L’électricité au royaume du Roi lion
L’hydroélectricité est un bon moyen de produire de l’électricité. Respectueux de l’environnement et ne produisant pas de dioxyde de carbone (CO2), il contrarie peu de personnes, sauf celles qui sont expropriées des vallées inondées.
Toutefois, l’hydroélectricité est une excellente énergie à condition d’avoir un relief approprié et beaucoup d’eau toute l’année.
Les défis de l’approvisionnement en électricité en Afrique
L’Afrique est un continent immense (plus de 30 millions de km2). Il est plus vaste que les Etats-Unis (9,8 Mkm2), la Chine (9,6 Mkm2), et l’Europe de l’Ouest (10 Mkm2)… réunis, et c’est le deuxième le plus peuplé (1,2 milliard d’habitants, 16 % de la population de la planète) après l’Asie.
Or, l’Afrique est peu électrifiée (entre 10% et 20% pour certains pays). Quelques-uns utilisent principalement l’énergie hydroélectrique (jusqu’à 100% de leur besoin).
C’est bien pour l’environnement, mais il y a un problème.
Les barrages ne sont remplis que par des précipitations périodiques et certains pays ont tendance à être plutôt secs. Le niveau d’eau des barrages peut alors baisser rapidement lorsque la sécheresse s’installe.
Ainsi, les économies africaines du XXIe siècle ne peuvent plus continuer à être planifiées sur l’énergie hydroélectrique.
D’abord, Mère Nature ne peut être incitée à faire pleuvoir davantage.
Ensuite, tous les sites les moins chers et les plus faciles à exploiter ont déjà été utilisés. En raison de la taille de l’Afrique, chaque nouveau site potentiel devient de plus en plus éloigné des consommateurs.
L’Afrique du Sud est un grand consommateur et exportateur de charbon pour la production d’électricité, mais la plupart des pays africains n’ont pas de charbon, de pétrole ni de gaz naturel.
Comment alors électrifier un pays pour passer de 20% à 75% ou 100% de la population ayant accès à une électricité fiable ?
Un ministre d’une nation africaine enclavée faisait remarquer qu’importer du charbon d’Afrique du Sud dans son pays, nécessitait que les convois de trains traversent quatre frontières différentes. Il a donc déclaré que les importations de charbon étaient hors de question.
Des arguments identiques s’appliqueraient aux importations de pétrole et de gaz par des pipelines ou par des camions citernes. Les risques politiques sont tout simplement trop grands.
Le soleil et le vent ?
Certains optimistes (souvent financièrement intéressés) défendront l’énergie solaire et éolienne.
Une partie de l’Afrique dispose en effet de bonnes conditions d’ensoleillement, mais une partie seulement de la journée, presque rien quand il pleut, ou s’il y a des nuages (surtout en Afrique équatoriale), et rien la nuit (comme partout ailleurs).
Il existe sans aucun doute des applications spécifiques pour l’énergie solaire, dans des zones isolées, mais alimenter un grand réseau national n’est pas encore possible sans de gigantesques stockages à bas coûts encore inexistants.
De plus, pour produire un mégawatt d’énergie solaire (à midi uniquement), il faut une surface de la taille d’un terrain de football (7000 m2). Les inconvénients du vent sont similaires. Le vent est intermittent et saisonnier.
Le contrôle de l’intermittence et de la production aléatoire sur un réseau de distribution d’électricité est un cauchemar permanent pour les gestionnaires d’un réseau électrique.
Les enthousiastes du vent proclament qu’en installant suffisamment d’éoliennes (des dizaines de milliers), le vent soufflera toujours quelque part… mais c’est faux. Sur de vastes zones de plusieurs milliers de kilomètres, les régimes de vent ont tendance à varier ensemble. Un vent faible ou nul sur toute une région est non seulement possible mais probable.
L’avenir de l’Afrique est nucléaire
Le nucléaire présente d’énormes avantages pour l’Afrique. Il s’agit sans aucun doute de la production d’électricité la plus propre, la plus verte et la plus sûre malgré les informations alarmistes des médias alimentés par des antinucléaires patentés.
Un autre avantage majeur de l’énergie nucléaire est qu’elle utilise très peu de combustible qui est stockable pour plusieurs années et même des décennies.
La consommation annuelle totale de combustible d’une centrale nucléaire peut être transportée dans quelques camions, et même par avion, si besoin. Il n’est pas nécessaire de disposer de longues lignes d’approvisionnement pouvant être exposées à des aléas politiques.
Des critiques déclarent que le nucléaire coûte cher.
C’est faux et c’est la Cour des comptes qui l’écrit.
Il faut regarder le cycle de vie total et un réacteur moderne est conçu pour durer 60 ans, et probablement 80 ans. Ce qui est vrai, c’est que l’argent doit être dépensé au début de la construction. Mais les bénéfices sont récoltés au cours des décennies suivantes.
Actuellement, sur la durée, l’électricité d’origine nucléaire est de loin la moins chère dans le monde, à l’exception du charbon et du gaz de schiste… émetteurs de gaz à effet de serre.
Un autre avantage : le prix de l’uranium est presque sans importance puisque peu de combustible nucléaire est utilisée dans une centrale nucléaire. Même si le prix de l’uranium devait doubler, l’incidence sur la facture d’électricité serait faible (0,5%), contrairement à une variation du prix du charbon, du gaz ou du pétrole qui peuvent représenter plus de la moitié du coût de production de l’électricité..
Des réacteurs plus petits ?
Le nucléaire a besoin d’eau pour son refroidissement. Il doit être construit sur un littoral ou sur une grande rivière. Mais la puissance d’une grande centrale est parfois trop importante pour certains pays ou régions.
Il existe actuellement des réacteurs plus petits et modulaires (SMR : Small Modular Reactor) de 100 à 200 mégawatts qui ont besoin de moins d’eau. Ils peuvent donc être construits près du lieu de consommation, ou transporté par bateau dans des lieux reculés, comme en Russie.
Le terme « modulaire » indique qu’il est possible d’ajouter des réacteurs supplémentaires au système initial selon le besoin.
Les pays d’Afrique ont besoin de travailler ensemble pour créer leur réseau électrique et mettre sur pied une industrie nucléaire pour leur développement en général.
Dans l’esprit de la quatrième révolution industrielle, le moment est venu de planifier un réseau nucléaire africain qui diminuera leur dépendance aux énergies fossiles, et une dizaine de pays ont déjà commencé.