Énergie propre ? Énergie verte ? Abus de langage ou réalité ?
Pour les gens interrogés dans la rue par les tv-trottoirs il est clair désormais que les énergies renouvelables sont propres, vertes et représentent l’avenir de l’humanité.
J’ai déjà parlé de la religion qui s’est installée, avec ce que toute idéologie recèle d’intolérance et d’anathèmes.
On a peut-être encore la liberté de penser autrement, mais de moins en moins de l’exprimer. Ceux qui ont la « foi » commencent par essayer de convertir les autres, puis les vouent aux gémonies s’ils ne cèdent pas.
Eh bien, plus je rencontre les gens sur le terrain, moins j’ai envie de me taire, surtout quand on oppose à mes arguments une vérité scientifique unanime, une communauté scientifique unie derrière des dogmes !
Qu’un peuple aussi éduqué que le notre se laisse prendre à l’idée qu’il existe un seul avis chez les hommes de science laisse pantois. Il y a débat, et il y aura toujours débat tant que la science existera, et l’énergie de demain ne reposera pas forcément sur les seuls éléments « gratuits » que sont les vents et le soleil.
Douter de cet avenir conduit les religieux à me ranger dans la catégorie « adversaire de la planète » en se référant à mon passé (assumé) de pétrolier, et c’est finalement simple, il existe un ennemi, le carbone et cela doit être la préoccupation unique orchestrée par les nouveaux prêtres.
En constatant les ravages que cette idéologie est en train de préparer dans les pays non encore développés, je considère qu’il est de mon devoir de tirer la sonnette d’alarme, inutile de faire peur, d’annoncer des cataclysmes dont chacun d’entre nous serait responsable, essayons plutôt de réfléchir autour du vrai concept originel, le développement durable désormais abandonné au profit de la seule « décarbonation » devenue désormais religion à ambition universelle.
Toutes les sources d’énergie méritent d’être développées
Toutes les sources d’énergie méritent d’être développées, la science, les techniques, l’industrie permettent désormais d’expérimenter et de concevoir un avenir diversifié selon les réalités locales ou régionales.
L’esprit de système qui a conduit autrefois à l’unicité, au monopole du charbon, puis du pétrole est derrière nous.
Déjà les pays fortement irrigués se sont dotés de potentiel hydro-électrique conséquent, tandis que d’autres s’orientaient vers l’utilisation de l’énergie nucléaire, et depuis quelques années, les projets de fermes solaires et éoliennes ont connu d’importants développements tandis que les chercheurs travaillent sur l’énergie des mers,( courants, houle…), que l’on investit dans l’utilisation des déchets, la méthanisation…
Ce courant de multiplication des initiatives, de compétition entre les sources est enthousiasmant car il conduira forcément à une transformation profonde de nos sociétés, mais il faut être lucide, pas à son uniformisation n’en déplaise aux adeptes des nouvelles religions.
La physique nucléaire est contestée à cause de la dangerosité de la radioactivité et en particulier des déchets des centrales. Mais celles-ci sont « décarbonées !
Certains pays ont refusé les installations, Autriche ou Italie, par exemple, d’autres veulent la fermeture définitive, l’Allemagne , mais par contre la Russie, la Chine, l’Inde, ne voient pas de solutions à leur électrification sans cet apport et l’ouverture de nouvelles unités.
Les physiciens travaillent à des centrales nouvelles sans déchets et s’interrogent sur les dimensions de demain, au lieu de 1000 à 1500 MW , pourquoi ne pas imaginer des installations de 300 MW plus flexibles et mieux adaptées aux réseaux de demain impliquant des circuits courts de « renouvelables » ?
L’hydraulique est aussi une solution « décarbonée » et elle a atteint son apogée dans nos pays , elle a encore de l’avenir dans les continents du Sud et de l’Est, mais le gigantisme envisagé déplace des populations nombreuses, comme ce qui s’est passé en Chine avec les « trois gorges » et en Ethiopie avec « millénium ».
Des énergies renouvelables propres, oui mais…
Ces solutions sont « vertes » mais pas forcément humaines, peut-on leur appliquer le qualificatif de « propres » ? A chacun sa réponse .
Les énergies éoliennes et solaires sont deux autres filières qui ont pris de l’ampleur depuis dix ans.
Leur fonctionnement est décarboné, pas forcément leurs composants, leur installation, leur maintenance et leur démantèlement.
