Electricité: Berlin prend 20% d’un groupe stratégique face aux ambitions chinoises
Le gouvernement allemand a annoncé vendredi l’acquisition 20% du gestionnaire de réseau de transport d’électricité allemand 50Hertz afin de protéger l’entreprise, jugée stratégique, de l’intérêt d’investisseurs chinois dont les appétits inquiètent toujours plus en Allemagne.
« Le gouvernement allemand a, pour des motifs de politique sécuritaire, un grand intérêt à protéger les infrastructures énergétiques », a indiqué le ministère de l’Economie dans un communiqué.
« C’est pourquoi, il a été décidé que la (banque publique) KFW rachetait, sur ordre du gouvernement, les 20% mis en vente de l’opérateur de réseau 50Hertz », poursuit-il au sujet de l’entreprise qui permet l’approvisionnement en électricité de 18 millions de personnes dans l’est et le nord de l’Allemagne.
Le gouvernement allemand était, selon la presse, à la manoeuvre depuis des mois pour empêcher l’acquisition de cette part par le conglomérat d’Etat chinois SGCC. Le dossier avait été confié au ministre de l’Economie, Peter Altmaier, un proche de la chancelière Angela Merkel.
Berlin se méfie des appétits de Pékin pour des entreprises allemandes et s’est doté il y a un an d’un décret explicitement censé la protéger des ambitions des investisseurs chinois si ceux-ci veulent acquérir plus de 25% d’une entreprise liée aux activités stratégiques du pays (infrastructures, informatique, énergie).
Mais comme la part convoitée dans 50Hertz était inférieur à ce seuil, le gouvernement a décidé de racheter les 20% mis en vente faute de pouvoir bloquer l’opération.
Selon le magazine économique WirtschaftsWoche, Berlin s’apprête aussi à faire usage pour la première fois de son décret pour interdire à des investisseurs chinois de prendre le contrôle d’une entreprise allemande, le fabricant de machines-outils Leifeld Metal Spinning.
L’entreprise basée à Ahlen, qui emploie environ 200 personnes, est spécialisée dans les matériaux de haute résistance utilisés dans l’industrie aérospatiale ou nucléaire.
Ces interventions de l’Etat allemand témoignent de l’inquiétude de Berlin face aux ambitions de Pékin, notamment son projet de « Nouvelles routes de la soie », un colossal plan d’investissements dans les infrastructures, routes et autoroutes européennes.