Électromobilité : la France organise son réseau de bornes de recharge
Le secteur des transports est aujourd’hui responsable de plus d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Face aux enjeux environnementaux, les constructeurs automobiles et les pouvoirs publics se mobilisent pour favoriser l’émergence de voitures à la motorisation plus vertueuse et moins émettrice de gaz. Pour lever un des principaux freins à la démocratisation de l’électromobilité (la peur de la batterie vide), le maillage du territoire en bornes de recharge semble être une des priorités. Toutefois, la croissance du secteur de l’électromobilité a attiré plusieurs constructeurs et tout autant de systèmes de recharge. Pour remédier à ce manque d’harmonisation, le gouvernement français a décidé d’organiser l’interopérabilité d’accès aux bornes de recharge.
La France légifère sur l’interopérabilité des bornes de recharge
Afin de faciliter l’accès du grand public à un vaste réseau de bornes de recharge, le gouvernement français a publié le 13 janvier dernier au Journal Officiel un décret qui définit la standardisation des points de recharge pour véhicules électriques. Ce texte, inspiré de directives européennes, détermine les spécifications techniques et les obligations liées à l’installation et l’exploitation d’infrastructures de recharge dans l’espace public. Ces nouvelles règles visent à faciliter l’interopérabilité du réseau français de bornes de recharge.
Il apparait en effet que dans un marché en pleine croissance, où les acteurs ont tendance à vouloir favoriser leur propre technologie, l’interopérabilité des bornes apparait comme une condition sine-qua-none au déploiement d’un réseau ouvert au plus grand nombre et donc propice au déploiement global de l’électromobilité.
Les collectivités ont profité d’un vaste choix de constructeurs pour constituer leur réseau de recharge, sans forcément se soucier des technologies choisies par la commune voisine. Le scénario est le même pour les opérateurs privés (Auchan, Ikea, Leclerc…) : localiser une borne compatible relève parfois du parcours du combattant. « C’est comme si vous aviez 12 opérateurs télécoms et que vous ne pouviez appeler que les téléphones qui ont le même que vous », regrette un professionnel de la mobilité électrique.
Selon la nouvelle législation, les points de recharge qui seront déployés sur le territoire français doivent désormais respecter certaines caractéristiques techniques. Il s’agit notamment d’harmoniser les connecteurs, les socles de prise et les dispositifs de contrôle qui pilotent la charge ou encore de réguler la puissance et l’intensité de la recharge.
Le décret vise à uniformiser les caractéristique des systèmes de recharge ouverts au public (« dont l’emplacement de stationnement est physiquement accessible au public, y compris moyennant une autorisation ou le paiement d’un droit d’accès ») ainsi que l’intégration de ceux qui souhaitent s’insérer dans un réseau national accessible à tout opérateur « rattaché à un système de voitures partagées et accessible à des tiers, y compris moyennant le paiement du service de la recharge ».
La complémentarité des initiatives publiques et privées
En août 2014, au moment des discussions concernant la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, le gouvernement s’est fixé pour objectif de déployer 7 millions de points de recharge d’ici l’horizon 2030. Aujourd’hui, le territoire hexagonal compte 16.000 bornes, pour un objectif intermédiaire de 45.000 unités d’ici les 3 prochaines années.
L’installation de bornes de recharge bénéficie bien évidemment de plusieurs mécanismes de soutien public. Un dispositif lancé en octobre 2016 dans le cadre du Programme des Investissements d’Avenir (PIA) permet par exemple aux collectivités territoriales de prétendre à une subvention lorsqu’elles s’engagent dans le déploiement de bornes et d’une offre de services pour la recharge de véhicules électriques ou hybrides rechargeables.
Il apparait cependant indispensable que les acteurs privés se mobilisent également afin de permettre la mise en place d’un réseau à maille nationale équilibrée aux quatre coins de l’Hexagone. Les opérateurs privés peuvent notamment intervenir pour combler l’absence d’infrastructures de recharge dans les territoires où ne s’inscrit aucune initiative de collectivité. Il s’agit également de renforcer la présence de points de recharge dans les zones où la présence de véhicules électriques ne cesse de s’intensifier.
C’est dans cette optique là qu’a débuté le partenariat entre la société spécialisée dans le stationnement Indigo et la filiale d’EDF dédiée à l’électromobilité Sodetrel : depuis janvier 2014, les deux partenaires ont en effet favorisé la création de 126 points de recharge dans une trentaine de parcs de stationnement français. « Le nombre de charge mensuelle est passé de 260 en janvier 2014 à 669 en septembre 2016 ».
Fort de ce succès, la filiale d’EDF et la société Indigo ont décidé de renforcer leur action en s’engageant à déployer 300 nouvelles stations de recharge d’ici 2019. Chaque borne comptant 2 prises, ce ne sont pas moins de 600 nouveaux points de recharge qui apparaitront dans le réseau de stationnement Indigo au cours des 3 prochaines années.