EDF presse Londres de trancher sur la présence du chinois CGN dans une centrale nucléaire
L’énergéticien EDF a averti qu’il était « urgent » pour le gouvernement britannique de trancher sur l’avenir du projet de centrale nucléaire Sizewell C, notamment sur la décision d’en exclure ou non le chinois CGN, selon des déclaration au Financial Times.
Le quotidien des affaires avait révélé mercredi que Londres était proche d’un accord avec EDF pour vendre ou mettre en Bourse la part minoritaire du groupe chinois dans ce projet de centrale à 20 milliards de livres, qui pourrait ainsi être proposée à des investisseurs institutionnels.
« Il est vraiment temps » de se demander « +Est-ce qu’on veut le faire ou pas?+, et si on veut le faire, comment? », a déclaré Simone Rossi, patron d’EDF au Royaume-Uni, au Financial Times. « C’est maintenant urgent », a-t-il ajouté, alors qu’EDF doit prendre une décision finale sur cet investissement d’ici fin 2022.
En cause, les 20% de CGN dans le projet de centrale situé dans le Suffolk, sur la côte-est du pays, alors que des médias britanniques écrivaient dès juillet qu’au regard de relations qui se tendaient avec Pékin, Londres souhaitait que des opérateurs chinois ne puissent plus être parties prenantes dans des installations stratégiques.
CGN pourrait aussi être évincé du projet de centrale à Bradwell (sud-est), moins avancé, mais dans lequel il est seul à la manoeuvre et qui doit être équipé de sa propre technologie.
Hinkley Point, porté par EDF et CGN, ne serait pas concerné, puisque le projet est déjà bien engagé. Il s’agit de la seule centrale nucléaire en cours de construction dans le pays et elle devrait être opérationnelle dans quelques années.
Londres, qui fait face à une flambée des prix du gaz, a annoncé lundi vouloir se passer des énergies fossiles dans sa production d’électricité d’ici à 2035, un objectif qui dépend de son secteur nucléaire, qui fournit environ 20% de l’électricité du pays.
Les pouvoirs publics veulent aussi maintenir cette part afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Il y a actuellement 15 réacteurs au Royaume-Uni sur huit sites, mais beaucoup sont en fin de vie.
L’influence de la Chine dans les affaires économiques britanniques est régulièrement dénoncée par des députés conservateurs, un an après la décision du gouvernement d’exclure l’équipementier Huawei du réseau 5G.
Le ministère de l’Energie britannique n’a pas répondu dans l’immédiat aux demandes de commentaires de l’AFP.
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