EDF: de nombreux défis à relever en 2018
EDF, qui a dit vendredi attendre un « rebond » en 2018, doit affronter d’importants défis, du démarrage de l’EPR de Flamanville à la reconquête des clients particuliers.
– Le démarrage de l’EPR de Flamanville
EDF prévoit un démarrage du réacteur EPR de Flamanville (Manche) à la fin du quatrième trimestre 2018 mais c’est « un calendrier tendu », a reconnu son PDG Jean-Bernard Lévy.
C’est aussi l’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui doit donner son feu vert au démarrage.
Depuis le début du chantier fin 2007, le démarrage du réacteur a été plusieurs fois repoussé alors qu’il devait au départ être lancé en 2012.
Pour l’instant, aucun EPR n’est en service dans le monde. En Chine, le réacteur de Taishan 1 – construit par une coentreprise franco-chinoise détenue à 30% par EDF – était attendu au deuxième semestre de 2017 mais doit maintenant être mis en service cette année.
– La fermetures de Fessenheim
Le parc actuel compte 58 réacteurs, dont les deux de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) qui doivent normalement fermer à la fin de l’année, lorsque le combustible sera chargé dans le nouvel EPR de Flamanville.
Au-delà, l’objectif du gouvernement est de ramener la part du nucléaire dans la production électrique d’environ 75% actuellement à 50% d’ici 2030 ou 2035.
La France est actuellement en train d’élaborer sa feuille de route énergétique (la Programmation pluriannuelle de l’énergie, PPE) pour les années 2019-2023 ainsi que des orientations à horizon 2028.
« Dans un an, nous aurons un scénario totalement planifié. Nous serons capables de savoir combien de réacteurs, à quelle échéance et sur quels critères nous allons parvenir à cet objectif », avait promis Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, fin 2017.
EDF, de son côté, ne souhaite pas arrêter d’autre réacteur nucléaire avant 2029.
– Des clients qui partent
« En France, dans un contexte d’intensité concurrentielle croissante, la part de marché sur le segment des clients particuliers est de 85,5% soit une perte nette d’environ un million de clients », indique EDF dans ses résultats annuels 2017.
Alors que le marché des particuliers a été libéralisé il y a dix ans, EDF conserve ainsi une part dominante mais qui s’érode régulièrement, avec près 100.000 clients par mois qui partent vers la concurrence.
Les concurrents sont de plus en plus nombreux: en plus d’Engie et Direct Energie, bien établis, les nouveaux venus affluent, de Total Spring (filiale du géant pétrolier) à de plus petits acteurs.
Les tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité appliqués par EDF à plus de 27 millions de consommateurs en France ont aussi été attaqués en justice par des fournisseurs alternatifs.
Le Conseil d’Etat a déjà ouvert la voie à la suppression des tarifs réglementés du gaz, les jugeant contraires au droit européen, mais avait aussi souligné que le gaz et l’électricité étaient de nature différentes.
– Des scénarios de scission
« Tout est sur la table » pour l’avenir d’EDF, avait lâché Nicolas Hulot dans un entretien au Financial Times en novembre.
Ces propos ont depuis lancé une vague de spéculation sur une possible scission du groupe, avec d’un côté le nucléaire et de l’autre les autres activités, dont les énergies renouvelables.
Un changement d’architecture fait partie des pistes et des « suggestions » sur la table, mais « aucune suggestion n’est privilégiée », a précisé Nicolas Hulot lors de ses voeux en janvier.
La CGT a fait savoir qu’elle « mettrait tout en oeuvre pour décourager les boursicoteurs et conserver EDF dans son caractère entier ».
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