Feuille de route énergétique: le secteur du gaz inquiet d’un scénario « tout électrique »
A quelques semaines de la publication par le gouvernement de la feuille de route énergétique de la France à horizon 2028, les acteurs du gaz se sont inquiétés mardi que le texte final ne donne la priorité qu’à l’électricité.
Outre la feuille de route énergétique (PPE), le gouvernement doit également publier sa stratégie nationale bas carbone (SNBC), alors qu’il vise la neutralité carbone pour la France en 2050, c’est-à-dire un équilibre entre émissions de gaz à effet de serre et capacité des écosystèmes à en absorber une partie.
« La façon d’aller à ce scénario zéro carbone est bien loin de faire consensus, et pour certains la voie à emprunter est simple, elle est monolithique et consiste à miser exclusivement sur un vecteur énergétique qui est l’électricité », a regretté la directrice générale d’Engie Isabelle Kocher, lors d’un discours au Congrès du gaz 2018, organisé par l’Association française du gaz (AFG).
« Je ne crois pas à un scénario tout électrique », a-t-elle défendu, alors qu’Engie est le principal acteur du gaz en France, même s’il développe ces dernières années des énergies renouvelables électriques.
« Un scénario tout électrique ne permettra pas de faire face dans de bonnes conditions (…) aux pointes (de froid) en hiver (…) et à beaucoup des usages de l’énergie dans l’industrie », a-t-elle ajouté.
Un peu plus tôt, le président de l’AFG, Patrick Corbin, avait expliqué que ce congrès se déroulait à un moment « particulier », avec « les derniers arbitrages » sur la PPE et la SNBC.
Il a rappelé que l’an dernier, 83 térawattheures de gaz ont été consommés « pour produire de l’électricité et assurer la stabilité de notre système électrique ».
Dans sa contribution au débat public sur la PPE, le secteur français de l’électricité, réuni au sein de l’Union française de l’électricité (UFE), a défendu une « substitution entre énergies », par exemple dans le bâtiment et le transport, afin que l’électricité vienne remplacer les énergies carbonées, en particulier le pétrole et le gaz.
La PPE doit décliner les objectifs de la loi sur la transition énergétique adoptée en 2015, et notamment le recul de 75% à 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025. Mais le gouvernement a repoussé l’atteinte de cet objectif, évoquant un horizon entre 2030 et 2035.
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