du réseau de distribution d’électricité, elle ne dispose pas de grands moyens de production. Une situation parfois compliquée à gérer lors des pics de consommation hivernaux.
C’est la raison pour laquelle la conversion des centrales thermiques en unités de production moins polluantes peut être une solution plus pertinente que leur fermeture pure et simple.
L’idée est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de ces sites tout en continuant à assurer la production d’électricité de manière plus respectueuse de l’environnement. Une solution qui permettrait également de maintenir une activité économique dynamique au sein des régions concernées.
Remplacer le charbon par de la biomasse végétale
C’est dans ce contexte que les ingénieurs et les équipes de Recherche & Développement d’EDF se lancent à la recherche d’idées innovantes pour la conversion des deux centrales thermiques exploitées par le groupe. Rapidement, l’idée de remplacer le charbon polluant par de la biomasse fait son apparition.
« Ecocombust est le fruit d’un travail engagé dès 2015 par les équipes d’EDF afin d’étudier la mise au point d’un nouveau type de combustible à base de biomasse initialement destiné à alimenter ses centrales au charbon », explique l’électricien.
Le projet vise en effet à remplacer le charbon par un combustible alternatif écologique, créé grâce à la valorisation de la biomasse végétale locale (combustible de récupération, déchets verts ligneux non valorisables etc.).
Soucieux de minimiser l’empreinte carbone de cette nouvelle ressource énergétique, EDF prévoit même de fabriquer ses granulés sur place et de lancer une nouvelle filière de valorisation des déchets de bois qui n’ont aujourd’hui pas d’usage.
« Le projet Ecocombust s’inscrit dans l’esprit du Plan climat de juillet 2017, de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) de novembre 2018, qui prévoient l’arrêt de la production d’électricité à base de charbon d’ici 2022 et le développement des ressources de biomasse », précise l’électricien.
Le gouvernement lance un programme de travail
Les avancées technologiques actuelles ne permettent pas à la centrale de Cordemais de se passer totalement de charbon.
La combustion de la biomasse Ecocombust doit en effet s’accompagner, pour des raisons techniques, de la combustion d’une fraction de charbon : en cas de conversion, la centrale de Cordemais utilisera environ 4% des volumes de charbon utilisés actuellement. Ce sont ces 4% qui posent problème : ils se heurtent à la décision du gouvernement de sortir totalement du charbon.
Pourtant, le gouvernement ne balaye pas ce projet de conversion qui pourrait jouer un rôle important pour répondre aux problématiques écologiques et économiques qui caractérisent certaines régions comme la Bretagne.
Dans son communiqué de presse en date du 28 janvier, EDF annonce que le Ministère de la Transition écologique a validé un programme de travail qui permettra de trancher définitivement sur le projet Ecocombust.
« Ce programme de travail doit permettre de qualifier, d’ici à l’automne 2019, les essais techniques, les études d’impact sur l’environnement et le modèle économique du projet. A cette échéance, sous réserve de conclusions satisfaisantes sur les plans technique, économique et environnemental, et après avoir poursuivi les échanges avec l’État et les collectivités, EDF engagera la phase d’industrialisation pour la fabrication du combustible à partir de 2022 ».
Le gouvernement compte également évaluer le rôle de la centrale de Cordemais convertie dans la sécurité d’approvisionnement de la Bretagne en électricité. Des compléments d’analyse ont à ce titre été demandés au gestionnaire du réseau électrique français RTE.
COMMENTAIRES
Compte tenu de la part encore trop importante du charbon dans le monde et des aspects sociaux qui vont avec, il y a des moyens d’en réduire nettement la pollution voire d’exploiter les mines anciennes, y compris de grande profondeur par voie enzymatique, comme les travaux de l’Université du Delaware le démontre. Ca produit du méthane donc réduit nettement la pollution du charbon mais produit du C02.
https://www.udel.edu/udaily/2019/january/termite-gut-microbes-extract-clean-energy-from-coal/
Par contre çà remplace du gaz importé. Le bilan peut être optimal avec les piles à combustible méthane et le C02 peut être capté sous forme solide (comme le démontre entre autres l’Islande) et stocké ou utilisé autrement. En bref çà change notoirement le très mauvais bilan initial du charbon.
Enfin lorsqu’une mine est totalement exploitée, elle peut servir au stockage d’air comprimé, de power to gas, de step etc comme c’est déjà souvent le cas dans plusieurs pays à des coûts compétitifs