Leur dépendance aux métaux rares est avérée, la mainmise industrielle de quelques uns , en particulier chinois n’est plus à démontrer, et ces énergies sont intermittentes, elles ont besoin de vent et de soleil pour leurs rendements, et aussi d’un apport stable ailleurs pour satisfaire le client en électricité.
Elles sont remarquables dans les pays à vent régulier et à soleil persistant, leur expérimentation a permis un effondrement des coûts et donc elles sont dans le mix énergétique potentiel pour certains pays à vents ou à soleil (ou les deux ).
Tant que le stockage électrique sera difficile et cher elles n’iront pas plus loin que 20 à 30% du mix, pour des raisons techniques. Reste le contexte économique qui ne les plébiscite pas partout !
Le bilan carbone depuis l’extraction jusqu’à la maintenance reste encore à préciser, comme celui de la dépendance à l’égard d’un pays, la Chine, et de composants aux prix erratiques , les métaux rares, dont on commence à questionner la « propreté » d’extraction et de raffinage.
Les fossiles, charbon, pétrole et gaz continuent à représenter l’essentiel des sources d’énergie mondiales, que ce soit pour la transformation en électricité ou la mobilité, les transports terre, mer et ciel. Ils sont montrés du doigt comme étant les responsables des maux de la planète, supposons que cela soit vrai et regardons comment y remédier.
Pour le charbon élever la température de combustion, filtrer avant la centrale, et après, conduit à des progrès tangibles, tandis que supprimer les poêles individuels a un impact immédiat et performant. On imagine mal les contrées sans électricité et disposant du charbon inventer du soleil et du vent pour satisfaire la planète, il faudra s’y faire.
Pour les autres le gaz est une alternative qui divise par deux les émissions, le gaz est donc plus « propre » que le charbon.
Le pétrole, lui a des usages mobilités et industriels qu’il sera très difficile de lui contester, et c’est aussi la source la moins chère d’hydrogène qui sera sans doute un des combustibles de demain dès que la sécurité et la logistique seront au point.
L’hydrogène viendra à la fois dans des moteurs thermiques et dans des piles à combustibles dont les premiers modèles commencent à sortir.
La cogénération permet au gaz d’être très performant, et les produits de raffinerie de pétrole n’ont pas vocation à entrer dans des centrales électriques, mais plutôt à se concentrer sur la propulsion et l’industrie.
Plus on améliorera les rendements et plus les fossiles seront « propres », et ils ont l’avantage, pour l’instant, de ne pouvoir être concurrencés par les énergies intermittentes, mais d’être des compléments indispensables comme le sont aussi le nucléaire ou l’hydraulique.
Nous vivons donc une période magnifique de transformation du paysage énergétique où nous essayons toutes les solutions, ce qui nous permet de constater leurs caractéristiques et d’en abaisser les coûts.
Un mix énergétique où chaque source a sa place
C’est loin d’être fini, il y a encore la mer, les fleuves, la géothermie, les déchets… et les travaux sur le stockage électrique. Mais il y a la nécessité impérieuse de rester dans le réel, faisabilité technique et industrielle, rendements et courbe potentielle des coûts selon les territoires et leurs nécessités.
S’il apparait qu’un effort doit être fait dans une direction, on peut y concentrer les efforts, mais le monde va vivre avec un mix énergétique où chaque source va trouver sa place et qui se modifiera à mesure que la recherche évoluera.
Je ne suis pas sûr que demain les éoliennes resteront horizontales avec pales, pas plus que je ne pense que les voitures électriques connaitront un développement universel, je suis inconfortable avec le gigantisme proposé pour le futur du nucléaire, mais j’accepte parfaitement l’idée d’avoir tort et suis prêt à en débattre à tout moment.
Je souhaiterais que la religion actuelle qui m’assène tous les jours que les « renouvelables » dans leur forme actuelle sont « la solution » pour sauver le monde prennent un peu de recul et acceptent que l’on peut être d’un avis contraire sans vouloir la fin du genre humain.
COMMENTAIRES
Bonjour, bel article plein de réalisme. Toutefois les ayatollahs de l’Oil&Gaz et leur puissant lobbying est bien connu aussi.
Malgré le coût d’extraction des terres rares etc, à ma connaissance, une installation solaire bien dimensionnée et sans sable de désert à nettoyer ne pollue plus pendant de nombreuses années alors que par exemple une au charbon pollue chaque seconde du début à la fin. Quant au nucléaire, bien, mais il y a toujours LE risque…
Le recyclage des installations solaires reste un problème mais les hommes s’organisent…alors restons optimistes et en attendant choisissons les technologies hybrides !