Economie verte: des millions d’emplois à la clé, mais pas pour les agriculteurs
Les politiques en faveur d’une « économie verte » pourraient créer près de 40 millions d’emplois dans le monde d’ici à 2030 dans divers secteurs, mais le passage vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement en détruira parallèlement 120 millions, a indiqué l’ONU lundi.
Telles sont les conclusions du rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), une agence spécialisée de l’ONU, qui quantifie les pertes et les créations d’emplois engendrées par la transition vers une économie verte.
« La transition vers une économie verte est urgente et va créer des emplois », a déclaré Catherine Saget, auteur principal du rapport, en conférence de presse.
Mais les conséquences de cette transition ne sont pas les mêmes pour tous.
Dans le secteur agricole, une « agriculture plus respectueuse conduit à une baisse de l’emploi de 120 millions dans le monde », en raison notamment de l’abandon du labour dans les pays en développement, a expliqué Mme Saget.
En Europe, cette agriculture plus respectueuse de l’environnement devrait cependant conduire à une augmentation de l’emploi de 7 millions.
Dans les autres secteurs, l’OIT estime que 6 millions d’emplois peuvent être créés en orientant les pays vers une « économie circulaire », qui intègre des activités comme le recyclage ou encore la réparation ou location de biens.
En outre, « la lutte pour limiter le réchauffement climatique à 2°C », comme le prévoit l’accord de Paris, « créera des emplois », 24 millions, grâce notamment au développement des énergies renouvelables, à l’utilisation accrue de véhicules électriques et à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les bâtiments existants et futurs, assure l’OIT.
Cet accord – dont se sont retirés les Etats-Unis – vise à contenir la hausse de la température moyenne mondiale au-dessous de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Mais les engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pris jusqu’à présent par les Etats signataires conduiraient à un monde à +3°C.
La création de 24 millions d’emplois grâce à la lutte contre le réchauffement climatique permettra de compenser les 6 millions de suppressions d’emplois faites ailleurs, notamment dans les activités à forte intensité de carbone et de ressources.
Ainsi, par exemple, quelque 2,5 millions d’emplois seront créés dans l’électricité générée à partir d’énergies renouvelables, contrebalançant quelque 400.000 emplois perdus dans la production d’électricité basée sur les combustibles fossiles, note le rapport.
Au niveau régional, l’OIT prévoit que la lutte contre le réchauffement climatique entraine des créations nettes d’emplois dans les Amériques (+3 millions), en Asie et Pacifique (+14 millions) et en Europe (+2 millions), grâce aux mesures prises en matière de production et de consommation d’énergie.
L’OIT s’attend en revanche à des pertes nettes d’emploi au Moyen-Orient (-300.000 emplois) et en Afrique (-350.000) « si les tendances actuelles se prolongent, en raison de la dépendance de ces régions à l’égard, respectivement, des énergies fossiles et des mines ».