Énergies renouvelables : l’Allemagne pourrait ralentir
Plusieurs ministres allemands ont laissé entendre que le pays pourrait ralentir sa transition énergétique en faveur des énergies renouvelables. L’importante hausse du prix de l’électricité serait la principale explication de ce revirement de position.
Après la catastrophe nucléaire de Fukushima, l’opinion publique allemande a été bouleversée et les dirigeants politiques ont décidé de prendre de fortes mesures. Tout est allé très vite, en trois semaines, le gouvernement allemand décidait de sortir totalement du nucléaire et d’arrêter définitivement l’ensemble des centrales nucléaires allemandes avant 2022.
La hausse du prix de l’électricité pourrait forcer le gouvernement d’Angela Merkel a revoir ses objectifs à la baisse, comme l’ont sous-entendu plusieurs personnalités proches du pouvoir.
Ainsi, Philip Rösler, ministre de l’économie allemand, a déclaré que les « objectifs et les délais restent les mêmes, mais nous devrons reconsidérer les choses si des emplois ou la compétitivité étaient menacés. » De son côté, le ministre de l’environnement, Peter Altmaier, avouait que « l’objectif de la réduction de la consommation de 10 % d’ici 2020 sera difficile à tenir ».
Cette évolution de position s’explique essentiellement par des projections récentes qui montrent que le prix de l’électricité allemande pourrait grimper de 30% d’ici 2020.
D’une part, la hausse du prix de l’électricité pour les particuliers pourrait être mal acceptée par le peuple, que le gouvernement ne veut pas froisser à un an des élections législatives.
D’autre part, c’est l’ensemble de l’économie nationale qui serait affectée par cette hausse du prix de l’électricité liée à la politique gouvernementale de sortie du nucléaire, qui a impliqué de nombreux investissements et surcouts. L’industrie allemande, forte consommatrice d’électricité, aurait du mal à faire face et à rester concurrentielle si le prix de l’énergie venait à exploser de la sorte.
Si le gouvernement allemand semble prêt à ralentir sa « révolution verte », il continue à affirmer sa volonté de poursuivre dans cette voie là.
COMMENTAIRES
Cet article qui repose de toute évidence sur les analyses de spécialistes allemands de l’énergie me laisse songeur sur plusieurs points :
– les progrès des matériaux utilisés en construction et de nos appareils électroménagers, associés à une prise de conscience du public (grâce ou à cause de la médiatisation du réchauffement climatique) devraient à mon sens rendre réaliste et raisonnable un objectif de réduction de 10% de la consommation énergétique
– certes le prix de l’électricité pourrait être amené à grimper mais on pourrait limiter cette hausse en limitant les profits absolument ahurissants à l’heure actuelle des acteurs de la filière des énergies renouvelables et a-t-on actuellement bien prix en compte dans les tarifs actuels le coût réel du nucléaire ainsi que de la maintenance du parc actuel qui est vieillissant
– doit-on toujours ramener la lutte contre le réchauffement climatique, la protection de la planète et plus globalement les préoccupations écologiques à des histoires de gros sous?
Pour ne citer qu’un exemple et loin de toutes ces polémiques, une installation individuelle de type géothermie ou solaire, couplée à une conception écologique de la construction de manière à limiter les déperditions énergétiques est d’ores et déjà possible … et rentable à une échelle de 10 à 20 ans. Alors, pourquoi n’y a-t-il pas plus de maisons bâties sur ce modèle? La réponse est peut-être politique.