EDF : Henri Proglio plaide pour un allongement de la durée de vie des centrales
Henri Proglio, PDG du groupe EDF s’est exprimé hier face à la commission d’enquête parlementaire sur le nucléaire. Longuement interrogé sur le rendement et la compétitivité du parc nucléaire français, le patron d’EDF a donné sa vision de la transition énergétique entreprise par la France et défendu le rôle que l’énergie nucléaire devra y jouer.
Questionné tout d’abord sur le montant du coût du « grand carénage », le patron d’EDF a réaffirmé la validité des prévisions du groupe, à savoir, un investissement de 55 milliards d’euros afin d’assurer la maintenance et la modernisation du parc nucléaire français d’ici 2025. Sur ce montant, dix milliards d’euros concerneront des investissements de mise aux normes des centrales après la catastrophe de Fukushima, vingt milliards seront alloués à l’amélioration de la sûreté des réacteurs, quinze milliards seront destinés à la maintenance lourde et dix milliards réservés pour des projets patrimoniaux.
Si ce programme semble acté, Henri Proglio a rappelé toutefois que ce vaste plan d’investissements resterait conditionné à la prolongation de la durée de vie des réacteurs jusqu’à 50 ans. Ainsi, alors même qu’une partie des travaux a déjà été entamée, le PDG n’hésite pas à déclarer que « la décision définitive du grand carénage ne sera prise » que si le groupe EDF a « le sentiment que la durée de vie autorisée peut aller jusqu’à 50 ans ». Une autorisation qui dépend de l’Autorité de sûreté nucléaire.
Lors de cet entretien, le président d’EDF a également énoncé les objectifs du groupe en termes de coefficient de disponibilité pour l’année 2014. Légèrement inférieur aux prévisions sur l’année 2013 avec seulement 78 % contre 79,7 % en 2012, ce taux qui permet de mesurer la performance des 58 réacteurs français avait pour objectif d’atteindre les 82 % de moyenne sur la période 2013-2014.
Résultant pour une large part des arrêts liés au programme d’investissements du groupe, M. Proglio rappelle que cette tendance n’est que temporaire et que le fournisseur d’électricité a d’ores et déjà mis en œuvre tous les moyens et les compétences disponibles pour améliorer ce coefficient de disponibilité.
Enfin, si la France a pour ambition de renouveler son mix-énergétique et de diminuer la part de l’énergie nucléaire de 75 % à 50 % à l’horizon 2025, Henri Proglio précise qu’il ne sera pas nécessaire pour cela de fermer des réacteurs existants, au regard de la croissance démographique et de l’augmentation des besoins en énergie. « Nos estimations sont que le parc existant suffirait à peine à remplir 50 % du mix électrique en 2025-2030 » a-t-il ajouté. Le PDG d’EDF s’oppose ainsi au président de la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat), Laurent Michel, qui avait affirmé devant cette même commission la nécessité de fermer vingt réacteurs nucléaires d’ici 2025 pour garantir une part maximum de 50 % dans le mix énergétique.
Thomas Livingston
COMMENTAIRES
Monsieur Proglio essaye, comme toujours, d’enfumer la moquette. Il n’y a plus de croissance de la consommation électrique comme cela a été le cas entre 2000 et 2010. Le taux de disponibilité des centrales nucléaires françaises est le plus bas au monde et ceci surtout par le manque de préparation des interventions ainsi que par les loueurs administratives rencontrées pendant une maintenance.
Fermer des centrales à la technologie vétuste des années 70 (système de conduite locale à base de relais électromécaniques) ne sera que salutaire (disparition des compétences et des pièces de rechange à court et moyen terme) pour éviter des pannes majeures.